Pendant plusieurs semaines, Strava a tenté d’imposer son récit : Garmin aurait abusé de sa position, exigé des conditions injustes, voire violé un contrat de partenariat en copiant les fameux segments et cartes de chaleur. Pourtant, les rôles semblent désormais s’inverser.
En annonçant récemment qu’elle appliquera désormais les règles d’attribution de Garmin – les mêmes qu’elle jugeait jusqu’ici inacceptables – Strava se retrouve au cœur d’une tempête… qu’elle a elle-même déclenchée. Et cette volte-face ne passe pas auprès de la communauté.
Retour en arrière : un procès de Strava contre Garmin mal embarqué
Fin septembre 2025, Strava a déposé plainte contre Garmin. L’enjeu ? Faire interdire la vente de certains appareils Garmin et obtenir réparation pour l’utilisation présumée de deux fonctionnalités “historiques” : les segments et les heatmaps. C’était audacieux.
Garmin, loin de céder, a immédiatement contre-attaqué. Menace de couper la synchronisation automatique, nouvelles exigences de visibilité de marque… l’entreprise a tapé là où ça fait mal. Et Strava a visiblement senti le vent tourner.
Une exigence de logo que Strava… applique maintenant
C’est dans un e-mail discret envoyé aux développeurs que Strava a annoncé, début octobre, qu’elle allait désormais imposer l’affichage clair du logo Garmin pour toute application exploitant des données provenant d’appareils Garmin, même de façon indirecte.
Ce sont précisément les règles qu’elle contestait jusqu’alors devant la justice. Et ce sont exactement les mêmes règles qu’elle applique elle-même depuis plusieurs mois à ses partenaires, en exigeant que son nom ou logo figure dès que ses données sont utilisées.
La communauté ne digère pas ce double standard
La réaction n’a pas tardé. Sur Reddit comme sur d’autres forums techniques, les commentaires sont cinglants : « Strava impose ce qu’elle refuse qu’on lui impose », résume un utilisateur. Un autre ironise : « L’hypocrisie, c’est aussi un sport. »
Ce sentiment d’injustice est renforcé par le fait que Garmin ne demande pas forcément un logo visible, mais au minimum une mention, au choix du développeur. Rien de choquant, donc, pour un fournisseur de données qui reste au cœur de l’écosystème sportif.
Une crise de confiance qui fragilise la marque
En s’attaquant frontalement à Garmin tout en dépendant de ses flux de données, Strava s’est mise dans une position inconfortable. Le procès n’est pas clos, la synchronisation reste menacée, et surtout : l’image de Strava en ressort écornée.
Certains y voient une tentative de diversion alors que la plateforme accumule les critiques : fonctions autrefois gratuites devenues payantes, ergonomie en recul, IA sans réelle valeur ajoutée, et relations tendues avec les marques de matériel. Le timing interroge.
Et après ?
Avec l’approche de l’échéance du 1ᵉʳ novembre, date à laquelle Garmin exigera le respect formel de ses règles, les développeurs n’ont plus le choix : ils devront s’aligner. Et Strava devra encaisser l’image d’un service contraint de suivre les pas de celui qu’elle attaquait.
Loin d’un positionnement fort et indépendant, Strava donne ici l’image d’une plateforme fragile, soumise aux règles du jeu dictées par ceux qui contrôlent la donnée : Garmin, Apple, Wahoo, Coros.
Et les utilisateurs, eux, n’oublient pas. Ce sont leurs données, leurs efforts, leur matériel. Ce n’est pas un champ de bataille juridique. C’est leur vie sportive.
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Mention éditoriale
Cet article a été rédigé à des fins informatives et journalistiques, en s’appuyant sur des faits vérifiables, des publications officielles et des échanges issus de la communauté, notamment Reddit. Il reflète une analyse critique de la situation actuelle entre Strava et Garmin, sans intention de nuire à aucune des entreprises mentionnées.
Cet article rappelle que les données sportives appartiennent aux utilisateurs eux-mêmes, conformément aux réglementations européennes et américaines en matière de protection des données (RGPD, CCPA).
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