SAV Coros : payer d’avance pour une montre qui va casser… Anticiper la casse comme si c’était normal ? Le paradoxe des montres GPS modernes
SAV Coros
Le service de remplacement payant mis en place par Coros a, sur le papier, tout pour séduire : rapide, pratique, moins cher qu’un achat neuf et plutôt écolo dans sa logique de reconditionnement.
Mais derrière cette promesse bien huilée se cache un constat plus dérangeant : on en vient à considérer la casse comme une étape normale de la vie d’un produit high-tech. Et ça, c’est loin d’être anodin.
Autrefois, acheter une montre GPS signifiait investir dans un objet robuste, pensé pour résister à la pluie, au froid, aux chocs. Bref, à la montagne. Aujourd’hui, certaines marques – comme Coros – intègrent dans leur communication une forme d’assurance réparation : une sorte de file de secours pré-organisée, avec prix et procédure bien définis. On n’en est plus à réparer une panne, mais à prévoir la casse comme inévitable. Le service devient un argument marketing à part entière, et ça change profondément notre rapport à la fiabilité.
Bien sûr, le discours écologique est là : « on évite le gaspillage », « on limite les déchets électroniques », « on prolonge la durée de vie des produits ».
Mais si les montres étaient vraiment fiables, aurait-on besoin d’un tel programme ? À force de normaliser l’idée qu’un écran va se fendre, qu’un bouton va lâcher ou qu’une batterie va mourir après deux saisons, les marques glissent doucement d’un modèle durable à un modèle jetable… retouché.
Le trail, ce n’est pas un bureau climatisé. Ce sont des chocs, de la boue, des heures sous la pluie. Nos montres doivent tenir. Et quand on commence à nous vendre des réparations en kit avant même que le produit ne montre un signe de faiblesse, c’est toute la promesse de fiabilité qui s’effrite.
Les traileurs ne sont pas dupes. Ce sont souvent des utilisateurs exigeants, capables de faire 100 km d’effort d’affilée. Ce qu’ils veulent, ce n’est pas un service client performant pour remplacer une montre cassée, c’est une montre qui ne casse pas. Point.
À force de déresponsabiliser la marque face à la durabilité de ses produits, on transfère la charge au consommateur. C’est à lui d’anticiper, de budgétiser les réparations, d’être compréhensif quand ça casse. Et pire encore : on transforme la faiblesse produit en opportunité commerciale.
Ce qui est inquiétant avec ce type de programme, ce n’est pas le service en lui-même – qui peut être utile – mais ce qu’il révèle.
On s’habitue à l’idée que la casse est normale. On intègre dans nos habitudes de consommation un cycle de remplacement maquillé en prolongation. Et dans un monde où le matériel outdoor devient de plus en plus cher, c’est une dérive à laquelle il faudrait peut-être cesser de s’habituer.
Dans le trail, le mot d’ordre est souvent « résistance ». Nos montres devraient en faire autant.
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Cet article propose une analyse critique et journalistique du programme de remplacement proposé par la marque Coros, à partir d’informations publiques disponibles au 29 mai 2025. Il ne remet pas en cause la légalité ou la qualité des produits Coros dans leur ensemble. L’objectif est d’éclairer les consommateurs sur les tendances actuelles du marché des montres GPS et sur les implications de certains modèles économiques. Toute remarque ou demande de droit de réponse peut être adressée à la rédaction.