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Courir en pleine nature pendant la saison de la chasse : faut-il vraiment se renseigner avant de partir ?
Certains vous diront d’appeler la mairie. D’autres, de consulter la fédération de chasse. D’autres encore, de “vous adapter”.
Mais dans les faits, il est quasiment impossible de savoir où ont lieu les battues.
Et surtout, ce n’est pas à vous de deviner. La loi est claire : c’est au chasseur d’assurer la sécurité, pas au coureur de mener l’enquête.
🚨 Ne vous laissez pas faire. Vous avez le droit d’aller courir librement.
Sans prévenir qui que ce soit. Sans appeler toutes les mairies. Sans consulter les chasseurs.
La loi est avec vous. Et on va vous montrer pourquoi.
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Si vous voulez vraiment vous renseigner… avant d’aller courir pendant la saison de la chasse…
mairies
Vous pourriez tenter de contacter les mairies. Mais dans la grande majorité des cas, elles ne sont pas informées des battues à venir, et ne sont pas responsables de les signaler.
fédérations de chasse
Vous pourriez chercher sur les sites des fédérations départementales de chasse : là encore, aucune plateforme officielle, exhaustive ou mise à jour en temps réel n’existe.
préfectures
Quant aux préfectures, elles ne publient que les arrêtés d’ouverture et de fermeture de la saison, pas les opérations ponctuelles.
Bref, même si vous vouliez bien faire… c’est mission impossible.
Une enquête du Sénat (2022) confirme qu’aucun dispositif national de signalement des battues n’est prévu par la loi, et que les communes n’ont pas l’obligation d’en assurer la publicité.
…Mais vous n’avez aucune obligation de vous renseigner avant la chasse faire
Et c’est bien là l’essentiel. Ce ne sont ni la loi, ni le bon sens, ni la morale qui imposent à un coureur de s’informer avant d’entrer en forêt.
Ce n’est pas à vous de prévenir, mais à celui qui manipule une arme de signaler, sécuriser et protéger les autres usagers.
Un flou administratif entretenu
Les chasseurs aiment répondre : « pour cohabiter, il suffit de se renseigner la veille ».
Très bien. Mais auprès de qui ?
* Pas des mairies : elles ne sont pas titulaires des droits de chasse et n’ont pas la compétence sécurité.
* Pas de la préfecture : elle fixe uniquement les dates de la saison.
* Pas des fédérations : elles coordonnent les pratiques, mais n’ont aucune obligation légale d’informer le public sur les lieux précis de chasse.
En réalité, les seules personnes au courant d’une battue sont les organisateurs eux-mêmes — souvent des associations communales —, et encore : leurs calendriers changent parfois la veille pour le lendemain.
Il n’existe aucun registre national, ni plateforme publique, ni carte officielle mise à jour en temps réel (OFB, 2023).
Autrement dit : demander aux coureurs de « se renseigner » revient à leur imposer une tâche impossible.
Une idée totalement déconnectée du terrain
Dans les zones rurales, une sortie trail traverse parfois trois, quatre ou cinq communes.
Faudrait-il appeler chacune d’elles avant de partir ?
Et comment faire quand les secrétariats ferment à midi, que les battues sont décidées le matin même, ou qu’aucun interlocuteur ne sait répondre avec certitude ?
Le trail, c’est aussi la spontanéité : on sort courir à 14 h, entre deux averses ou entre deux réunions.
Imaginer qu’un citoyen doive faire un tour de standard téléphonique avant d’aller respirer en forêt relève de l’absurde.
Ce que dit le droit
Le Code de l’environnement (article L.424-4) et la jurisprudence sont explicites :
👉 c’est au chasseur, et à lui seul, d’assurer la sécurité de son action.
Les organisateurs de battues ont l’obligation de :
* signaler clairement les zones concernées ;
* installer des panneaux temporaires « Chasse en cours » (arrêté du 1er août 1986) ;
* respecter les distances de sécurité vis-à-vis des chemins et habitations.
Aucun texte n’impose aux promeneurs, randonneurs ou traileurs de se renseigner avant de sortir.
