Dans une longue enquête publiée le 27 juin, le magazine L’Équipe défend une idée forte : le dopage serait aujourd’hui plus problématique dans le trail américain qu’en France, et l’AFLD mènerait une lutte exemplaire sur notre territoire. Deux jours plus tard, de notre côté, nous avons proposé un éclairage différent, à partir de ce que nous avons pu observer en suivant la Western States, où le protocole antidopage nous a semblé particulièrement rigoureux. Suite à notre article, l’AFLD a souhaité nous apporter des éléments complémentaires via un droit de réponse que nous publierons dès que possible. Nous en avons d’ailleurs profité pour leur poser un certain nombre de questions*.
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Ce que dit L’Équipe sur le dopage : une France vigilante, un trail US plus inquiétant
L’article de L’Équipe, intitulé « Si je n’en prends pas, je ne serai pas finisher », met en lumière la banalisation des anti-inflammatoires (AINS) dans le trail français. Bien que ces produits soient légaux, leur usage massif pose des questions sanitaires et éthiques. Le papier insiste néanmoins sur un point : la France ferait figure de bon élève dans la lutte antidopage, avec des efforts notables de l’AFLD et une volonté de structurer un cadre de suivi longitudinal. L’Amérique, en revanche, serait montrée du doigt pour son système débridé, où certains AINS sont même proposés sur les ravitaillements.
Ce que nous avons observé à la Western States 100 allait à contre-courant de cette vision. Le vainqueur Caleb Olson a été immédiatement soumis à un contrôle antidopage, les antécédents sont scrutés et un bannissement à vie est appliqué en cas de triche. C’est à comparer avec certaines grandes courses françaises où aucun contrôle n’est prévu.
Ce que dit L’Équipe : un usage massif de médicaments, mais une régulation active en France
Si l’article de L’Équipe, intitulé « Si je n’en prends pas, je ne serai pas finisher », pointe du doigt certaines dérives observées outre-Atlantique, il dresse aussi un état des lieux préoccupant en France : de nombreux traileurs, y compris amateurs, consomment des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour masquer la douleur et aller au bout de leurs courses. Bien que légaux, ces médicaments présentent des risques sérieux pour la santé : insuffisance rénale, troubles digestifs, hyponatrémie, etc.
Le papier met également en lumière les difficultés à sanctionner ce type de conduites, notamment à travers l’exemple du Grand Trail des Templiers, où un règlement anti-AINS a été annoncé… mais jamais appliqué. Pourtant, L’Équipe souligne aussi les efforts réalisés en France, notamment par l’AFLD, avec une augmentation des contrôles et la mise en place d’un suivi longitudinal pour plusieurs athlètes.
L’enquête insiste enfin sur la volonté de certaines figures du trail français d’agir en faveur d’un sport plus propre. Le rôle de l’UTMB Group, partenaire de l’International Testing Agency (ITA), est également mis en avant.
L’enquête de L’Équipe propose une vision où la France agit de manière proactive face au risque de dopage, tandis que le trail américain serait plus permissif. Notre propre expérience sur le terrain tend à montrer un tableau différent. Entre les deux approches, beaucoup d’éléments restent encore flous. Nous espérons que les prochaines réponses de l’AFLD permettront d’y voir plus clair et de rassurer la communauté quant à l’intégrité de notre sport.
* Les questions que nous avons adressées à l’AFLD au sujet des contrôles anti-dopage dans le trail en France
Suite à notre article du 29 juin sur les écarts de politiques antidopage entre la France et les États-Unis dans le trail, l’AFLD a souhaité nous apporter des éléments de réponse. Nous avons profité de cet échange pour leur adresser une série de questions précises, dans un souci de transparence et d’information.
1. Statistiques et pratiques actuelles
– Quel pourcentage des participants à des trails en France font l’objet d’un contrôle antidopage ?
– Quelle est la répartition entre les contrôles ciblant les élites et ceux visant les amateurs ?
– Disposez-vous de chiffres différenciant les courses organisées par des acteurs publics (collectivités, fédérations) et privés (organisations commerciales) ?
2. Encadrement des contrôles
– L’AFLD peut-elle imposer la mise en place de contrôles antidopage à un organisateur privé ou public de trail ?
– Peut-elle exiger que les trois premiers hommes et femmes au classement soient systématiquement testés ?
– Les organisateurs peuvent-ils être sanctionnés s’ils ne prévoient aucun contrôle ?
– Est-il envisageable d’évoluer vers une obligation de contrôle systématique des podiums sur toutes les épreuves ?
3. Transparence des résultats
– Pourquoi les résultats des contrôles ne sont-ils pas rendus publics, y compris lorsqu’ils sont négatifs ?
– Une publication systématique des résultats (comme dans d’autres pays ou disciplines) est-elle envisagée à l’avenir ?
4. Méthodologie et fiabilité
– Dans le cadre des trails, quels types d’analyses sont actuellement pratiqués : uniquement des analyses d’urine, ou également des prises de sang ?
– Quelle est la valeur scientifique d’une analyse d’urine aujourd’hui ? Peut-on la considérer comme fiable à 100 % ?
5. Coûts et accessibilité
– Quel est le coût moyen d’un contrôle antidopage sur une course ?
– Est-ce que le prix constitue, selon vous, un frein majeur pour les organisateurs de trail, en particulier les structures indépendantes ou de petite taille ?
– Est-il possible de subventionner ces contrôles ?
– L’AFLD propose-t-elle un accompagnement ou des aides financières pour encourager la réalisation de ces contrôles sur le terrain ?
👉 Ces questions ont été adressées très récemment à l’AFLD. Nous publierons leurs réponses dès qu’elles nous seront transmises, si elles sont destinées à être rendues publiques.
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