Ca ne sert à rien d’égrener la longue et malheureuse liste de différents meurtres/viols liés au running, comme font tous les médias mainstream, si ce n’est pas pour essayer de comprendre les mécanismes et d’obtenir des enseignements pour la sécurité des femmes dans leur pratique running. Nous voyons donc d’abord la liste, ensuite les conseils.
La liste
Liste des meurtres de joggeuses par ordre chronologique en partant du plus récent.
Alexia octobre 2017. Elle était parti faire un jogging sur les bords de la Saône samedi matin, elle n’était pas revenu. Son corps été retrouvé vers 15h ce jour sous des branchages, calciné, à quelques centaines de mètres de son parcours habituel. Les recherches pour trouver l’assassin se poursuivent actuellement. Lire Disparition d’une joggeuse
Ginette Alvarez 27 octobre 2017, la veille de la disparition d’Alexia. “Gigi”, 57 ans fait son jogging à Beauvois-en-Cambrésis dans le Nord, sur un sentier bien fréquenté, comme elle avait l’habitude de le faire. On retrouve son corps, on pense à un malaise mais on découvre une plaie, l’autopsie expliquera que c’est le fait d’une arme blanche. Aucun indice sur les lieux. L’enquête est en cours.
Catherine Gardère Octobre 2014. Cette femme de 52 ans fait de la marche nordique dans un bois qu’elle fréquente régulièrement, du côté du canal de la Bridoire en Charente-Maritime. Elle est suivie par depuis 2h par un jeune homme de 25 ans, Jérémy Tiberghien qui lui saute dessus, la viole et la tue. Il sera confondu par son ADN. Il est condamné à 30 ans avec 22 ans de sureté.
Gwendoline septembre 2014. Vers 18h, l’assassin, un déséquilibré se trouve dans le parc de la Poudrerie, un grand espace arboré en pleine quartier résidentiel du nord de Paris, il voit passer la jeune femme de 23 ans en train de courir et il la tue de plusieurs coups de couteau de cuisine. Il était connu pour des faits d’exhibition (c’est regrettable qu’il n’ai pas été suivi et soigné). Il prend 25 ans de réclusion criminelle.
Jouda Zammit janvier 2013. A Courbessac vers Nîmes le corps de cette mère de famille de 34 ans est retrouvé vers 17h, dans un bosquet, lardé de coups de cutter, avec des traces d’aggression sexuelles ou tentatives. Pourtant l’endroit est fréquenté par les coureurs. Robert plant, un jeune anglais au profil psychotique, est confondu par son ADN et prend 30 ans de réclusion criminelle
Marie-Jeanne Meyer Juin 2011. Comme à son habitude vers 18h cette lycéenne brillante sort faire son running sur les hauteurs de Tournon sur Rhône, elle croise la route d’un jeune marginal qui l’attire dans son campement de SDF et qui finit par la poignarder dans un accès de rage. Il brulera le corps. Il avoue le crime et sera condamné à 30 ans de réclusion criminelle. Avec les remises de peine cet individu pourrait sortir fin quarantaine..
Patricia Bouchon mars 2011. Patricia part comme à son habitude vers 4h30 du matin courir à Bouloc au nord de Toulouse. Son mari signale sa disparition, 45 jours plus tard son corps est retrouvé, elle a été étranglée. Pourtant pas de viol. On interpelle un suspect, un maçon du coin plutôt instable et violent, mais qui nie les faits et n’a jamais commis de crime sexuel, après plusieurs années d’incarcération, ce dernier va être relâché dans les jours qui viennent en ce courant du mois de novembre 2017.
Natacha Mougel juillet 2010. Alain Pénin, un homme costaud de 110kg, qui a déjà violé brutalement une joggeuse dans le parc de Suresnes et été condamné en 2006 à 10 ans et pourtant libéré à peine 3 ans après, cherche une proie. Il veut un rapport sexuel à tout prix. Il tourne en voiture et dans le bois Phalempin, dans le Nord, il repère Natacha qui court sur la route près du pont au dessus de l’autoroute, un soir de juillet. Il stoppe sa voiture en avant de Natacha, la laisse passer et lui saute dessus par derrière en lui faisant une clé de bras autour du cou. Quasi-imparable compte tenu des 110kg du monstre. Il essaie de la violer contre sa voiture, mais elle se débat tellement qu’il va finir par l’enfermer dans son coffre et l’emmener dans un champ de mais où le viol tourne au drame, frustré de n’avoir sa relation sexuelle il massacre la jeune fille à coup de tournevis. Il sera condamné à perpétuité avec 22 ans de sureté. L’Etat est condamné à 30000 euros par parent de la victime pour avoir libéré trop tôt l’assassin en 2009.
