Courir l'UTMB en moins de 19 heures sera bientôt possible

record UTMB
L’UTMB peut-il devenir une course de vitesse

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On a pris le temps de lire la longue interview publiée par Outside sur l’avenir de l’UTMB. Et franchement, elle mérite qu’on s’y attarde. Loin d’un simple exercice de communication, ce papier donne la parole à trois figures clés : Isabelle Viseux-Poletti, directrice de l’événement, Fabrice Perrin, en charge du développement durable chez UTMB Group, et Vincent Bouillard, vainqueur 2024. Ensemble, ils tracent les grandes lignes d’un UTMB en pleine mutation. Un UTMB qui n’a pas peur d’évoluer, quitte à bousculer ceux qui rêvent encore d’un trail plus confidentiel, plus “authentique”.

Oui, le format a changé. Oui, les critiques sont nombreuses. Mais derrière les polémiques, il y a aussi une vision claire : celle d’un événement qui veut rester à la hauteur de sa légende, sans rester figé dans le passé. Une course qui avance, et qui assume d’ouvrir une nouvelle ère.

record marathon # record UTMB

Pendant longtemps, courir un marathon en moins de deux heures relevait du fantasme.

Cette distance mythique de 42,195 km semblait être une barrière infranchissable pour le corps humain. Jusqu’au jour où un homme a changé la donne.

En octobre 2019, Eliud Kipchoge est devenu le premier à passer sous la barre symbolique, avec un chrono de 1h59min40s lors du INEOS 1:59 Challenge à Vienne. L’événement, organisé dans des conditions ultra-optimisées (lièvres rotatifs, ravitaillement sur vélo, parcours plat), n’a pas été reconnu officiellement. Mais l’image a marqué l’histoire du sport : oui, c’était possible.

Le record du monde officiel, validé cette fois par World Athletics, appartient désormais à Kelvin Kiptum, auteur d’un 2h00min35s au marathon de Chicago en 2023, sur un parcours homologué et en compétition ouverte. Avant lui, Kipchoge détenait le précédent record avec 2h01min09s, établi à Berlin en 2022.

Ces performances ont redéfini les limites humaines sur route. Et aujourd’hui, c’est le trail qui semble s’apprêter à vivre sa propre révolution.

Les 100 miles de l’UTMB (environ 171 km autour du Mont-Blanc) pourraient bientôt être courus en moins de 19 heures, voire en dessous des 18 heures. Pour Vincent Bouillard, vainqueur de l’édition 2024, cette frontière n’est plus théorique — elle est à portée de jambes.

Le record actuel, établi par Jim Walmsley en 2024, est de 19h37. Il semblait intouchable… jusqu’à ce que la progression collective du peloton élite, l’amélioration du matériel et la sophistication de l’entraînement remettent les compteurs à zéro. Déjà en 2017, François D’Haene avait frôlé les 19 heures sur une version légèrement raccourcie du parcours (19h01).

Pour Bouillard, la tendance est claire : comme le marathon avant lui, l’UTMB va connaître sa bascule. Ce n’est plus seulement une course d’endurance. C’est devenu un test de vitesse, de résilience, et de précision. La question n’est plus « si », mais « quand ».

Le trail, ce n’est plus juste une affaire de résistance

Pour Bouillard, ingénieur chez Hoka et traileur de haut niveau, la clé ne réside pas dans une “super chaussure” mais dans tout ce qui entoure l’entraînement. L’amélioration des charges de travail, la récupération invisible, le suivi scientifique de la forme et les progrès logistiques transforment les athlètes modernes. Ils courent plus, récupèrent mieux, encaissent davantage d’intensité. Et surtout, ils le font toute l’année. Le trail devient une discipline de précision, où chaque minute grattée au ravito ou économisée grâce à un amorti intelligent compte.

Même si les innovations techniques pèsent — semelles plus confortables, matériaux plus légers, textiles thermorégulants —, c’est la manière de s’entraîner qui bouleverse tout. Le corps résiste mieux. Le mental suit. Et l’allure grimpe.

