À peine notre article factuel publié sur la série de décès récents de jeunes coureurs que fleurissent, dans les commentaires, des accusations complotistes : s’il y a autant de morts, ça serait à cause du vaccin anti-covid. Ces réactions, bien que prévisibles dans le contexte actuel, reposent sur des raisonnements biaisés, des amalgames, et une méconnaissance du sport d’endurance tel qu’il est pratiqué aujourd’hui. Voici pourquoi ces affirmations n’ont rien de sérieux.
vaccin décès sport
vaccin décès sport
Certains commentaires avancent, sans la moindre preuve, que les décès récents de jeunes coureurs seraient liés à la vaccination contre le Covid-19.
À l’appui ? Aucun élément médical, aucun rapport d’autopsie, juste une juxtaposition de faits : une injection un jour, un décès des mois ou années plus tard. Ce raccourci grossier ignore toute rigueur scientifique et fait fi des nombreuses études menées depuis 2021 sur la sécurité vaccinale.
D’un point de vue purement factuel, aucun des cas évoqués dans notre article n’a été relié à la vaccination par un médecin, une autopsie ou une autorité sanitaire.
Plusieurs décès ont eu lieu lors ou juste après des efforts intenses (semi-marathon, ultra-trail, entraînement), et s’expliquent bien plus probablement par les risques réels et documentés du sport d’endurance extrême : troubles du rythme cardiaque, infarctus d’effort, déshydratation sévère, ou pathologies non diagnostiquées.
Il est essentiel de rappeler que lorsqu’un cœur est prédisposé à une arythmie ou une malformation congénitale, l’effort prolongé, le stress, ou la chaleur peuvent suffire à déclencher un arrêt cardiaque.
vaccin décès sport
Ces risques sont connus de longue date, bien avant l’arrivée du Covid. Déjà en 2016, une étude française rapportait environ 1 décès tous les 100 000 participants à un marathon – chiffre stable depuis plus de vingt ans.
Voici les sources solides concernant le risque de mort subite ou d’arrêt cardiaque chez les coureurs, pour appuyer l’argument :
Une vaste étude française, le registre RACE PARIS couvrant 1 073 722 participants à des courses longue distance (marathons, semi-marathons, etc.) entre 2006 et 2016, a rapporté une incidence globale d’événements cardiaques graves à 3,35 pour 100 000 participants, dont 1,67 arrêts cardiaques pour 100 000. Le taux de décès suite à ces arrêts était extrêmement bas, à 0,19 pour 100 000
– https://www.lequotidiendumedecin.fr/loisirs/peu-darrets-cardiaques-au-cours-des-marathons
– https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34021577/En complément, une revue médicale internationale menée en 2016 indiquait que le risque de mort subite liée au marathon se situait entre 0,6 et 1,9 décès pour 100 000 participants, selon les études analysées
– https://en.wikipedia.org/wiki/Marathon
Plusieurs experts alertent aussi sur un autre facteur : la manière dont le sport est pratiqué aujourd’hui.
Loin de l’image apaisée de la course santé, le running moderne est devenu compétitif, chronométré, obsédé par la performance. On enchaîne les dossards, on veut battre ses records, on s’entraîne parfois au-delà de ses capacités de récupération. À cela s’ajoute un tabou : le dopage amateur et élite, souvent discret mais réel, dans les pelotons, via des stimulants, des anti-inflammatoires puissants, voire des produits interdits. Ces substances, mal maîtrisées, peuvent avoir des effets cardiovasculaires graves.
Enfin, certains reprochent au gouvernement français d’avoir remplacé les certificats médicaux par des « PPS » (parcours de prévention santé).
C’est vrai, mais cette réforme n’a pas supprimé le suivi médical, elle vise à responsabiliser les coureurs et à renforcer la sensibilisation. Rien n’interdit de consulter un cardiologue ou de passer un test à l’effort – et c’est même vivement conseillé pour tout coureur au-delà de 35 ans.
Accuser les vaccins, sans preuve, revient à détourner l’attention des vrais sujets : le rapport parfois excessif que nous entretenons avec la performance, l’absence de suivi médical sérieux chez les amateurs, et le déni autour du dopage récréatif. Ce n’est pas en pointant un prétendu complot que l’on protégera les coureurs. C’est en regardant la réalité en face : faire du sport, c’est bon pour la santé… à condition de ne pas le pratiquer contre elle.
Lire aussi
- Covid-19 : citron, soda, bière… ces stratagèmes des traileurs pour obtenir un autotest positif et leur dossard
- vaccin décès sport
- Mathieu Blanchard face aux critiques après une vidéo avec Runix
- Trail : nos élites sont vieilles, on veut de la chair fraiche
- Haute-Savoie, sommet de la Tournette : deux morts sur un sentier de trail, la neige de printemps en cause
- Masque courir : Salomon vient au secours des sportifs
-
Cet article repose sur des faits vérifiés et des études scientifiques reconnues à ce jour. Il ne prétend pas établir de vérité absolue mais vise à informer avec rigueur, dans un contexte marqué par la circulation de nombreuses rumeurs. Toute interprétation erronée ou utilisation détournée de ce contenu engage uniquement son auteur ou son diffuseur.
-
image générée par IA