Le principe de partage des espaces naturels (article L.360-1 du Code de l’environnement) reconnaît explicitement que les forêts et chemins ruraux sont accessibles à tous les usagers, dans le respect mutuel.
Autrement dit : ce n’est pas à celui qui court de s’adapter à celui qui tire, mais à celui qui tire de sécuriser sa pratique.
Un renversement de responsabilité
L’idée selon laquelle les sportifs devraient « vérifier » est un renversement commode de la charge.
Elle permet aux chasseurs de se défausser : si accident il y a, on dira que le coureur « n’avait qu’à se renseigner ».
C’est une manière subtile de culpabiliser les victimes potentielles et de transformer un problème de sécurité en problème de communication.
Mais en droit comme en morale, la responsabilité revient toujours à celui qui crée le risque.
Un chasseur manipule une arme à feu : c’est à lui de savoir où, quand et comment il tire, pas au traileur de deviner sa présence.
Selon l’Office français de la biodiversité (OFB), la chasse cause encore **78 accidents par an en moyenne**, dont **environ 7 mortels** (saison 2023-2024).
Dans 90 % des cas, l’accident touche… un autre chasseur.
Preuve que même au sein de leur propre milieu, la signalisation et la vigilance font défaut.
Aucune loi ne vous oblige à vérifier quoi que ce soit avant d’aller courir. Ce sont les chasseurs qui doivent signaler leur présence, pas les coureurs qui doivent jouer à Sherlock Holmes.
En résumé, courir est un droit, pas une permission
Les chemins de randonnée, GR, PR, et sentiers forestiers sont des voies publiques ou d’usage collectif.
Leur accès est garanti, même lorsqu’ils traversent des parcelles privées, tant qu’ils ne sont pas explicitement fermés (Code rural, art. L.161-1).
La nature n’appartient pas aux chasseurs : elle appartient à tous.
La seule obligation du coureur, c’est de respecter les lieux, les personnes et la réglementation générale — rien de plus.
Et s’il doit s’arrêter, ce n’est pas pour téléphoner à une mairie, mais parce qu’un panneau « Chasse en cours » lui indique clairement qu’il entre sur une zone temporairement dangereuse.
En clair : aucun texte, aucune logique, aucun devoir ne vous impose de vérifier avant d’aller courir.
C’est au chasseur de signaler sa présence, pas à vous de deviner la sienne.
FAQ : courir pendant la saison de la chasse
Est-ce que je dois me renseigner avant d’aller courir en forêt ?
Non. La loi n’impose aucun devoir d’information préalable au coureur. C’est au chasseur de signaler sa présence et de sécuriser sa zone de tir. Aucune autorité (mairie, préfecture, fédération) ne peut vous indiquer précisément où se trouvent les battues.
Où peut-on courir pendant la saison de la chasse ?
Partout où l’accès est public : GR, PR, sentiers communaux ou forestiers, y compris en forêt privée si le chemin est d’usage collectif. Seuls les panneaux temporaires « Chasse en cours » ou les interdictions explicites (barrières, arrêtés municipaux) peuvent vous contraindre à rebrousser chemin.
Comment savoir s’il y a une battue ?
En théorie, les organisateurs doivent poser des panneaux visibles et lisibles à l’entrée de la zone. En pratique, ces panneaux sont parfois absents, mal placés ou installés tardivement. Il n’existe aucune carte officielle ni application centralisée recensant les battues en France.
Qui est responsable en cas d’accident entre un chasseur et un coureur ?
Le Code de l’environnement et la jurisprudence sont clairs : c’est le chasseur qui porte l’entière responsabilité de sécuriser son action. Il doit respecter les distances de sécurité, signaler la battue et vérifier sa ligne de tir. Le traileur n’a aucune obligation de “se renseigner”.
Peut-on interdire la chasse le dimanche ?
Des associations militent pour un « dimanche sans chasse », mais ce n’est pas inscrit dans la loi à ce jour. La chasse est autorisée 6 à 7 jours par semaine selon les départements, et seuls des arrêtés préfectoraux peuvent en limiter les jours ou horaires localement.
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