Depuis quelques années, ça n’aura échappé à personne, partout où il y a un sentier et un peu de dénivelé, on trouvera quelqu’un pour y organiser un trail.
De manière générale, c’est souvent le même triptyque qui va se dégager.
Trail : les coureurs paient pour profiter de la montagne
On aura d’un côté les coureurs qui, partant du principe qu’ils ont payé, s’octroient plus de droits que de raison.
Trail : la montagne appartient aux organisateurs
D’un autre côté, on aura les organisateurs, qui auront flairé la poule aux œufs d’or et qui souhaiteront un maximum de rentabilité.
Trail : la montagne corse appartient aux corses
Enfin, entre l’offre et la demande, on trouvera les héritiers d’Astérix, irréductibles rebelles un peu conservateurs (entendons-nous, je ne trouve pas ça nécessairement négatif), tantôt défenseurs de leur environnement, tantôt fermés par principe. Ces irréductibles se retrouvent un peu partout, avec plus ou moins de force, de manière plus ou moins constructive. Et c’est dans ce contexte qu’un incident a eu lieu en Corse.
Au vu de la beauté et de la multiplicité des paysages, il n’est pas étonnant que les courses organisées soient de plus en plus nombreuses et brassent de plus en monde de coureurs. Ce business, certes juteux, ne fait pas que des heureux, si bien que des personnes, sur le site de l’Ospedale, ont exprimé leur mécontentement via des tags on ne peut plus explicites et légèrement menaçants.
De manière générale pourtant, l’environnement semble plutôt respecté en Corse, selon la presse locale, laquelle ne comprend alors pas ce procès d’intention. En tout état de cause, que ce soit le cas ou non, la question que cela pose est toujours la même.
Le problème est qu’il est excessivement difficile de répondre de manière rationnelle sans faire une réponse de normand. Et pour cause, ne faire qu’un choix a quelque chose d’égoïste, mais aussi de suicidaire.
Le trail fait partie d’une logique de développement économique indubitable (on peut s’en lamenter ou s’en réjouir, mais difficilement le contester) qui peut profiter à toute une région. Il va de soi que ça ne peut se faire que dans la concertation afin d’embarquer un maximum d’acteurs locaux dans l’aventure. En d’autres termes, la montagne appartient aussi bien aux uns qu’aux autres à partir du moment où ils y vivent…
Alors, je peux comprendre dans un sens que les locaux soient inquiets par l’implémentation d’un trail pour l’écosystème local (de surcroît quand on voit par exemple le bilan carbone d’un événement comme l’UTMB). Et c’est pour ça que les organisateurs doivent allier cette volonté de développement intérieur avec la garantie qu’ils ne vont pas altérer l’environnement. Soit dit en passant, altérer l’environnement reviendrait pour les organisateurs à scier la branche sur laquelle ils sont assis. Aussi, ils n’ont aucun intérêt à faire ça. Et pour cause, ce qui pousse les gens au trail est notamment la recherche de ces endroits naturels et sauvages…
A partir du moment où l’on acte que la montagne appartient à tous ceux qui y habitent, que faut-il faire de ces tags menaçants ? Idem, c’est tout un débat de société qui est interrogé.
On aura d’un côté ceux qui penseront qu’il faut traiter cela avec indifférence dans la mesure où ce n’est que le fruit d’une minorité. Pour moi, mettre la poussière sous le tapis revient juste à faire l’autruche et à faire l’économie d’une réflexion.
D’autres auront tendance à généraliser la pensée de cette minorité. Idem, partir du principe qu’ils pensent tous la même chose n’est ni vrai, ni constructif.
Alors, la solution se trouve peut-être de nouveau entre les deux