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Une vie de l’autre côté de l’Atlantique
Elle a grandi au cœur des forêts du Vermont, quelque part entre les collines ondulées du nord-est américain et les neiges de la frontière canadienne. Là-bas, les montagnes n’ont ni la rudesse des Alpes ni la verticalité des Dolomites, mais elles forgent tout de même des enfants qui apprennent très tôt à aimer le froid, l’effort et les grandes traversées en solitaire. Pourtant, rien ne la prédestinait à devenir l’une des figures les plus marquantes du trail français.
Son premier contact avec la France ne vient pas d’une course, mais d’une histoire personnelle. L’amour, comme souvent. Elle traverse l’Atlantique, s’installe en Savoie, découvre une langue, un territoire, des codes, une culture – et très vite, une activité qui deviendra beaucoup plus qu’un sport : le trail. C’est par les sentiers qu’elle s’intègre, qu’elle progresse, qu’elle s’ancre. Elle court d’abord pour elle-même, pour apprivoiser ce nouveau pays, avant de le représenter au plus haut niveau.
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Un choix de nationalité qui raconte autre chose
Beaucoup l’auraient imaginée courir pour son pays de naissance. C’était une option, bien sûr. Mais à ses yeux, cela n’avait aucun sens. Car son parcours d’athlète est indissociable de son parcours d’expatriée. En foulant les crêtes de Chartreuse ou les versants escarpés du Mont-Blanc, elle ne fait pas que courir : elle se construit, elle devient quelqu’un d’autre, elle forge sa propre identité.
Alors, quand le moment est venu de choisir une nationalité sportive, la réponse s’est imposée naturellement. Elle avait obtenu la nationalité française. C’était donc évident : elle porterait les couleurs de ce pays qui l’avait accueillie, de cette montagne qui l’avait révélée.
Et c’est ainsi qu’en 2025, elle devient championne de France de trail long, quelques mois seulement après avoir représenté la France pour la première fois sur les sentiers officiels. Une victoire puissante, symbolique, qui dépasse largement le cadre d’un podium.
Un engagement qui dépasse la course
Elle ne se contente pas de performer. Elle prend la parole. Beaucoup. Sur l’urgence climatique, sur la place des femmes en montagne, sur la responsabilité des athlètes dans un monde qui bascule. Elle ne prétend pas être parfaite. Elle dit même l’inverse : qu’il faut agir malgré ses contradictions. Qu’elle prend encore l’avion parfois, mais qu’elle compense en sélectionnant ses courses, en accompagnant les marques dans une production plus durable, en sensibilisant les jeunes athlètes.
Elle participe aussi à un projet inédit en Europe : former jusqu’à 1 000 sportifs engagés sur les enjeux climatiques d’ici les JO 2030. Son objectif ? Que l’engagement devienne une norme, pas une exception. Qu’un jour, être « athlète et responsable » ne soit plus perçu comme une prise de position, mais comme un simple réflexe.
Elle incarne cette transition. Elle en est l’un des visages les plus crédibles. Pas parce qu’elle coche toutes les cases, mais parce qu’elle avance avec sincérité.
Trois ans avec le même t-shirt
C’est un détail, mais il en dit long. Elle court depuis trois ans avec le même t-shirt Black Diamond. Pas parce qu’elle ne pourrait pas en avoir un autre, mais parce qu’elle refuse la logique du renouvellement permanent, du matos à outrance, du marketing sans conscience. Elle pourrait être une vitrine. Elle a choisi d’être un miroir.
Et cela fonctionne. Non seulement ses performances parlent pour elle, mais ses engagements résonnent bien au-delà du cercle des initiés. Elle incarne une nouvelle façon d’être athlète, une nouvelle façon de vivre la montagne, une nouvelle façon de représenter la France.
Son nom ? Hillary Gerardi.
Américaine de naissance. Française de trail. Championne sur les sentiers, mais surtout, dans sa manière de s’y inscrire.
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