On pourrait croire que si autant de gens courent aujourd’hui, c’est par goût du sport, pour rester en bonne santé, perdre du poids, relever un défi personnel ou préparer une compétition. Mais la réalité est plus trouble. En 2025, une partie grandissante des coureurs ne court ni pour le plaisir, ni pour le bien-être, mais parce que ça fait bien. Parce que ça se voit. Parce que ça envoie un message social.
Sous couvert de mode de vie sain, la course à pied est devenue une injonction comme une autre. Il faut courir — et de préférence entre midi et deux — pour prouver qu’on est discipliné, dynamique, performant. Courir n’est plus un simple sport : c’est désormais un marqueur social, une vitrine de réussite personnelle. Et si tu ne cours pas, tu es vite perçu comme à la traîne.
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Un monde saturé d’obligations déguisées
Nos vies modernes sont envahies d’injonctions qui ne disent pas leur nom. Il faut être productif mais zen, maquillée mais naturelle, ambitieuse mais disponible, sportive mais sans trop transpirer, mince mais pas obsessionnelle, maman investie mais active au travail, connectée mais présente, voyageuse mais écolo, épanouie mais jamais trop bruyante. Et désormais, il faut courir.
Mais pas n’importe comment : pas quand on veut, pas pour soi. Il faut courir avec style, avec une montre GPS dernier cri, en partageant sa séance sur Strava. Et si possible, pendant la pause déjeuner, au vu et au su de tous. Cette nouvelle norme insidieuse érige le sport en preuve de bonne gestion de soi — une performance de plus à afficher.
Courir entre midi et deux : créneau de la nouvelle compétition sociale
La pause méridienne est devenue un ring invisible où se joue un étrange combat : celui de l’image. Courir à midi, c’est montrer qu’on est organisé, motivé, équilibré, maître de son emploi du temps et soucieux de sa santé. Ce créneau, jadis réservé au repas ou au repos, est devenu la scène d’un théâtre de la performance.
Pour beaucoup, cette injonction est impossible : horaires décalés, enfants à récupérer, travail physique, ou simplement besoin de repos. Mais la pression demeure. La course à pied, censée être un acte de liberté, se transforme alors en rituel obligatoire, codifié, presque culpabilisant pour celles et ceux qui n’y participent pas.
Le sport comme vitrine sociale
Il ne suffit plus de courir : il faut que ça se voie. Les applis, les montres, les réseaux sociaux amplifient ce phénomène. On ne mesure plus seulement ses progrès, on met en scène sa discipline. Loin d’une pratique intime, le sport devient un outil de valorisation sociale — un peu comme avoir un bureau rangé, un smoothie vert ou une photo de montagne au coucher du soleil.
Dans le trail aussi, cette pression existe. Il faut faire ses séances, cocher les blocs, gérer sa récupération, tout en maintenant une vie pro et perso irréprochable. Pour certains, cela relève du possible. Pour d’autres, c’est une charge mentale supplémentaire.
En 2025, la course à pied n’échappe pas à la logique d’hyper-performance qui régit nos vies. Elle est devenue un symbole : celui de l’individu qui maîtrise tout, tout le temps. Mais cette norme, aussi séduisante soit-elle en apparence, exclut, épuise et dénature l’essence même du sport. Courir doit rester un choix personnel, pas une preuve sociale. Et si vous ne courez pas entre midi et deux, ce n’est pas vous qui êtes en échec… c’est peut-être le système qui l’est.
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