Journal d’un confiné, J13 à J19
Après trois semaines de confinement, a priori, toujours rien. Et pourtant, j’ai l’impression que jamais je n’ai été autant au taquet au niveau des symptômes. D’ailleurs, je me rends compte de combien il est difficile de parvenir à faire la différence entre les vrais symptômes du virus, ce qui relève du psychosomatique (me connaissant, ça doit être assez majoritaire) et d’autres symptômes.
Chaque année, quand le beau temps revient, je tombe malade. Pour la simple et bonne raison que ma maison est dans une colline et que dès lors il y fait assez frais (en été c’est cool). Donc ce rhume dû au chaud/froid, je commence à y être habitué. Et pourtant, cette année, ça me stresse comme jamais. Alors même que quand on regarde les chiffres les plus alarmistes, on se rend bien compte que la dangerosité du virus est plus dans sa contagiosité qu’ailleurs. J’avais toujours mesuré la dangerosité d’une maladie à la gravité de ses symptômes, et pas tant sur son taux de contagion. Ça permet de voir les choses un peu différemment.
Avec le confinement, je ne sais pas pour vous, j’ai un peu l’impression de perdre la notion du temps long et de la mesure. Du temps long seulement ; car autant j’arrive à gérer mes semaines en m’imposant de garder un rythme un peu normal. Mais sur du plus long terme, c’est beaucoup plus difficile. D’un côté, je trouve un peu prématuré que la Maxirace soit reportée au 11 juillet, mais en parallèle, je me dis que je ne trouve aucune raison que l’UT4M n’aie pas lieu. Je sais, ça n’a absolument aucun sens, ni aucune espèce de logique…
Depuis quelques jours, on commence à parler de déconfinement. En toute logique, ça devrait faire plaisir, car ça permet de penser enfin plus concrètement à un après. Mais je dois bien avouer que savoir comment les courses vont reprendre me turlupine un peu. Est-ce que ça sera vraiment possible que des compétitions aient lieu, sachant la promiscuité qu’on a dans les sas, aux ravitaillements, ou même sur le parcours… Et si oui, comment ? Ce « comment » me donne beaucoup de difficulté à penser à un après au niveau du trail et me fait craindre que si ça se trouve, il n’y en aura jamais.
Pendant les premiers jours du confinement (plus précisément depuis fin février et l’annulation du semi marathon de Paris), je dois bien avouer que la compétition m’a manqué. Pouvoir rattacher un dossard à ma ceinture, revivre des émotions fortes, aller puiser dans mes limites, savourer le moment où on franchit la ligne d’arrivée, se faire un énorme burger d’après course avec une bonne bière… Dans côté, j’ai du mal à me dire que ma dernière course était il y a à peine six semaines (ça me semble tellement plus loin) et d’un autre côté, j’ai l’impression que le jour où ça reprendra, ce sera comme une renaissance, comme une nouvelle première fois. Sauf qu’on n’y est pas… Déjà, maintenant, avant de reprendre la compétition, j’aimerais bien pouvoir courir sans risquer de devoir me justifier auprès des forces de l’ordre. J’aimerais bien courir sans avoir à faire un détour de douze kilomètres quand je croise quelqu’un. J’aimerais bien courir sans avoir à redoubler d’imagination pour croiser le moins de monde possible et pour ne toucher à rien du mobilier urbain…
En fait, plus les jours passent, moins mes ambitions sont élevées. C’était un peu comme quand j’ai passé mon bac ; au sortir de la dernière épreuve, je me disais que je voulais avoir une mention. Puis les jours passaient, et je voulais juste l’avoir, puis ne pas avoir trop de points au rattrapage, puis juste ne pas être recalé.
Bref, j’ai l’impression de revenir aux fondamentaux, en ce sens que le sport me manque plus que la compétition. En soi, c’est peut être bon signe. Du moins, j’espère…