À compter du 1ᵉʳ janvier 2026, le Parcours Prévention Santé (PPS), obligatoire pour participer à une course en France lorsqu’on n’est pas licencié, ne sera plus gratuit.
Lancé en 2024 pour remplacer le certificat médical, ce dispositif va désormais coûter 5 euros par an. Une décision qui suscite un vif débat parmi les coureurs, notamment dans le monde du trail, où l’engagement amateur repose encore largement sur la liberté d’accès et la responsabilisation individuelle.
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Le PPS, c’est un simple clic devenu passage obligé
Le PPS, c’est ce questionnaire de prévention que tout non-licencié doit remplir pour s’inscrire à une course officielle en France. Introduit à la rentrée 2024, il avait séduit par sa simplicité : quelques vidéos à visionner, une auto-attestation à valider, et le tour était joué. Exit les certificats médicaux parfois difficiles à obtenir et souvent falsifiés. Le système semblait tenir la route : moins de paperasse, moins de fraude, plus d’autonomie.
Mais la Fédération Française d’Athlétisme (FFA), qui chapeaute le dispositif, a décidé de faire évoluer les règles. Dès janvier 2026, le PPS coûtera 5 euros par an. Il deviendra aussi valable 12 mois (contre 3 actuellement), et s’accompagnera de contenus enrichis sur la santé, la nutrition ou le sommeil.
5 euros, une petite somme… un gros symbole
Sur le papier, 5 euros, ce n’est pas grand-chose. Surtout quand on sait que bon nombre de courses affichent des dossards à 70, 100 voire 200 euros. Mais dans les faits, ce tarif symbolique agit comme un révélateur : il cristallise un ras-le-bol face à la multiplication des contraintes pour faire ce qui, à la base, est un sport libre.
Les critiques les plus virulentes évoquent un « racket », une « taxe déguisée », voire un « marché captif » pour renflouer les caisses d’une FFA déficitaire. D’autant plus que le PPS devient désormais la seule voie valable pour s’aligner sur une course, le certificat médical étant définitivement écarté — y compris pour les titulaires d’autres licences sportives comme le triathlon.
Un système pensé pour simplifier… devenu irritant ?
L’objectif initial du PPS était pourtant de soulager tout le monde : les médecins surchargés, les organisateurs noyés sous les justificatifs, et les coureurs agacés par la visite annuelle. Sur ce point, le bilan reste globalement positif : plus de fluidité dans les inscriptions, moins de fraudes, davantage de participation étrangère, notamment sur les grands trails.
Mais cette efficacité administrative a un prix : elle impose une logique unique, standardisée, qui ne tient pas toujours compte des réalités de terrain. Les clubs craignent une baisse des inscriptions chez les amateurs non affiliés. Et certaines petites organisations redoutent que des coureurs renoncent à s’engager pour éviter d’ajouter un énième surcoût à leur budget sportif.
Et côté santé, est-on vraiment gagnant ?
Le plus grand flou reste sans doute d’ordre médical. Le PPS vise à responsabiliser les coureurs via une série de rappels pédagogiques sur les risques (prise de médicaments, hydratation, coup de chaleur…). Mais il ne remplace pas un vrai examen. Et c’est bien là que le bât blesse pour les médecins.
Plusieurs cardiologues, dont le professeur François Carré, alertent : un certificat médical sans électrocardiogramme ne permet de détecter que 15 % des pathologies graves. Avec un ECG, on monte à 85 %. Le PPS, lui, repose sur l’auto-évaluation — sans vérification, sans contact avec un professionnel, sans aucun dépistage. Alors, peut-on encore parler de prévention ?
Les accidents récents survenus en trail et en course sur route (notamment à Nice-Cannes, Saint-Brieuc ou dans le Loiret) rappellent que l’engagement physique en compétition n’est pas anodin. La mort de jeunes athlètes en pleine course interroge sur les limites d’un système 100 % numérique.
Le trail au cœur des tensions
Dans le milieu du trail, où l’autonomie et l’esprit libre priment, la mesure passe encore moins bien. L’idée de devoir « payer pour valider un questionnaire en ligne » heurte une communauté déjà agacée par la hausse des prix des dossards, la multiplication des certificats à produire pour les ultras internationaux, et la standardisation des démarches. Certains prédisent un retour du « off », des courses sauvages, ou une fuite vers des pays frontaliers plus souples.
Des traileurs, notamment expérimentés, affirment préférer courir sans dossard plutôt que de participer à cette « ubérisation sanitaire » du sport amateur. D’autres dénoncent une logique de gestion qui nie la diversité des pratiques — entre trail urbain de 10 km et ultra de 160 km, le niveau de risque n’est pas le même, mais le PPS est le même pour tous.
Le vrai sujet n’est peut-être pas le montant actuel, mais ce qu’il annonce. Car une fois la logique du paiement acceptée, rien n’empêche une future hausse des tarifs. Le risque est réel : 10 euros dans deux ans, 20 euros à l’horizon 2030 ? La FFA n’a pas communiqué de garanties sur un plafonnement du prix, ni sur la destination précise des sommes récoltées.
Pour certains coureurs, c’est le retour à un modèle qu’on croyait révolu : la course à pied comme produit de consommation, où chaque étape du parcours — entraînement, équipement, dossard, certificat — devient monétisée.
En résumé, le PPS payant est un passage en force assumé
Malgré les critiques, la Fédération Française d’Athlétisme campe sur sa position. Pour elle, ce changement est un progrès : simplification, prévention, accessibilité, équité. Et elle entend bien faire du nouveau PPS un outil central de son action publique, avec l’appui d’athlètes ambassadeurs et de contenus pédagogiques renforcés.
Reste à voir si les coureurs suivront. Si certains acceptent les 5 euros comme une formalité, d’autres y voient une rupture de confiance. Et une partie du peloton semble prête à décrocher. À l’heure où le trail se cherche entre explosion de popularité et retour aux valeurs fondamentales, le PPS payant pourrait bien devenir un point de bascule.
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