Diagonale des Fous : les Réunionnais et les elites locales se sentent dépossédés de leur course

La Diagonale des Fous et ses courses associées, comme le Trail de Bourbon et la Mascareignes, constituent depuis longtemps des événements majeurs à La Réunion, réunissant coureurs, familles et supporters dans une ambiance de ferveur locale. Cependant, ces dernières années, un sentiment d’injustice et de frustration semble s’installer chez les coureurs locaux. Plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer un déséquilibre dans la répartition des dossards entre les participants réunionnais et les coureurs extérieurs, en particulier lors de la Diagonale des Fous.

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Diagonale des Fous : des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

D’après les données d’inscription de l’édition 2024, les coureurs de La Réunion représentent une part importante des participants, mais leur proportion diminue d’année en année. Sur les 7 300 inscrits cette année, seuls 4 011 proviennent de l’île. Sur les 2 937 coureurs inscrits à la Diagonale des Fous, l’épreuve phare, seulement 1 222 sont des locaux, tandis que 1 459 viennent de métropole et 256 de l’international. Cette présence accrue de coureurs extérieurs contribue à transformer progressivement l’identité de cette course emblématique, renforçant le sentiment de dépossession chez certains Réunionnais qui voient la ferveur locale s’étioler.

La perception d’un traitement de faveur pour les élites extérieures

Bien que l’association Grand Raid ait indiqué que sur la Metis aucun traitement de faveur ne serait fait, Jean-Marie Cadet, coureur réunionnais bien connu pour son palmarès impressionnant, a récemment exprimé sa frustration suite au refus de son inscription à la Métis, une course de plus courte distance, malgré son statut d’élite locale.

Ce refus contraste avec la souplesse apparente dont bénéficieraient certaines élites internationales, qui peuvent parfois s’inscrire à la Diagonale des Fous à la dernière minute. Cette différence de traitement suscite un sentiment d’injustice parmi les coureurs locaux, qui se sentent relégués au second plan par rapport aux coureurs extérieurs.

La justification de l’organisation

Plusieurs sources indiquent que l’organisation du Grand Raid maintient une politique stricte en matière d’inscriptions et de tirages au sort. Les listes d’attente et les quotas sont encadrés de manière rigoureuse, avec des procédures contrôlées par huissier, pour garantir la transparence et l’équité entre les participants. Par exemple, lors des inscriptions de 2024, l’organisation a précisé que certaines courses, comme le Zembrocal Trail, ne passent pas par le tirage au sort pour les premières places disponibles, mais que les autres épreuves suivent un processus bien défini pour éviter tout favoritisme

Ces informations montrent que l’association cherche à équilibrer les inscriptions et à suivre une procédure structurée pour l’accès aux différents parcours du Grand Raid, y compris la nouvelle course Métis Trail, qui se veut plus accessible avec un format adapté aux coureurs moins aguerris.

Avec la diminution progressive des coureurs réunionnais, c’est toute la dynamique de l’événement qui en est affectée. Moins de familles et de supporters locaux viennent encourager les participants, ce qui réduit peu à peu la ferveur si caractéristique de la Diagonale des Fous. En 2024, certains observateurs ont même noté une présence plus importante de « zoreils » (métropolitains) que de créoles parmi les participants, une situation inédite qui pourrait modifier durablement l’esprit de cet événement réunionnais.

Pour de nombreux Réunionnais, la Diagonale des Fous devient une course de moins en moins réunionnaise, et le sentiment de dépossession grandit. À mesure que les inscriptions locales déclinent, c’est toute la symbolique et la passion autour de cet événement qui risquent de s’étioler. Le Grand Raid pourra-t-il concilier ouverture internationale et préservation de l’identité locale ? La question reste ouverte, mais elle est cruciale pour l’avenir de cette course mythique.