Courir en couple
Notre journaliste prépare la CCC by UTMB© 2025, pendant que sa femme se prépare à courir l’ETC. Pour vous accompagner « on the road to CCC », cette fois-ci, on s’intéresse à un aspect souvent négligé mais déterminant dans la réussite d’un objectif long : l’organisation à deux. Parce que partager un projet de course en couple, c’est bien plus que courir ensemble.
Courir en couple
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Courir en couple, poser les bases : un projet commun, mais deux personnes différentes
Quand on prépare une course exigeante à deux, il est essentiel de commencer par s’aligner sur un point simple, mais souvent oublié : ce projet doit parler aux deux. Pas forcément de la même manière, pas avec les mêmes envies, ni la même intensité. Mais il doit être choisi, et non subi.
Préparer l’ETC ou la CCC demande de l’engagement, de l’énergie, du temps. Ce sont autant d’heures qui seront prises sur les soirées, les week-ends, parfois sur les vacances. Mieux vaut clarifier rapidement comment chacun envisage cette aventure. Et se rappeler que le couple, ce n’est pas un binôme de performance : c’est un espace de soutien.
Il peut être utile de poser ensemble quelques principes simples pour éviter que les tensions ne s’accumulent en silence :
- L’autre n’est pas un miroir de comparaison.
- Il est normal d’avoir envie de ralentir ou de faire différemment.
- Le couple doit rester plus important que l’objectif sportif.
Ces accords n’ont pas besoin d’être formels. Mais les avoir verbalisés évite bien des malentendus quand les semaines deviennent plus intenses.
Astuce :
Écrire chacun trois phrases : ce que l’on attend de cette course, ce que l’on redoute, ce dont on aura besoin. Les échanger, en parler, et les garder pour plus tard.
S’entraîner ensemble… ou s’aider à s’entraîner
L’image romantique du couple qui court main dans la main sur un sentier de montagne est belle. Mais dans la réalité d’une préparation longue et exigeante, elle est rare — et pas forcément idéale. Car s’entraîner à deux ne signifie pas forcément faire toutes les séances ensemble.
Quand les niveaux ou les objectifs diffèrent, il existe de nombreuses façons de partager sans se brider :
- Faire un échauffement commun, puis chacun part sur son rythme.
- Courir sur un itinéraire en allers-retours, pour se croiser régulièrement.
- Ajouter une boucle à la fin pour le plus rapide, ou terminer ensemble après des portions séparées.
Mais s’entraîner « en couple », c’est aussi, et peut-être surtout, permettre à l’autre de s’entraîner. Quand l’un part courir, l’autre peut gérer le repas, s’occuper des enfants, faire tourner une machine de linge technique. Ce soutien logistique, silencieux mais précieux, fait toute la différence.
Et il faut l’avouer : parfois, c’est aussi un soulagement de courir seul. D’avoir ce moment pour soi. Le plus important est d’en parler, de l’ajuster, de ne pas laisser de place à des interprétations négatives.
Astuce :
Prévoir à l’avance qui « tient la maison » pendant que l’autre court permet d’éviter les tensions et les malentendus. Un petit planning clair vaut mieux qu’une liste de reproches implicites.
Répartir la charge mentale : s’entraîner, c’est aussi penser à tout
Quand deux personnes s’entraînent pour une course, les baskets ne sont pas les seules à chauffer. Il y a aussi les listes dans la tête : « Est-ce que les gourdes sont propres ? », « Qui a fait sécher les vêtements de trail ? », « On a prévu quoi à manger après la sortie longue ? »
Souvent, sans qu’on s’en rende compte, une seule personne endosse l’organisation invisible. Et ça use. Il est donc essentiel de répartir cette charge mentale, et pas uniquement les kilomètres.
Cela passe par des choses très concrètes :
- Alterner la préparation des sacs.
- Tourner sur la gestion des repas.
- Faire une liste commune des indispensables à vérifier chaque semaine.
Et surtout, s’autoriser à lâcher prise : tout n’est pas grave si ce n’est pas parfait. Mais tout devient lourd si ce n’est jamais partagé.
Conseil :
Une astuce simple : un tableau sur le frigo avec les choses à penser pour la semaine (ravito, lessive, logistique de la sortie longue, etc.). Chacun coche au fur et à mesure. Moins de charge mentale = plus d’énergie pour courir.
Récupérer ensemble : un temps aussi important que l’entraînement
La récupération ne concerne pas que le physique. C’est aussi une façon de retrouver un rythme ensemble, de s’apaiser après des journées bien remplies. Là encore, le fait d’être deux peut devenir une force… à condition de ne pas se marcher dessus.
Après une grosse sortie, il est précieux de pouvoir souffler sans avoir à justifier son besoin de calme. Mais il est tout aussi précieux de sentir que l’autre a anticipé ce besoin. Un plat réconfortant, un moment tranquille, une lumière douce, un petit mot laissé sur la table… autant de détails qui renforcent la sensation d’être soutenu.
Et quand les deux rentrent rincés, le plus simple est souvent le mieux. Une douche chaude, un plat simple, un moment silencieux sur le canapé. La récupération, ce n’est pas toujours un rouleau de massage ou une séance de stretching. C’est parfois juste un instant de paix à deux.
Astuce :
Créez ensemble un mini « rituel de récup » : un plat fétiche, une playlist apaisante, une boisson spéciale… Le cerveau aussi a besoin de routine pour récupérer. Demander à l’autre ce qu’il ou elle apprécie pour sa récupération, ou comme type de massage permet de favoriser le rapprochement.
Motivation croisée : encourager sans comparer
Quand on partage un projet d’endurance, il y a des hauts et des bas. Et rarement en même temps. L’un peut se sentir fort, l’autre épuisé. L’un enchaîne les séances, l’autre se blesse. Dans ces moments-là, il est facile de glisser dans la comparaison. Ou dans le silence.
Mais le couple peut aussi devenir un moteur puissant. Parce qu’on s’encourage. Parce qu’on célèbre les petits succès, même invisibles. Parce qu’on est fier de l’autre, sincèrement, même si soi-même on galère.
Encourager sans juger, soutenir sans infantiliser, motiver sans imposer : c’est un vrai art, qui se cultive à deux.
Conseil :
À la fin de chaque semaine, prenez 5 minutes pour vous dire mutuellement ce que vous avez apprécié dans l’attitude de l’autre. Pas « t’as bien couru », mais plutôt « j’ai aimé que tu m’aies laissé dormir après ma sortie », ou « merci d’avoir préparé les flasques ce matin ».
Partager une préparation en couple, ce n’est pas un luxe. C’est un défi. Mais c’est aussi une immense richesse quand on trouve le bon rythme. S’entraider, se soutenir, s’ajuster : autant de gestes simples qui rendent cette aventure plus douce, plus forte, plus humaine. Et au bout du chemin, deux lignes d’arrivée — mais une seule victoire, partagée.
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