Marie-Christine Hodeau Septembre 2009. Manuel Da Cruz est aussi un serial-violeur, a observé la régularité des sorties running de Marie-Christine 42 ans. Il est sorti de prison après 11 ans de prison suite a un viol sur mineure de 13 ans et il a bien préparé son plan. Il s’arrête en voiture à la hauteur de Marie-Christine, la kidnappe et l’enferme dans le coffre. Marie-Christine parvient à passer un coup de téléphone à la police, s’échappe, mais est rattrappée. Le tueur l’étranglera après le viol, il sera condamné à perpétuité avec 22 ans de sureté.
Caroline Marcel juin 2008. L’assassin n’a toujours pas été retrouvé. La mère de famille part courir près d’un parc à Olivet vers 21h, où les Loirétains étaient nombreux à flâner ce mercredi après-midi, en vélo, à pied et en famille, dans une ambiance de vacances scolaires et d’été indien. Le corps est retrouvé dans la rivière sans vie près du sentier de Saint-Avit le lendemain. La victime a été assommée à la tête par derrière, violée et étranglée. Quand on regarde la situation et la fréquentation du parc, on a du mal à s’imaginer que le crime a pu se dérouler à cet endroit.
Martine Jung Août 2007. Gilles Weiss, 25 ans, est un accroc au viol, issu d’un camp de gens du voyage, tue et probablement viole Martine Jung, 49 ans qui faisait son jogging dans une forêt en Alsace. Plus tard en octobre il viole une autre jeune femme sans la tuer. Identifié, il est confondu par les analyses ADN pour les deux faits, il est condamné à 20 ans. Il devrait sortir en 2027, dans 10 ans… dans la force de l’âge… On espère qu’il aura des soins obligatoires.
Nelly Crémel Juin 2005. Patrick Gateau 39 ans, en liberté conditionnelle suite à une peine de 20 ans pour enlèvement et meurtre d’une femme avec un complice, et Serge Mathey 28 ans, tuent Nelly Crémel 49 ans d’un coup de fusil pour lui voler… un peu d’argent. Mme Crémel se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, elle courait au bord de la route, quand les deux criminels l’ont choisi parce qu’elle portait une banane dans laquelle ils pensaient trouver une carte bleue. Les assassins prennent perpet avec 22 ans de sureté pour l’un 30 ans pour l’autre. Tragiquement le meurtre ressemble au meurtre précédent commis par Gateau.
Les conseils
Que faut-il en conclure ?
Quelles sont les recommandations après analyse de ces faits ? Est-ce que le jogging, la marche nordique, le trail est une pratique dangereuse lorsqu’elle est pratiquée par des femmes ? Est-ce que les criminels sont “attirés” par les femmes qui pratiquent ce sport ? Qu’est-ce qui est commun à tous ces évènements malheureux ? L’environnement ? L’heure ? La tenue de la victime ?
Tout d’abord il ne faut pas minimiser les problèmes de sécurité.
Contrairement à ce que, récemment, une chercheuse déclarait sur une radio publique, qu’il n’y a qu’un seul cas de viol-meurtre sur joggeuse par an en France. C’est un cas de trop dans une situation où il y a des dizaines de milliers de viols/aggressions sexuelles par an en France qui heureusement ne finissent toutes pas par un meurtre. Donc il ne faut pas minimiser le problème. Il ne faut pas tomber dans la paranoïa mais être vigilant, regardez les animaux sauvages ils sont toujours en alerte.
Oui courir seule pour une femme, c’est dangereux.
En partant de l’hypothèse qu’il y a un criminel dans le secteur de la course, il est clair que courir seule pour une femme est nettement dangereux. Cela accroit nettement les risques.
