Témoignage : premier ultra en montagne, premier abandon
Mon premier ultra en « haute montagne » a également été synonyme de mon premier abandon. En soi, rien de catastrophique. D’une part car c’est la première fois depuis 2013, d’autre part car ça ne reste qu’un sport, un loisir, une passion.
Ça s’est passé sur le 160km du Grand Raid des Pyrénées.
Très tôt, j’ai compris que s’inscrire sur cette distance était une erreur. En effet, je me suis dit que les Pyrénées étant moins hautes que les Alpes, ce serait une bonne étape avant de m’attaquer à l’UTMB. Pourquoi était-ce une erreur ? Eh bien, parce que j’avais sous-estimé ce que c’était que les Pyrénées. Que ce soit sur la technicité des sols, sur le côté abrupt des montagnes notamment… On m’en avait parlé, mais je l’avais sous-estimé.
On m’avait également parlé du côté sauvage des Pyrénées. En faisant le malin, je ne voyais pas ce que ça pouvait générer comme sensations. Eh bien ça a été violent. Les Pyrénées ne sont pas seulement belles. Les Pyrénées ne sont pas seulement magnifiques. Les Pyrénées sont sublimes. Le problème du sublime, c’est qu’il peut avoir des conséquences variables. Cela peut vous transporter, vous donner des ailes, vous sublimer (hahaha). A contrario, ça peut aussi vous écraser, vous oppresser, vous écraser, vous angoisser. Et malheureusement, c’est ce qui m’est arrivé. L’ascension du pic du midi a été une expérience exceptionnelle pour une majorité. Dans mon cas, ce fut une épreuve où le vertige et les crises de panique se sont succédés. Et que dire de la solitude que vous pouvez éprouver quand vous vous retrouvez dans une cuvette… Je comprends mieux ce que recherchent ceux qui participent au GRP. Malheureusement, c’était trop.
Sur les 62km faits (oui, c’est peu), les 28 premiers ont été plutôt cools (en tout cas, je n’avais pas encore envie de pleurer, je n’avais pas le vertige, je n’avais pas peur de tomber et les crises de panique n’étaient pas encore là). Puis la côte et la descente avant La Mongie sont arrivés, suivis de l’ascension du Pic du Midi. C’est également là que j’ai pris la mesure de la difficulté de la gestion de l’effort en altitude. Clairement, c’est une faute de ma part que d’avoir pensé que le 160 serait tenable.
Comment expliquer cet abandon et cette succession d’erreurs ?
En premier lieu, je dois reconnaître que j’ai, à tort, assimilé la moyenne montagne à la haute montagne. Et grisé par le fait que le Monteynard s’était très bien déroulé, je me suis dit que ça irait dans les Pyrénées. C’est un enseignement que jamais je n’oublierai. Notamment dans la gestion de l’effort. Dans un sens, je n’ai pas de regret, car sans éprouver ça, jamais je n’aurais imaginé à quel point c’était dur. En revanche, j’aurais pu, voire dû m’inscrire à une distance plus courte, clairement. Ça m’aurait permis de découvrir ce que c’était que faire du trail en altitude. Et je compte bien revenir le plus rapidement possible là-bas en repartant d’en bas.
Ma plus grande erreur est d’avoir cru que dans la mesure où j’avais déjà passé 165km avec 5000m de D+, la marche serait possible à gravir. Doubler le dénivelé, sur un terrain pas assez pratiqué, et à d’autres altitudes, c’était une faute d’humilité, une parmi la vingtaine d’autres fautes d’humilité commises ce 20 août.
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