Depuis huit jours, Mathieu Blanchard traverse l’Atlantique à bord d’un voilier de course, engagé sur la Transat Café L’Or aux côtés du skipper professionnel Conrad Colman. Un défi immense pour l’ultra-traileur français, qui n’avait jusque-là aucune expérience significative de la haute mer.
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Blanchard, qui cultive une image de sportif résilient et inspirant, s’est retrouvé face à un océan particulièrement hostile. Le corps a souffert et il l’a reconnu lui-même — il a eu peur. Beaucoup.
Mais après la tempête, l’accalmie (trop). Depuis ce 3 novembre, les nouvelles sont meilleures. Le vent est revenu, le bateau glisse enfin, et les sourires refont surface. Blanchard commence peut-être à trouver ses repères. Mais ce qui restera de cette première semaine, c’est cette phrase terrible, postée sur Instagram :
« Je me sens dans un film catastrophe sans fin. »
Ils ont d’abord affronté des tempêtes. Puis le néant.
Huit jours après leur départ de Lorient, Mathieu Blanchard et Conrad Colman sortent enfin la tête de l’eau. Ou plutôt : de la bulle anticyclonique. Pour la première fois depuis le début de la Transat Café L’Or, leur voilier MSIG Europe avance avec grâce et vitesse. Le vent est revenu, les dauphins les accompagnent, et l’horizon s’éclaire.
Mais derrière ces images apaisées, la réalité du large laisse des traces.
Dans une story Instagram publiée ce matin, Mathieu Blanchard déclare sans filtre : « Je me sens dans un film catastrophe sans fin ».
Dans les premières journées de course, le duo a dû affronter une météo déchaînée. Puis plus rien. Zéro vent. Une mer d’huile.
Ce 3 novembre, pourtant, tout semble changer. Le ciel se dégage. Le spi est envoyé. Les images du jour montrent deux marins souriants, concentrés, en compétition. Mathieu retrouve des sensations.
L’ancien finaliste de Koh-Lanta, devenu référence de l’ultra-trail, apprend ici un autre sport. Un sport où l’on ne court pas. Un sport où l’on attend. Un sport où l’on souffre différemment.
La peur, dans ce contexte, n’est pas une faiblesse. C’est un signal presque héroïque. Celui d’un homme qui sort de sa zone de confort. D’un sportif qui accepte de se montrer vulnérable. D’un aventurier qui n’a pas peur de dire qu’il a eu peur.
SOURCE
D’habitude, mes aventures commencent bien…
Mais cette fois, tout part en vrille dès la première minute. La mer est déjà très agitée au départ de cette transatlantique mythique : Le Havre–Martinique.
À cinq minutes du coup de canon… notre pilote auto rend l’âme. Conrad explose, colère, peur, ou les deux. On tente tout. Rien ne marche. Le pilote de secours ? Mort lui aussi.
On prend le départ avec huit minutes de retard.
Les prévisions disaient vrai : les vagues se lèvent, le vent hurle, les rafales fouettent le pont. On barre à la main, sans répit, tout en gérant les multiples manœuvres. La nuit tombe, et tout devient plus brutal.
Sur l’écran, les chiffres grimpent : 35, 40, 45 nœuds. Le bateau bondit sur chaque vague dans un vacarme monstre. Autour, les cargos, les bateaux de pêche, et cette impression d’être minuscule au milieu d’un chaos.
Puis la loi de Murphy s’invite à bord.
Un bout de voile s’enroule dans le radar : arraché. Plus d’yeux dans la nuit. Quelques minutes plus tard, c’est une voile d’avant qui se déchire. Une latte de grand voile sort, menace de tout déchirer. Je sens la peur monter.
Conrad parle une langue étrangère : « On prend un ris, hisse J4, borde l’écoute, choque le bastaque… »
Je n’ai plus de cerveau. Seulement les mains crispées dans les manœuvres incessantes, les vagues qui cognent, et la tempête qui nous enferme.
Dehors, 50 nœuds. Le bateau se cabre, plonge. Je me sens dans un film catastrophe sans fin.
Plus le choix, direction le port de Roscoff pour une escale technique.
On est vidés.
Je n’ai pas dormi depuis deux jours. Les yeux brûlent. Le corps aussi. C’est seulement en posant le pied sur le quai que je réalise :
j’ai déjà peur de repartir…
Mais on repart. Évidemment.
Vingt heures de perdues. On passe la pointe de Bretagne et on glisse dans une dorsale : pas de vent.
Un peu de répit, enfin. Les dauphins viennent jouer sous l’étrave. Mais la parenthèse ne dure pas. Une seconde tempête se forme. Les Class 40 rentrent se réfugier dans un port. Nous, on fonce dedans…
Un front frappe sans prévenir. Le bateau se couche. À l’horizontale. L’eau envahit le cockpit, je m’accroche, la peur me fige. Conrad garde son sang-froid. Quelques minutes plus tard, la quille fait son miracle : le bateau se redresse.
Mais moi, je tremble encore.
… à suivre
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<strong>Mention éditoriale :</strong> Cet article s’appuie exclusivement sur des publications officielles, notamment les stories Instagram publiques de l’équipe MSIG Europe diffusées le 3 novembre 2025. Aucune citation n’a été inventée ou extrapolée. L’analyse ici proposée relève du commentaire journalistique fondé sur des sources publiques et vérifiables.
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