En quelques mois, Clément Deffrenne s’est imposé comme une figure iconique d’un trail en pleine mutation, entre performance, communication et économie de l’attention. Retour sur un phénomène aussi viral que révélateur.
Clément Deffrenne, alias “clemquicourt”, ne revendique ni record du monde, ni palmarès démesuré. Pourtant, il est devenu l’un des coureurs d’ultra-trail les plus suivis de France. Sur Instagram et YouTube, ses vidéos à la fois sincères, drôles et spectaculaires captivent des dizaines de milliers de fans. Son ton décalé, son autodérision assumée, sa capacité à raconter l’effort sans le sacraliser lui ont permis de bâtir une communauté fidèle.
Il ne vend pas du rêve, il vend du vrai. Et c’est précisément ce qui le rend bankable.
Coureur solide — 4e sur des formats de 200 kilomètres, 23e à la Diagonale des Fous —, il incarne une génération qui ne dissocie plus performance et narration. Une génération qui n’a pas peur de mettre en scène son effort, sans pour autant trahir son authenticité. Comme en témoigne ce post sur notre groupe, symbole de cet engouement, ses tee-shirts floqués “clemquicourt” s’arrachent… jusqu’à 120 euros sur Vinted.

Un tee-shirt collector qui fait exploser les compteurs
À Chamonix, en marge de l’UTMB 2025, un tee-shirt rose fluo aux logos “clemquicourt” et “Bouzin” a déclenché un mini séisme sur les réseaux sociaux. Proposé initialement autour de 30 à 35 euros, ce modèle a été aperçu dès les jours suivants à la revente pour 120 euros — soit une plus-value de 243 %.
Ce n’est ni un produit officiel UTMB, ni un équipement de performance. Il s’agit d’un objet créé par Deffrenne avec l’appui de son sponsor Brooks, qui résume en quelques grammes de coton tout un univers : ton ironique, graphisme pop, esprit communautaire.
Très vite, les réseaux s’enflamment. Une simple publication mentionnant le prix de revente génère des tas de commentaires. Certains crient au scandale, d’autres parlent de “collector”. La fracture est nette : entre les défenseurs d’un trail authentique et les observateurs lucides d’une professionnalisation inévitable.
Un micro-marché parallèle… mais révélateur
Le phénomène clemquicourt dépasse le simple engouement vestimentaire. Il matérialise l’émergence d’un marché secondaire dans l’univers du trail, jusque-là relativement épargné par la spéculation. Car si l’on connaissait déjà les ventes de vestes de finisher ou de médailles UTMB sur des sites comme Le Bon Coin, c’est la première fois qu’un produit non officiel, sans valeur sportive directe, prend une telle ampleur médiatique… et spéculative.
Dans un contexte où l’économie de l’attention devient un levier aussi puissant que la performance, ce tee-shirt devient un actif immatériel à forte valeur symbolique. Son prix n’est pas indexé sur sa qualité textile, mais sur ce qu’il représente : une appartenance, une posture, un clin d’œil entre initiés.
Autrement dit, ce n’est plus un vêtement. C’est un badge social.
243 % de revalorisation : du jamais vu dans le trail
En passant de 35 euros à 120 euros sur Vinted, ce tee-shirt connaît une valorisation digne des sneakers en édition limitée ou des objets pop culture issus de l’univers du gaming ou du rap. Pour un produit dérivé issu d’une figure du trail, c’est une première.
Trois leviers expliquent cette flambée :
- rareté perçue : édition limitée, introuvable hors UTMB ;
- notoriété croissante : Clément Deffrenne est dans une phase d’hypercroissance médiatique ;
- engagement communautaire : ses followers ne sont pas de simples spectateurs, mais des fans actifs.
Autant d’éléments qui en font une “valeur” à suivre, dans tous les sens du terme.
Un cas d’école pour un sport en transition
Si le trail a longtemps cultivé une image de pureté, loin des projecteurs et des logiques de marché, l’évolution récente montre une réalité plus complexe. Avec l’arrivée de profils comme clemquicourt, qui cumulent storytelling, sincérité et sens du timing digital, le sport nature entre dans une nouvelle ère : celle où la visibilité vaut autant que la vitesse.
Ce phénomène n’est ni à applaudir ni à condamner. Il est à observer. Car il marque une transition : d’un sport confidentiel vers une discipline en voie de professionnalisation accélérée, où la frontière entre passion et business devient plus poreuse.
Le tee-shirt “clemquicourt” vendu 120 euros n’est pas une anecdote. C’est le symptôme d’un changement de paradigme. Il montre que, dans le trail aussi, l’image peut créer de la valeur. Il prouve qu’un coureur peut fédérer sans tricher, simplement en parlant vrai. Et il dit surtout que le trail est en train de devenir un écosystème complet, où l’économie, la culture et le sport ne font plus qu’un.
Clément Deffrenne n’a pas gagné l’UTMB. Mais il a déjà gagné autre chose : la reconnaissance d’un public qui le voit comme une rockstar. Une rockstar saine. Sans paillettes, sans bullshit, mais avec du cœur, de l’humour et de la sueur.
La revente de son tee-shirt est bien plus qu’un fait divers numérique : c’est le symbole de sa réussite. Clemquicourt a accompli quelque chose de rare dans le monde du trail : nous faire aimer un “influenceur”. Ou plutôt, quelqu’un qu’on appelle ainsi par commodité, mais qui ne colle pas du tout à l’étiquette. Il ne revendique rien, il partage. Il ne surjoue pas, il raconte. Il s’amuse, et il nous amuse. Il est à la croisée des chemins entre le créateur de contenu, le coureur engagé et, disons-le, l’humoriste.
Clément Deffrenne, c’est un peu le stand-uppeur du trail. Il casse les codes sans les mépriser. Il fait rire sans jamais se moquer des autres. Il parle vrai. Et ça touche bien au-delà des seuls coureurs. Ça parle à une génération entière.
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