Dans aucun des cas cités, un violeur n’a attaqué plusieurs femmes en même temps.
Donc la première recommandation serait, de ne pas courir seule.
Et peu importe l’heure du jour ou de la nuit, on a vu dans les cas qui précédent que cela survient de 4h30 du matin à 21h le soir.
Le fait qu’il y ait des gens dans le coin qui peuvent repousser l’aggresseur diminue les risques.
Mais pas forcément. Dans le cas du déséquilibré, il agit n’importe comment. Il faut idéalement le repérer en amont et s’en s’écarter.
La route le long de la “forêt”
La route aux abords de la forêt, ou un sentier très près d’une route semble est approprié pour l’agresseur qui tend une embuscade.
Des récidivistes
Le profil des violeurs/assassins sont assez souvent des récidivistes. Ils ont déjà violé et fait une peine, ils sont condamnés à plusieurs années de prison, mais sortent au bout de quelques unes pour bonne conduite, voire sont en liberté conditionnelle. Leur séjour en prison n’a pas réduit leur dangerosité au contraire a affirmé leur “intelligence” criminelle.
Les aggresseurs ont souvent un véhicule pour enlever la personne.
Le but, mais pas toujours, est sexuel, de violer, ces types ont des profils de serial-violeurs,ils sont expérimentés, la femme est un objet sexuel, ce sont d’authentiques psychopathes, le meurtre, généralement efficace, vient ensuite.
Courir près d’un bois où l’assassin peut se garer pour enlèvement accroît les risques.
La “forêt”.
L’intérieur d’une forêt semble moins dangereux. En effet dans les violeurs sont des éléments exogènes à la forêt, ce ne sont pas des randonneurs, des chasseurs, des traileurs, agriculteurs, employés de l’ONF. S’ils sont aux abords ou dans la forêt c’est qu’ils sont venu en voiture ou qu’ils habitent tout près. On aurait tendance à dire que la route le long d’une forêt, ou le sentier dans une forêt près des habitations semi-urbaines pas agricoles sont des zones plus dangereuses, que l’intérieur d’une forêt. D’ailleurs en pleine forêt on distingue l’individu car il ne porte pas une tenue spécialisée, il est en simple tenue de ville. Donc on peut l’identifier plus facilement et s’en méfier.
Mais tout ceci sont des suppositions à ne pas prendre au pied de la lettre bien sûr.
Parfois l’assassin repère les habitudes de la joggeuse.
Il faut donc varier ses habitudes.
C’est un point important. Il ne faut pas être régulier dans le choix de l’heure et du parcours.
Courir avec un chien peut compliquer les plans de l’aggresseur.
Avoir un spray, un sifflet, un objet pour vous protéger (attention toute arme peut être retournée contre soi par l’adversaire) tout ce qui peut compliquer le criminel dans son action peut aider.
Courir à deux, éloigne quasi-complétement le risque d’attaque. L’aggresseur en général attaque seul et est incapable même fort d’immobiliser deux personnes à la fois.
En cas d’approche suspecte, il faut savoir démarrer au quart de tour pour piquer un sprint et ne pas se laisser attapper, et tant pis pour le ridicule : le monsieur demandait peut-être son chemin.
Si l’homme fait une saisie, attrappe au bras, c’est le plus facile pour lui, il faut idéalement faire des efforts explosifs pour tenter de se dégager par des mouvements de dégagement et des coups type Krav Maga (coups aux parties, aux yeux etc…), dans ce type de situation c’est à la mort à la vie, il faut y aller à fond et avoir une volonté de “sécher” l’adversaire pour se donner une chance de survie.
Mais dans quelques cas, on voit bien que le kidnappeur a tué parce qu’il n’avait pas tenu sa relation sexuelle. Il est impossible de conseiller de se soumettre plutôt que se débattre. Il faut juger sur le moment ses chances de survie. Rien ne garantit qu’en se laissant faire le violeur ne tuera pas, ni inversement.