Un mur symbolique prêt à tomber

Dans cette logique, l’idée d’un UTMB bouclé en 18h30, voire moins, ne relève plus de la science-fiction. Ce qui, hier encore, ressemblait à un exploit de survie devient une course contre le chrono. Une mutation profonde, où le trail flirte avec les standards de la route. Chamonix devient alors le théâtre d’une accélération collective : un coureur tire l’autre, un groupe pousse le tempo, et la légende évolue.

Comme Kipchoge à Vienne, il y aura un avant et un après le coureur qui franchira la ligne sous les 19 heures. Ce sera un tournant. Et ce tournant n’est peut-être plus si loin.

Chamonix, laboratoire du trail moderne

L’UTMB n’est plus seulement une épreuve. C’est un banc d’essai à ciel ouvert, où se croisent les plus grands athlètes, les meilleures marques et les idées les plus ambitieuses. Vincent Bouillard, à la fois coureur et ingénieur, incarne cette double lecture du sport : performance et innovation. Il le dit lui-même, les modèles d’hier ne suffisent plus. Il faut penser en continu, remettre en question les schémas classiques. Et surtout, anticiper. Car le climat, lui aussi, change la donne.

Le glacier de Tête Rousse, par exemple, devient instable. Des variantes de parcours seront bientôt inévitables. Il faudra courir plus vite, mais aussi plus malin. Gérer la chaleur, la boue, les orages. Le record de demain ne tombera pas juste à la force des jambes, mais à celle de toute une approche holistique du trail.

Une nouvelle ère s’ouvre

La promesse d’un UTMB couru en 18 heures et des poussières bouleverse notre regard sur la discipline. Le trail n’est plus uniquement une aventure au long cours. Il devient un test d’explosivité prolongée, un équilibre entre stratégie, audace et gestion de l’effort. Dans ce contexte, la frontière entre ultra-endurance et performance pure s’efface doucement.

Et le jour où cette frontière cédera, ce ne sera pas qu’un record de plus sur une fiche. Ce sera un moment historique, fondateur, comme un drapeau planté à la croisée des mondes. Un jour où le trail aura définitivement changé de visage.

Résumé

Le trail pourrait bientôt vivre sa propre révolution chronométrique, à l’image du marathon passé sous les deux heures. En 2019, Eliud Kipchoge avait marqué l’histoire en courant 42,195 km en 1h59, mais dans des conditions non homologuées. Depuis, Kelvin Kiptum détient le record officiel avec 2h00min35s (Chicago, 2023).

Aujourd’hui, l’UTMB se rapproche d’un tournant similaire. Jim Walmsley a établi en 2024 le record officiel en 19h37 sur les 171 km autour du Mont-Blanc. Mais pour Vincent Bouillard, vainqueur de cette même édition, ce n’est qu’un début : la barrière des 19 heures pourrait bientôt tomber. Et peut-être même celle des 18.

Ce changement ne repose pas sur une chaussure miracle, mais sur une transformation globale du haut niveau en trail : meilleure récupération, préparation scientifique, équipements plus efficaces, élite plus dense… L’UTMB, jadis épreuve d’endurance extrême, devient une course de vitesse.

Chamonix est désormais le théâtre d’une mutation profonde de la discipline. Le trail change de visage. La question n’est plus « si », mais « quand ».

FAQ 1 : record du marathon sous les deux heures

Qui est le premier homme à avoir couru un marathon en moins de 2 heures ?

Eliud Kipchoge a franchi cette barrière symbolique en 1h59min40s lors du INEOS 1:59 Challenge en 2019 à Vienne. Cette performance, bien que spectaculaire, n’est pas homologuée comme record officiel.

Pourquoi ce chrono n’est-il pas reconnu officiellement ?

Le défi de Kipchoge a été réalisé dans un environnement contrôlé, avec lièvres rotatifs, ravitaillement optimisé et conditions idéales. Cela contrevient aux règles de World Athletics qui exigent une compétition ouverte.

