Encore une disparition inquiétante. Et aussitôt, les réflexes médiatiques et patriarcaux reprennent le dessus : “Mais pourquoi courait-elle seule ?”
Agathe Hilairet, 28 ans, a disparu depuis plusieurs jours dans la Vienne après être partie courir. L’inquiétude est légitime, l’émotion palpable. Mais ce qui l’est beaucoup moins, c’est la façon dont l’affaire est récupérée. Très vite, les discours sécuritaires envahissent les réseaux, les plateaux télé, les messageries familiales : “J’espère que tu ne cours jamais seule”, “tu devrais arrêter le trail”, “c’est dangereux pour une femme”.
disparition d’Agathe
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L’obsession de la responsabilité individuelle… des femmes
Ce discours n’est pas neuf. Dès qu’une femme disparaît, les projecteurs ne se tournent pas vers les causes structurelles ou les auteurs potentiels de violences, mais vers… la victime. Comme si courir dans les bois, de jour, en tenue de sport, était une provocation.
Et pourtant, les chiffres sont clairs : les agressions dans un cadre sportif extérieur sont rarissimes. Selon les données du ministère de l’Intérieur, la majorité des violences faites aux femmes se déroule dans la sphère privée, familiale ou conjugale. Comme dans l’affaire Alexia Daval. Mais ça, on en parle moins.
Faits divers + télé + réseaux = peur collective
Ce type d’affaire, aussi dramatique soit-il, devient un outil de peur quand il est transformé en feuilleton télé. On voit les drones, les battues, les interviews de voisins. Sur TikTok, les “enquêteurs du dimanche” relayent la moindre rumeur. Facebook regorge d’alertes inutiles. Le fait divers devient mythe, et le mythe nourrit la panique.
Et dans cette panique, ce sont les femmes qui trinquent. On leur répète : “Sois prudente”, “rentre avant la nuit”, “reste sur les routes”. Comme si le problème, c’était elles. Comme si leur liberté de courir seule était le vrai danger.
Courir seule n’est pas un acte inconscient. C’est un droit.
Dans une société qui valorise l’autonomie, l’endurance, l’effort individuel, il est aberrant de voir encore des femmes suspectées d’imprudence simplement parce qu’elles ont voulu courir. Ce n’est pas à elles de changer leurs habitudes. Ce n’est pas à elles de rester chez elles. C’est à la société de garantir un environnement sûr pour tout le monde.
courir libre, même seule, est un acte de résistance
Oui, la disparition d’Agathe est bouleversante. Mais non, elle ne doit pas servir à restreindre la liberté des femmes. Le trail, le jogging, la course à pied sont des espaces d’émancipation. Les transformer en zones à risque revient à céder du terrain.
Alors non, les femmes n’ont pas à renoncer. Oui, elles doivent pouvoir courir seules, la tête haute, et en paix. Et c’est à nous toutes et tous de défendre ce droit.
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