Derrière les performances stratosphériques de l’édition 2025 de la Western States se cache une réalité de plus en plus prégnante dans le monde du trail : la bataille des équipements.
Loin d’être anodines, les chaussures portées par les meilleurs ont incarné une nouvelle ère de sophistication. Entre prototypes non commercialisés et innovations déjà accessibles, cette course a servi de laboratoire grandeur nature. Voici ce que portaient les meilleurs coureurs et coureuses ce jour-là.
Nike Ultrafly 2 : Caleb Olson et la vitesse sous contrôle
Vainqueur incontesté de l’épreuve, l’Américain Caleb Olson a surpris les observateurs avec une version méconnaissable des Nike Ultrafly 2. Le modèle qu’il portait affichait une semelle inédite, combinant mousse ZoomX et semelle extérieure Vibram. Ce mariage rare entre technologie route et accroche trail suggère une approche hybride, pensée pour l’endurance extrême et les terrains changeants de la Western States.
Nike, longtemps en retrait sur les longues distances en trail, semble bien décidé à revenir dans la course. Ce prototype, encore introuvable dans le commerce, pourrait bien ouvrir la voie à une nouvelle génération de modèles plus robustes, plus dynamiques, et plus performants.
Brooks Cascadia Elite : Chris Meyers dévoile l’arme secrète de la marque
En terminant deuxième, Chris Meyers a propulsé un modèle jusqu’ici inconnu sous les projecteurs : la Brooks Cascadia Elite. Moins maximaliste que la Caldera, cette chaussure semble pensée pour conjuguer performance et agilité. Avec un amorti ferme mais réactif, Brooks joue la carte de l’équilibre, entre protection et précision.
Ce lancement non annoncé indique une stratégie offensive de la marque, qui cherche visiblement à rattraper son retard sur le segment haut de gamme. La Western States offrait une tribune rêvée pour présenter cette nouveauté.
Kilian Jornet et la Kjerag 2 : minimalisme et efficacité
Le podium n’aurait pas été complet sans Kilian Jornet. Fidèle à sa marque NNormal, il a couru avec une nouvelle version de la Kjerag, dotée d’une semelle fine (26 mm à l’arrière, 20 à l’avant), bien en dessous des standards actuels. Loin des super chaussures dopées aux mousses ultra épaisses, Jornet défend une approche plus brute, où la technique et la gestion de course priment sur le rebond artificiel.
Son modèle embarque néanmoins une mousse TPE supercritique, preuve que même les minimalistes s’ouvrent à la haute technologie… à condition qu’elle ne bride pas les sensations.
Les traileuses aussi en pointe technologique
Chez les féminines, le niveau d’équipement était tout aussi impressionnant. Abby Hall a dominé la course avec les Adidas Terrex Agravic Speed Ultra, des chaussures directement inspirées des modèles route d’élite. Leur mousse Lightstrike Pro, légère et nerveuse, permet de tenir des allures élevées tout en absorbant les impacts d’un parcours long et cassant.
De son côté, Marianne Hogan a opté pour les nouvelles Salomon S/Lab Pulsar 4, sobres mais efficaces, très légères et pensées pour la relance. Là encore, l’idée est claire : aller vite, longtemps, sans s’écraser dans les descentes.
Fu-Zhao Xiang : un changement stratégique en pleine course
Deuxième femme à l’arrivée, la Chinoise Fu-Zhao Xiang a innové à sa manière : en changeant de chaussures en cours d’épreuve. Après avoir commencé avec des Hoka Mafate X, elle a basculé sur les Rocket X Trail à mi-course, une paire équipée d’une mousse A-TPU en développement. Ce switch parfaitement maîtrisé souligne l’évolution du trail : on ne choisit plus une paire pour 100 miles, mais deux pour optimiser chaque section.
Vers une nouvelle norme : les super-chaussures arrivent en trail
La Western States 2025 actait ce que beaucoup pressentaient : l’arrivée en force des « super chaussures » dans l’univers trail. Mousses PEBA, plaques carbone, semelles segmentées… les technologies venues de la route colonisent peu à peu les sentiers. L’objectif n’est plus seulement de tenir la distance, mais de la dominer avec le meilleur rendement possible.
Contrairement aux années précédentes, la majorité de ces innovations ne sont plus réservées aux élites sponsorisées. Les versions commerciales des modèles utilisés par Olson, Hall ou Meyers seront bientôt disponibles, à condition d’avoir le portefeuille bien accroché.
Entre performance et conscience environnementale
Mais cette évolution soulève des questions. Ces produits très techniques, faits de matériaux rares et composites, sont-ils compatibles avec l’éthique écologique du trail ? Les marques devront vite répondre à cette contradiction, sous peine d’essuyer un retour de bâton.
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