Apriori dans les premières secondes il faut défendre chèrement sa peau. Il ne faut pas “freezer”, être complètement figé par l’aggression et donner du coup tout loisirs à l’aggresseur. Mais si on se débat il faut dans les premières secondes faire son maximum. Dans tous les cas dites vous que vous êtes en légitime défense, ne retenez pas vos coups et dégagez-vous pour fuir le plus rapidement possible. Tapez, griffez, mordez faites tout ce que vous pouvez pour que l’aggresseur lâche prise.
Les types savent attrapper, kidnapper, pour violer et tuer, ce sont de vrais prédateurs donc il faut fuir à tout prix sans hésiter. Les situations d’aggressions durent quelques secondes il faut donc rester hyper-lucide.
Il vaut mieux courir dans une ville ou des endroits où il y a du monde que le long d’une route isolée, où vous devenez le produit sur l’étal du supermarché. Méfiez vous d’une voiture qui se poste à l’avant de votre parcours et qu’un homme en sort, c’est une situation de kidnapping identifiée. Eloignez vous ou rebroussez chemin.
Votre apparence.
Il n’y a pas de règles mais… ne pas porter une banane qui pourrait faire croire qu’elle contient des “richesses”. Cacher les cheveux avec un buff est moins sexy que le lâcher de cheveux (surtout si vous êtes blonde, la blonde est symbole de femme soumise a plus de valeur pour le prédateur sexuel, mais cacher les cheveux bruns ou blonds ne garantit rien non plus…). Evitez le maquillage, ne vous rendez pas plus belle que vous ne l’êtes déjà. Le short moulant, tout ce qui est sexy évidemment mais on va pas vous demander de courir en sac poubelle non plus… Et de toute façon ça n’empêche rien.
Il faut rester lucide durant sa course pour savoir évaluer la dangerosité d’une situation. Il faut savoir anticiper : un homme près d’une voiture sur la route en avant de votre parcours est peut-être en embuscade, rebroussez chemin ou accélérez en quelques mètres et foncez vers là où il y a des gens.
Courir en club permet de courir en groupe et donc en sécurité. C’est un argument que devrait développer les clubs d’athlétisme, trail ou marche nordique.
Bref c’est vraiment galère d’être une femme et de ne pouvoir courir en sécurité. Restez vigilante, courez là où il y a du monde, et à plusieurs c’est mieux.
Il y aurait ce chiffre monstrueux de 75000 viols par an en France (source “La France Orange Mécanique”, Laurent Obertone) soit 200 viols/aggressions sexuelles par jour !! Heureusement ils n’aboutissent pas tous à un meurtre. Quand à savoir si la prostitution légale pourrait réduire les viols, le débat demeure entre abolitionnistes et réglementaristes.
Exemple typique d’une tentative de viol en septembre 2016 à Lyon :
A hauteur du pont Raymond-Barre, aux environs de 7H00 du matin, une jeune femme faisait tranquillement son jogging sur les berges du Rhône lorsqu’elle a été abordée par un inconnu.
Ce dernier, sous l’emprise de l’alcool et de drogue, lui a proposé une relation sexuelle.
La joggeuse a refusé poliment et a tenté de reprendre sa course. Mais l’homme, âgé de 48 ans, s’est jeté sur elle et a commencé à lui peloter la poitrine et le sexe.
Des passants, témoins de la scène, se sont battus avec l’agresseur et sont parvenus à le maîtriser.
Analyse
Les erreurs de la jeune femme :
1/ Répondre. Ne répondez jamais. Ne laissez aucune prise. Ignorez, ne parlez pas. Baissez légèrement les yeux tout en gardant un champ de vision.
2/ Elle s’est laissée coincer, il fallait s’écarter immédiatement d’un minimum de 2m et accélérer pour sortir de la zone de danger.
Pour pouvoir se jeter sur la jeune femme, l’homme a du la coincer. Elle a du donc ralentir pour répondre, sans doute regarder l’homme dans les yeux.
Ne regardez pas jamais dans les yeux l’adversaire, il veut vous dominer et croiser votre regard est déjà le début du viol pour lui, mais à hauteur de sa poitrine, vous cachez votre regard tout en maintenant un champ de vision large pour voir les gestes à venir (ses mouvements de bras / mains).
Conclusion:
C’est bien dans les première secondes qu’il faut réagir et le premier objectif est d’abord de fuir pour sortir de la zone d’aggression