À 27 ans, Jimmy Gressier est l’un des meilleurs fondeurs français de l’histoire.
Champion d’Europe de cross-country, recordman de France du 5 km sur route, performer régulier sur 5 000 et champion du monde du 10 000 mètres, il plane sur la piste comme sur les labours. Mais c’est un tout autre terrain de jeu qu’il évoque désormais à l’horizon 2037 : les sentiers escarpés du trail running.
De la piste aux sentiers de trail : la transition annoncée de Jimmy Gressier
Ce week-end, Gressier disputera les championnats d’Europe de cross au Portugal. L’occasion, en marge de la course, de dévoiler son plan de carrière pour les quinze prochaines années. Et surprise : si son avenir proche reste ancré sur la piste avec un objectif clair pour les Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028, son regard se tourne déjà au-delà.
À partir de ses 31 ans, l’athlète nordiste prévoit de se consacrer à la route. Semi-marathons, marathons et 10 km seront son nouveau terrain d’expression. Mais après avoir exploité son potentiel chronométrique à fond sur bitume, il imagine un second virage encore plus inattendu : celui du trail longue distance.
Le trail après 40 ans : une quête plus mentale que physique
Une phrase qui n’est pas passée inaperçue chez les amateurs de course nature. D’autant plus qu’il a explicitement cité l’UTMB comme une destination potentielle, tout en rendant hommage à la ténacité de figures comme Mathieu Blanchard. Mais Gressier ne se berce pas d’illusions : pour lui, le trail longue distance, ce n’est pas qu’une histoire de VO₂ max.
« Ce n’est pas qu’une affaire de jambes. Faire 170 kilomètres, c’est être aventurier autant que sportif », a-t-il reconnu, en soulignant que sa motivation, à ce stade, restait incertaine. « Peut-être que j’aurai déjà puisé dans toutes mes réserves à ce moment-là. » Un aveu lucide, qui montre qu’il n’idéalise pas ce nouveau monde mais en mesure déjà les exigences physiques et mentales.
Trail et ultra : un défi post-carrière ou un vrai projet sportif ?
Dans l’univers du trail, la reconversion d’anciens pistards ou routards vers les sentiers n’est plus un mythe. Aux États‑Unis, Zach Miller est passé du cross universitaire aux montées de l’UTMB, et Max King y a forgé sa légende après une carrière sur steeple. En France, Julien Rancon incarne ce passage avec succès sur des formats plus courts. Une autre figure suscite l’attention aujourd’hui : Benjamin Polin. Double champion de France (marathon et 100 km) et détenteur du record des 100 km de Millau, il a récemment attiré l’intérêt de la communauté trail avant la SaintéLyon, grâce à ses performances hybrides mêlant vitesse, endurance et capacité à encaisser de longues distances.
Mais Jimmy Gressier, lui, trace sa propre trajectoire. S’il est orienté vers un cycle marathon jusqu’à ses quarante ans, l’idée d’un tournant vers le trail intrigue et alimente les discussions. L’univers du trail évolue : les frontières entre disciplines s’estompent, les parcours nocturnes et techniques deviennent des terrains d’expression pour des athlètes aux profils variés, et l’envie de repousser les limites pousse certains coureurs d’élite à envisager de nouvelles aventures loin du chronomètre pur.
Un message aux traileurs : la relève arrive… mais doucement
En ouvrant cette porte, même lointaine, Jimmy Gressier envoie un message aux passionnés de trail : l’élite de l’athlétisme regarde désormais vers les sentiers. Pas comme un simple exutoire de fin de carrière, mais comme une discipline à part entière, exigeante, noble, et respectée. Et ce n’est pas un hasard s’il cite les performances tardives de Tadesse Abraham, capable de courir sous les deux heures cinq à plus de quarante ans. Gressier se projette donc en coureur durable, pas pressé de brûler les étapes, mais avec un plan précis.
Et si ce plan mène à Chamonix, alors c’est tout le paysage du trail mondial qui pourrait en être bouleversé. Voir un athlète comme lui au départ de l’UTMB serait un signal fort : celui d’une nouvelle génération d’ultras, issue de la piste et des chronos, qui viendrait bousculer l’équilibre entre montagnards endurcis et fondeurs reconvertis.
En résumé, pour l’instant, Jimmy Gressier est concentré sur son présent : les JO 2028, le marathon, les records.
Mais il n’est pas interdit de rêver. Dans un sport où les trajectoires sont rarement linéaires, voir débarquer un coureur de son calibre sur les sentiers serait un événement. Et peut-être même, d’ici quelques années, l’un des tournants majeurs du trail moderne.
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