Quel est le record du monde officiel sur marathon ?

C’est Kelvin Kiptum qui détient le record officiel depuis 2023, avec un temps de 2h00min35s réalisé au marathon de Chicago. Il a ainsi battu le précédent record de Kipchoge.

Et chez les femmes ?

Le record mondial féminin est détenu par Tigst Assefa en 2h11min53s, réalisé à Berlin en 2023. Elle a pulvérisé l’ancien record de Brigid Kosgei (2h14min04s, Chicago 2019).

Pourquoi parle-t-on d’un parallèle avec l’UTMB ?

Tout comme le marathon a longtemps eu son plafond symbolique à deux heures, l’UTMB pourrait avoir le sien autour de 18 ou 19 heures. Aujourd’hui, le record officiel est détenu par Jim Walmsley en 19h37, et plusieurs voix, comme Vincent Bouillard, estiment que la limite est prête à tomber.

FAQ 2 : tout savoir sur les records de l’UTMB

Quel est le record actuel de l’UTMB ?

Le record officiel est détenu par Jim Walmsley, qui a remporté l’édition 2024 en 19 heures et 37 minutes. Il est à ce jour le seul à avoir bouclé l’UTMB en moins de 20 heures sur le parcours complet.

Qui détenait le record avant Jim Walmsley ?

Avant Walmsley, plusieurs références servaient de repères :

François D’Haene avait réalisé 19h01 en 2017, mais sur un parcours légèrement raccourci cette année-là.
En 2021, François D’Haene avait aussi gagné en 20h45, sur le parcours complet, en battant Aurélien Dunand-Pallaz (21h10).

Pourquoi le chrono de François D’Haene en 2017 n’est-il pas reconnu comme record absolu ?

Le parcours de 2017 avait été modifié en raison de mauvaises conditions météo : certaines portions techniques avaient été contournées, réduisant légèrement la distance et/ou le dénivelé. Son 19h01 est donc remarquable, mais pas tout à fait comparable aux autres éditions.

Quel est le record féminin de l’UTMB ?

Le record féminin est détenu par Courtney Dauwalter, qui a remporté l’édition 2023 en 23h29. Elle a ainsi effacé des tablettes le précédent record de Rory Bosio (22h37 en 2013), mais là encore, le parcours n’était pas strictement identique.

Peut-on vraiment comparer les chronos d’une année à l’autre ?

Pas totalement. Même si le tracé officiel est censé rester identique, l’UTMB reste une course en montagne, soumise à des modifications de parcours, à des conditions météo changeantes (pluie, chaleur, neige, vent), à des ajustements logistiques… Chaque édition a donc ses propres variables, ce qui rend les comparaisons délicates.

À quelle vitesse moyenne faut-il courir pour passer sous les 19 heures ?

Pour terminer l’UTMB (environ 171 km et 10 000 m D+) en 18h59, il faudrait maintenir une vitesse moyenne supérieure à 9 km/h, soit environ 6 minutes 40 au kilomètre. Cela inclut les montées, les descentes techniques, les ravitaillements et les pauses. Autrement dit : un exploit.

Y a-t-il eu une tentative « officielle » de record comme dans le marathon ?

Non. Contrairement au marathon, où des événements comme le INEOS 1:59 Challenge ont été conçus pour battre des records dans des conditions contrôlées, l’UTMB reste une course classique, avec une ligne de départ ouverte à tous les concurrents, une météo incertaine et un parcours très exigeant. Les performances sont donc toujours réalisées en conditions réelles.

Un chrono sous les 18 heures est-il possible ?

Selon Vincent Bouillard, vainqueur 2024, cela pourrait arriver dans les prochaines années. L’amélioration de l’entraînement, des stratégies de course, du matériel, et le niveau toujours plus dense de l’élite masculine rendent un tel exploit plausible, mais pas encore réalisé.

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