Il y a des performances qui marquent un tournant, des tentatives qui repoussent les frontières habituelles d’une discipline, et puis il y a ce que Courtney Dauwalter a accompli ce week-end.
LA COLLECTION CAPSULE DE COURTNEY DAUWALTER EST EN VENTE SUR I-RUN
lien affilié
En s’alignant au marathon du California International Marathon, Courtney Dauxalter s’est aventurée sur un terrain qui ne pardonne rien : celui du marathon olympique.
Elle a tout donné, signé un chrono solide, mais le verdict est tombé. Ce ne sera pas suffisant pour les Jeux olympiques de 2028.
Un pari assumé, à la hauteur de son esprit libre
Courtney Dauwalter n’avait pas laissé planer le doute. Sa participation était connue, annoncée officiellement, mais sans mise en scène ni discours ambitieux. Pas de storytelling préparé, pas de stratégie de reconversion du trail à la route. Juste une envie sincère d’expérimenter autre chose, de sortir du cadre habituel, d’aller voir ce qui se passe quand on troque les montagnes contre l’asphalte. C’était elle, tout simplement.
Le marathon route, en particulier aux États-Unis, ne laisse pas de place à l’à-peu-près. Les règles du jeu sont impitoyables : courir vite, courir longtemps, et surtout, courir sous des standards chronométriques d’une sévérité extrême. L’univers du trail, même de très haut niveau, n’a rien à voir avec cette logique.
Courtney a tenté l’expérience. Elle s’est mesurée à un système taillé pour les spécialistes de la route. Elle a tout donné. Mais ce système-là n’est pas le sien.
Comment se qualifier au marathon des Jeux olympiques pour une Américaine ?
Le parcours passe obligatoirement par les U.S. Olympic Trials, organisés tous les quatre ans.
1️⃣ Pour accéder à ces Trials du cycle 2028, les athlètes doivent avoir couru un marathon en moins de 2 h 37 min 00 s (fenêtre ouverte depuis le 1er septembre 2025 et valable jusqu’à environ 45 à 60 jours avant la course).
2️⃣ À partir du 1er janvier 2027, un second chemin existe via le semi-marathon : 1 h 12 min 00 s ou mieux.
3️⃣ Mais franchir ces standards ne suffit pas : le jour des Trials, seules les trois premières obtiendront leur billet olympique, à condition d’avoir également réalisé le standard international World Athletics.
En clair : des dizaines d’Américaines peuvent réussir les minima, mais seulement trois d’entre elles prendront le départ du marathon des Jeux.
Un chrono fort… mais pas encore assez
Avec un temps de 2h38, Courtney signe une performance remarquable. C’est bien au-delà de ce que la plupart des coureurs peuvent espérer, et même très honorable à l’échelle nationale. Mais pour accéder aux U.S. Olympic Trials, il fallait franchir la ligne en moins de 2h37. Le couperet tombe pour une poignée de secondes à peine.
L’écart peut sembler minime, presque symbolique. Pourtant, dans cette course à la précision millimétrée, deux minutes, c’est un monde. Un monde d’intensité, de capacité lactique, de travail spécifique. C’est une barrière difficile à franchir, même pour une athlète d’exception.
Ce qui frappe, c’est l’amplitude de sa progression. En quelques semaines, elle a effacé plus de dix minutes sur son précédent chrono. C’est rare. C’est fort. C’est presque irréel. Mais même ce bond en avant n’a pas suffi.
L’obstacle plus haut encore des minima olympiques
Le plus dur, c’est que cette performance ne l’aurait pas encore emmenée aux Jeux. Car même avec un ticket pour les Trials, il faut ensuite viser les minima olympiques mondiaux, fixés à 2 h 26 min 50 s. Et là, l’écart se creuse. Plus de douze minutes à combler. Douze minutes de vitesse, de puissance, de rigueur. Douze minutes qui, à ce niveau, représentent des années de préparation orientée marathon.
Dans l’univers de l’ultra, on gagne à l’endurance, au mental, à l’économie d’effort sur la durée. En marathon olympique, on joue sur la filière lactique, le seuil anaérobie, la capacité à maintenir une allure impitoyable. Ce n’est pas le même sport. Ce n’est pas la même science du corps.
Une tentative fidèle à ce qu’elle est
Ce résultat n’a rien d’un échec. Courtney ne s’est pas lancée dans ce défi avec une stratégie de qualification millimétrée. Elle n’a pas changé de camp. Elle n’a pas abandonné les sentiers. Elle a juste voulu tester ses limites, là où elle ne les avait encore jamais confrontées. Et c’est ce qui rend son geste si fort.
Elle reste cette athlète insaisissable, curieuse, libre. Celle qui préfère l’exploration à la spécialisation, l’inconnu à la routine. Celle qui, après avoir conquis toutes les grandes courses de trail au monde, ne voit pas l’intérêt de se cantonner à ce qu’elle sait faire.
Ce marathon n’était pas un aboutissement. C’était une virgule. Un épisode. Un clin d’œil à la discipline reine de la course sur route, avant de replonger dans les grands espaces.
D’ailleurs, le rendez-vous est déjà pris : elle sera au départ de la Hardrock 100 en 2026. Et ce sera face à Katie Schide. L’affiche est lancée, et les montagnes l’attendent.
Il faut être clair : Courtney ne sera pas aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028.
Elle n’est pas qualifiée pour les Trials aujourd’hui, même si elle pourra retenter d’ici là. Et même avec un nouveau record personnel, l’écart avec les standards mondiaux reste immense.
Mais au fond, est-ce vraiment ce qu’elle cherchait ? Les JO, c’est le triomphe de la norme, de la performance calibrée, de la logique du podium. Courtney, elle, s’inscrit dans une autre histoire. Une trajectoire faite de liberté, d’intuition, de courses où l’on parle de kilomètres verticaux, de barrières horaires et de gestion d’altitude.
En résumé, ce qu’on retiendra, c’est que Courtney Dauwalter a osé
Elle n’avait rien à prouver. Elle n’avait rien à gagner. Elle l’a fait quand même. Et ce simple fait suffit à rappeler pourquoi elle est devenue l’une des figures les plus aimées du trail mondial.
Elle a osé aller là où on ne l’attendait pas. Elle a montré qu’une traileuse pouvait défier les codes du marathon, même en sachant que la marche était immense.
Et surtout, elle n’a pas renoncé à ce qui fait son essence. Elle reviendra sur les sentiers. Sur les cent miles. Dans l’effort long, intense, sauvage. Là où elle est chez elle. Là où elle inspire vraiment.






