Ces derniers jours, un post d’Ariane Brodier, actrice et chroniqueuse suivie par près de un million de personnes, a ravivé les tensions autour des chiens non tenus en laisse sur les sentiers.
Elle y raconte avoir été mordue par un chien en liberté lors d’une promenade, dénonçant l’irresponsabilité de certains propriétaires. Dans la foulée, les réseaux sociaux se sont enflammés : de nombreux internautes ont exprimé leur indignation, appelant à interdire purement et simplement les chiens en liberté sur les chemins fréquentés. Mais cette réaction émotionnelle a aussi suscité une contre-réaction.
Nous avons publié un post FB et un article pointant du doigt la montée de peurs irraisonnées en forêt, alimentées par les algorithmes, les récits d’accidents isolés et une forme de stigmatisation des propriétaires d’animaux. L’article rappelait que si la peur est légitime, elle ne saurait à elle seule justifier une interdiction de principe. D’autant plus que, juridiquement, rien n’impose le port systématique de la laisse en dehors des zones réglementées.
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Malgré les débats houleux et les injonctions répétées sur les réseaux sociaux, la réglementation française ne prévoit aucune obligation générale de tenir son chien en laisse en forêt ou sur les sentiers de randonnée. La règle par défaut repose sur la liberté de circulation, tant que l’animal reste sous la surveillance effective de son maître et ne représente pas un danger ou une nuisance pour autrui.
L’article L211-23 du Code rural définit les chiens comme étant « en état de divagation » uniquement s’ils ne sont pas sous la surveillance de leur propriétaire, s’ils se trouvent hors de portée de voix ou d’instruments sonores, ou à plus de 100 mètres de lui.
En clair : un chien en liberté mais contrôlé, à proximité de son maître, n’est pas en divagation, et ne tombe donc sous aucune sanction automatique.
Il existe cependant des exceptions locales, notamment :
– en espaces naturels protégés (comme les parcs nationaux, réserves, arrêtés de biotope),
– dans certains massifs forestiers très fréquentés,
– ou en période de chasse, où des arrêtés préfectoraux peuvent temporairement restreindre la liberté des chiens pour éviter les troubles à la faune ou les accidents.
Mais ces restrictions sont localisées et limitées dans le temps. Aucune loi nationale n’impose la laisse en continu sur tous les sentiers du territoire.
Certaines communes prennent des arrêtés municipaux pour imposer la laisse dans certaines zones fréquentées. Si leur intention est compréhensible (éviter les conflits entre usagers, prévenir les incidents), ces arrêtés ne peuvent pas contredire le droit national ni restreindre excessivement la liberté de circulation sans justification précise.
Plusieurs décisions de jurisprudence ont rappelé que l’interdiction de la divagation ne signifie pas obligation permanente de la laisse, et qu’un chien calme, sociable, proche de son maître et maîtrisé ne peut être considéré comme un danger du seul fait qu’il n’est pas attaché.
Ce que dit réellement la loi française sur les chiens tenus ou non tenus en laisse.
Le droit ne prévoit nulle part une obligation générale de tenir tous les chiens en laisse partout. En réalité, plusieurs textes se complètent et définissent surtout une règle centrale : un chien ne doit jamais être en situation de divagation.
Le Code rural autorise le maire à imposer la laisse ou la muselière pour prévenir les errances, et toute absence de contrôle réel peut être considérée comme une divagation, notamment lorsque le chien s’éloigne ou ne répond plus au rappel.
En ville, selon les départements et les arrêtés municipaux, la laisse est très souvent obligatoire. Pour un traileur ou un coureur, tenir son chien en laisse en milieu urbain reste la solution la plus simple pour éviter les conflits — et pour éviter qu’il ne s’échappe entre deux voitures. Même si ce n’est pas une obligation nationale uniforme, c’est clairement la conduite la plus sûre.
En forêt, du 15 avril au 30 juin, la loi interdit la présence de chiens libres hors des grandes allées. Même en dehors de cette période, un chien ne peut pas divaguer dans les champs, prés, vignes, vergers, bois, marais ou bords d’eau : il doit rester sous contrôle effectif. Dans les parcs nationaux et autres espaces protégés, les gestionnaires peuvent limiter l’accès ou imposer la laisse partout.
Les chiens catégorisés sont soumis à un régime strict : laisse et muselière en permanence dans les lieux publics et les parties communes, avec des interdictions d’accès plus étendues. Les sanctions existent : contraventions, mise en cause de la responsabilité civile, voire fourrière en cas d’errance.
Pour les coureurs et traileurs, la ligne sûre est simple : le contrôle rapproché en nature et le respect strict des périodes et zones où la liberté canine est limitée pour protéger la faune et éviter tout incident.

Chiens de troupeau, promeneurs et signalisation : ce que dit réellement la loi.
Les chiens de protection des troupeaux – patous en tête – sont légalement autorisés à circuler en liberté autour du bétail. Le Code rural précise qu’ils ne sont pas considérés comme divagants lorsqu’ils exercent leur mission. Leur rôle est de défendre le troupeau, et ils réagiront à toute approche qu’ils perçoivent comme une intrusion, y compris celle d’un chien de compagnie non tenu en laisse.
