On n’en a pas beaucoup parlé (c’est étonnant, d’ailleurs), mais en septembre, Kilian Jornet a lancé sa fondation, intitulée la “Kilian Jornet Foundation” (le nom est original, oui). Celle-ci vise à lutter pour la sauvegarde de la montagne. A l’occasion d’un entretien avec l’Equipe, il explique la méthode qui a été la sienne, et qui est d’une grande qualité.
A l’origine de ce projet, il y a une conviction assez profonde autour de la question environnementale. A partir de cette conviction, il explique s’être interrogé sur comment utiliser sa notoriété pour contribuer à améliorer les choses. C’est ainsi qu’a émergé l’idée d’une fondation éponyme. Avec pour objectif “d’utiliser sa voix pour faire naître cette conversation au sein des communautés que je touche.”
Kilian Jornet, le principe d’exemplarité en credo
On le sait bien, le trail n’est pas le sport le plus écolo à l’échelle de la planète (surtout quand on voit à quel point le calendrier de l’UTWT est pensé par des gens avec le QI écolo d’une loutre bourrée). Kilian Jornet ne se cache pas derrière son petit doigt et cherche une cohérence accompagnée d’une exemplarité à tout prix. Il ne se contente pas de faire la morale et d’annoncer qu’il arrêtera de prendre l’avion.
“si je regarde en arrière, mes 10 dernières années ont été catastrophiques en termes d’impact environnemental, je faisais partie des personnes les plus polluantes, avec tous mes voyages. Dans un premier temps, il m’a fallu changer de mode de vie car je refuse d’être hypocrite. Si je suis dans une conversation pour encourager les gens à faire certaines actions, le minimum c’est de les réaliser moi-même.”
Kilian Jornet donne l’exemple
Je ne suis pas certain que l’exemplarité vaille pour toutes les thématiques. Pour la question de l’écologie, ça me semble être un minimum.
La fondation de Kilian va donc travailler à la préservation de la montagne via trois axes principaux :
– La recherche (pour financer les outils qui pourront lutter contre la dégradation de l’environnement)
– L’éducation (qui va commencer tôt et qui aura un impact à moyen terme sur la communauté des trailers)
– Les actions directes (qui sera plus un travail de court terme et sur le terrain)
Concernant le financement de la formation, Kilian explique qu’il ne comptera pas sur les dons du public en priorité; il a mis de ses deniers personnels et a sollicité ses sponsors, ses partenaires, etc.
A la fin de l’interview, Kilian est de nouveau challengé sur la nécessité d’être exemplaire. Il explique alors qu’il ne se voyait pas lancer une fondation
“et avoir en parallèle un comportement irresponsable”
.. Alors ça passe par moins de déplacements, un régime végé, une voiture électrique, une maison passive… C’est déjà beaucoup. Concernant les voyages, il met lui même le sujet sur la table. Désormais, (même si ça fait quelques années), il a arrêté d’aller faire des courses au bout du monde juste parce que ça lui était proposé. Comme il l’explique,
“je ne fais plus que les déplacements qui ont vraiment du sens, qui me font vraiment envie. Le voyage international est devenu une exception”
Je trouve ça vraiment très bien, car il a une vision très positive et très constructive de l’écologie. Il n’explique pas qu’il arrête de voyager, seulement avec raison. Et je maintiens que c’est plus intelligent d’interroger sa philosophie de voyage et de s’adapter que de décider brutalement d’arrêter de prendre l’avion. Car forcément, si ça arrive, même pour une très bonne raison, ça vous retombera dessus.