Ecouter cet article sur cet accident de chasse de 10 octobre 2025
À Précigné, dans la Sarthe, une famille a vu son chaton attaqué et tué par des chiens de chasse. Un fait divers qui relance le débat sur la cohabitation entre riverains, coureurs, promeneurs… et chasseurs.
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Un accident de chasse en bordure de terrain privé
Les faits se sont produits le vendredi 10 octobre 2025, dans le hameau des Châtaigniers, sur la commune de Précigné. Alors qu’une battue au sanglier était en cours sur un terrain privé, des chiens de chasse ont franchi la haie séparant la parcelle voisine. Dans le jardin d’une maison habitée, ils ont violemment attaqué un chaton de six mois, Aïko, sous les yeux de la mère et du fils.
Malgré l’intervention rapide du jeune homme, qui a tenté de repousser la meute, l’animal n’a pas survécu. Il a été transporté chez un vétérinaire à Sablé-sur-Sarthe, qui n’a rien pu faire pour le sauver. Une plainte a été déposée, et la gendarmerie s’est rendue sur place pour relever les identités des chasseurs.
Un choc pour la famille, une réaction qui interroge
La famille endeuillée a exprimé sa tristesse, mais aussi son incompréhension. Selon ses membres, les chasseurs n’auraient montré aucun regret, affirmant que le chaton « n’avait pas à être là ». Une position perçue comme déplacée par les riverains, qui rappellent que l’animal se trouvait sur sa propriété au moment des faits.
Dans ce contexte, plusieurs questions reviennent : les chiens étaient-ils suffisamment encadrés ? Les abords des habitations sont-ils suffisamment protégés ? Et plus largement, quelles garanties ont aujourd’hui les personnes qui vivent, marchent ou courent près des zones de chasse ?
Ce que dit la loi
En matière de distance minimale de sécurité, l’article L.422-10 du Code de l’environnement prévoit une interdiction de chasse dans un rayon de 150 mètres autour des habitations… mais uniquement dans les communes où existe une Association communale de chasse agréée (ACCA). Ce n’est pas le cas dans la Sarthe, où la plupart des terrains sont gérés par des sociétés de chasse privées. Ces dernières fixent leurs propres règles, dans le cadre légal en vigueur.
Selon le technicien cynégétique en charge du secteur, l’équipe de chasse concernée n’était pas connue pour ce type d’incident. Il évoque un événement isolé, « bouleversant », qui nécessitera une enquête plus poussée.
Et pour les coureurs, quelle sécurité ?
Pour de nombreux pratiquants de la course à pied et du trail, cette affaire rappelle une inquiétude récurrente : la peur d’une mauvaise rencontre en forêt, notamment en période de chasse. S’il s’agit ici d’un chaton, l’agressivité d’une meute non maîtrisée peut également poser problème pour les randonneurs, vététistes ou joggeurs.
Les témoignages de coureurs dérangés ou intimidés pendant une sortie sont nombreux. Mais les accidents graves sont rares, ce qui rend le sujet difficile à traiter sur le plan juridique. Pourtant, cette affaire montre que la question n’est pas anodine : peut-on pratiquer son sport librement sans se demander à chaque croisement de sentier si une battue est en cours ?
Une cohabitation à mieux encadrer ?
En attendant les suites judiciaires de l’affaire, la famille d’Aïko espère que leur témoignage servira à faire évoluer les règles. Plus de communication, une meilleure signalisation, des limites plus claires entre propriétés et zones de chasse : autant de pistes évoquées régulièrement, sans réelles avancées.
À l’automne, la nature attire autant les chasseurs que les coureurs. Raison de plus pour ouvrir le débat et repenser une cohabitation apaisée, où chacun peut évoluer sans craindre pour sa sécurité… ni celle de ses proches, à deux ou quatre pattes.
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