Pour les promeneurs et les traileurs, cela implique une conduite simple : contourner largement les enclos, éviter de traverser un troupeau, tenir son propre chien attaché et garder une attitude calme. La loi reconnaît le travail de ces chiens, mais elle impose aussi la prudence aux usagers des sentiers pour éviter tout incident.
Contrairement à une croyance répandue, la loi française n’impose aucun panneau obligatoire signalant la présence d’un troupeau ou d’un chien de protection. Ces affichages relèvent de recommandations des services pastoraux et des collectivités, mais leur absence n’est pas une infraction. Les chiens de protection restent autorisés à travailler en liberté, même sans signalisation préalable.
Pour les traileurs et les randonneurs, cela signifie qu’il faut rester vigilant : toujours contourner le troupeau, garder son chien en laisse et éviter toute approche directe, même lorsqu’aucun panneau n’annonce la présence d’un patou.
L’émotion suscitée par certains accidents – comme celui relaté par Ariane Brodier – est réelle et justifiée. Mais vouloir généraliser des obligations sur la base de cas extrêmes ou isolés soulève une question démocratique : faut-il construire des lois sur la peur ?
L’angoisse de croiser un chien n’est pas un délit en soi, pas plus que le fait de promener un animal sans laisse dans un cadre non réglementé ne constitue une infraction.
La présence de chiens sur les sentiers, en liberté ou non, exige du bon sens, du respect mutuel et de la responsabilité des maîtres. Mais la loi, elle, n’a pas vocation à trancher sur la base de ressentis. Elle repose sur un équilibre entre liberté, sécurité et droit d’accès partagé aux espaces naturels.
Dans quel cas un chien va vous foncer dessus en courant en zone rurale
En zone rurale, un chien va rarement charger au hasard. Lorsqu’un coureur arrive en mouvement, le chien réagit d’abord à ce qu’il perçoit comme une intrusion soudaine sur son territoire immédiat. Dans les fermes isolées, un chien de garde peut partir au contact parce qu’il défend sa maison. Sur les sentiers proches des habitations, un chien libre peut courir vers vous simplement parce que votre vitesse l’excite ou qu’il veut intercepter ce qui passe. À proximité d’un troupeau, un chien de protection – patou ou analogue – peut se mettre en opposition frontale si vous vous approchez trop du bétail ou si votre trajectoire lui semble menaçante. Dans presque tous les cas, ce n’est pas de l’agressivité gratuite, mais une réaction instinctive : vous arrivez vite, vous surprenez l’animal, et il fait ce qu’il croit devoir faire pour protéger son espace, son foyer ou son troupeau.
Comment réagir si l’on entend des aboiements ou si l’on a une peur irrationnelle
Quand on court et qu’on entend des aboiements soudains, la première réaction est souvent la crispation, surtout si l’on a peur des chiens. Pourtant, c’est le moment où le calme joue en votre faveur. Ralentir légèrement, respirer et garder les épaules ouvertes permet de ne pas transmettre de tension inutile. Regarder brièvement la source du bruit sans fixer le chien aide à identifier sa posture, puis à revenir à une attitude neutre. Si le chien apparaît, mieux vaut réduire l’allure et adopter un rythme régulier, sans gestes brusques ni hurlements. Pour une peur irrationnelle, se rappeler que la plupart des chiens préviennent avant d’agir et qu’ils testent la situation plus qu’ils ne cherchent l’affrontement permet de reprendre du contrôle. Continuer à penser en termes de trajectoire, de respiration et d’espace autour de soi aide à éviter la panique et à traverser la zone en sécurité, même si l’émotion est forte.
Ce qu’il ne faut jamais faire face à un chien quand on court
Face à un chien, le pire réflexe est souvent de faire exactement ce que votre instinct murmure : accélérer brutalement, crier ou agiter les bras pour l’impressionner. Ces gestes déclenchent presque toujours l’effet inverse, car ils alimentent l’alerte du chien et renforcent sa conviction qu’il doit intervenir. S’arrêter net peut aussi être une erreur lorsqu’il est déjà lancé, parce que vous cassez votre trajectoire et devenez imprévisible. Il vaut mieux garder un mouvement doux, stable, prévisible, sans fuir et sans provoquer. Regarder le chien fixement dans les yeux peut être interprété comme un défi, tout comme lui tourner le dos peut l’encourager à s’approcher davantage. L’idée n’est pas d’être plus fort ni plus rapide, mais d’occuper l’espace avec calme, d’avancer sans menacer et de lui laisser le temps de comprendre que vous n’êtes ni un danger ni une cible. C’est ce non-combat, cette neutralité, qui désamorce la majorité des interactions tendues.
En résumé, le débat est légitime. Mais le droit, lui, est clair.
En dehors des zones explicitement réglementées, un chien peut circuler librement sur un sentier, à condition d’être sous contrôle.






