À Éréac dans les Côtes-d’Armor, une enfant de 10 ans a été touchée à la cuisse lors d’une battue au sanglier. La balle aurait ricoché.
Ce n’est pas la première fois que des tirs de chasse ricochent sur des promeneurs ou des coureurs et ce n’est pas la première fois que uTrail s’inquiète du problème des ricochets et du danger qu’ils représentent pour les pratiquants de sports nature.
Une fille de 10 ans se prend une balle en pleine chasse, voici un livre pour apprendre à tirer
Antécédents d’accidents de chasse par ricochet
En 2015, Samuel Rinaudo, 20 ans, est mort d’une balle dans la poitrine alors qu’il marchait sur un chemin dégagé, en pleine journée. Le chasseur avait plaidé le ricochet. À Roquefort, une balle a traversé une salle de jeux remplie d’enfants. En Dordogne, un homme a été blessé à l’abdomen. Et cette fois, c’est une fillette de 10 ans qui s’est retrouvée hospitalisée. Jusqu’où faudra-t-il aller pour prendre ce danger au sérieux ? Le ricochet n’est pas un prétexte : c’est un projectile réel, imprévisible et potentiellement mortel.
Une fille touchée en pleine chasse, circonstances de cet accident de chasse par ricochet
Une chasse au chevreuil qui bascule en battue au sanglier
Les faits se sont produits le 11 novembre 2025, à Éréac, dans les Côtes-d’Armor. Une vingtaine de chasseurs se rassemblent pour une battue au chevreuil. Une enfant de 10 ans accompagne son père, en gilet fluo. Rien, a priori, ne sort de l’ordinaire. Sauf qu’en pleine action, des sangliers sont repérés. En quelques minutes, les consignes changent. On abandonne le petit gibier, on passe aux munitions plus lourdes. Les plombs sont remplacés par des balles.
C’est à ce moment que l’accident survient. Une balle part, ricoche, et vient frapper la fillette à la cuisse. Le tireur, un homme d’une soixantaine d’années, parle d’un tir fichant. Mais le projectile n’a pas suivi sa ligne. Il a dévié. Et il a trouvé une cible qu’il n’aurait jamais dû croiser.
La petite victime est hospitalisée une journée et demie. Elle est aujourd’hui hors de danger, selon les autorités locales. Mais la gravité de l’événement, elle, ne doit pas être minimisée.
Le ricochet, ce tueur qui ne vise personne
Un ricochet, c’est une balle qui ne respecte pas la logique. Elle frappe sans viser. Elle rebondit sur une roche, un tronc, ou même sur le sol humide. Elle transforme un tir, parfois prudent, en menace incontrôlable.
Dans les procès liés aux accidents de chasse, l’argument du ricochet revient systématiquement. Parfois réel, parfois exagéré. Mais dans tous les cas, il repose sur un constat simple : quand le fond de tir n’est pas sûr, quand la topographie est irrégulière, quand la formation balistique est absente, chaque coup de feu devient une loterie.
Les coureurs, les randonneurs, les cyclistes, les familles : tous peuvent devenir cibles sans le savoir. Ils ne sont pas visibles depuis les postes de tir. Ils ne font pas de bruit. Ils passent sur des chemins balisés, souvent dans les mêmes forêts que les chasseurs. Et ils n’ont aucun moyen d’anticiper ce qui peut surgir au détour d’un sentier.
Une enquête ouverte, mais toujours la même question : pourquoi c’était possible ?
Le chasseur à l’origine du tir a été entendu par les gendarmes. Son permis de chasse a été suspendu. L’enquête est en cours, menée par la gendarmerie de Jugon-les-Lacs et l’Office français de la biodiversité.
Mais une enquête ne répare pas une peur. Elle ne répond pas à l’angoisse croissante qui s’installe dans les campagnes en période de chasse. Les traileurs ne veulent pas la guerre. Ils veulent juste courir en paix, dans les bois, sans craindre de croiser une balle en plein vol. Ils veulent croire que leur sentier ne sera pas leur dernier.
Le silence n’est plus acceptable
Cette affaire d’Éréac vient s’ajouter à une longue liste d’accidents dont les circonstances se répètent. Trop de tirs sans fond de butée. Trop de situations où le danger est sous-estimé. Trop de familles qui rentrent avec une peur sourde, ou qui n’ont pas eu cette chance.
Courir dans les bois ne devrait jamais exposer un enfant à une balle perdue. Il ne s’agit pas de remettre en cause la chasse. Il s’agit de garantir que la sécurité des autres usagers de la nature soit prise au sérieux. Avec des règles plus strictes. Avec de vraies sanctions. Et avec une transparence totale.
fille chasse, à lire ou relire sur uTrail :
→ Samuel Rinaudo, tué par une balle de chasse : le tireur avait aussi évoqué un ricochet
→ Une balle dans une salle de jeux pendant la sieste des enfants à Roquefort
→ Un homme blessé à l’abdomen par une balle déviée en Dordogne
→ Pourquoi les ricochets tuent
→ Le ricochet, danger invisible pour les traileurs
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Cet article a été rédigé de manière indépendante à partir de sources publiques confirmées, notamment Le Télégramme, Midi Libre, Ouest-France et les autorités locales. Il s’inscrit dans une démarche d’intérêt général. Il ne remet pas en cause la chasse dans son ensemble, mais interroge ses pratiques à l’aune de la sécurité des enfants, des coureurs et des promeneurs. uTrail est un média indépendant.






