Que se passe-t-il si on désobéit aux préfets ?
Les annulations en dernière minute des trails de la Côte d’Opale ou de la Skyrhune ont généré une immense incompréhension et une énorme frustration, tant pour les trailers que pour les organisateurs. C’est volontairement que je prends ces deux cas, car ils sont intéressants pour la question qui nous intéressent.
Un préfet fainéant ?
En effet, dans un cas comme dans l’autre, les événements ont été annulés suite à des injonctions préfectorales. De nouveau, dans un cas comme dans l’autre, c’était difficilement compréhensible.
– Pour la Skyrhune, ça a été interdit alors même que le département n’avait aucun cas grave de covid (et de mémoire, je crois bien qu’il n’y avait pas de cas du tout, ou alors même pas dix). Ici, on avait l’impression que le préfet n’a pas envie de se prendre la tête et a tout interdit afin de ne pas trop se fatiguer.
Un préfet moqueur ?
– Pour le trail de la Côte d’Opale, tout avait été autorisé, moyennant le respect strict du protocole sanitaire. Ce qui est d’autant plus énervant ici, c’est que l’organisation du TCO a fait plus que ce qui était imposé en proposant aux personnes de se faire dépister, avec le concours d’un laboratoire. Ils ont déplacé le lieu de départ, ont tout mis en place pour respecter les distanciations sociales. Enfin, et j’attends qu’on me prouve le contraire, mais avec l’application de ce protocole, aucun cluster n’a été déclenché sur un trail.
Alors, bon dieu, pourquoi interdire le maintien d’un événement qui ne pose aucun problème ?
Les préfectures, le pouvoir jacobin déconnecté des réalités
Que ce soit avec la Skyrhune qui a été annulée sans raisons apparentes ou le TCO qui a été annulé comme un énorme doigt d’honneur, on retrouve ici le pouvoir des préfectures. On peut s’en plaindre tant qu’on veut, on n’y peut ici pas grand chose.
Mieux vaut éviter d’aller contre les préfets
La colère des organisateurs et des participants a été grande, et un sacré nombre de commentaires sur les réseaux sociaux appelaient à la désobéissance, à aller contre les injonctions préfectorales. Le problème, c’est que c’est plus compliqué qu’il n’y parait. En effet, en France, toute demande d’organisation de manifestation sur la voie publique doit être validée et autorisée par la préfecture concernée. Et si ce n’est pas autorisé, on se retrouve dans l’illégalité.
Et organiser une manifestation sans déclaration ou sans accord préalable, c’est six mois d’emprisonnement et 7500 euros d’amende.
Forcément, on comprend que ce soit un peu compliqué d’aller outre ces décisions. Et si le trail tient quand même, que des coureurs viennent et ont un accident sur place, ils ne sont pas couverts et là, l’organisation peut se retrouver dans le cadre d’une mise en danger de la vie d’autrui, voire d’homicide involontaire si, par malheur, il y a un décès pendant l’épreuve.
Pour résumer, c’est toute la responsabilité des organisateurs qui explose si un événement se tient malgré l’interdiction d’un préfet. En revanche, il est à noter que ceux qui participent à la manifestation interdite risquent moins que celui qui l’organise. C’est pour ça d’ailleurs que beaucoup appelaient à courir en off, mais pas de manière groupée.