la bouffe
Des tabous dans le sport, et particulièrement la course (tant dans le running que dans le trail), il y en a. On pense souvent à la gestion psychologique et mentale, avec comme point d’orgue la dépression chez les sportifs. Mais il y en a un autre, bien plus pernicieux et que l’on trouve dans toutes les strates de niveau, c’est celle des troubles alimentaires.
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Beaucoup de personnes ont commencé à courir pour perdre un peu de poids (personnellement, c’était en 2013 pour rentrer dans mon costume de mariage).
Était-ce une mauvaise raison ? Peut-être. Car cette idée peut constituer une entrée dans un engrenage un peu compliqué. D’ailleurs, les chiffres le montrent bien. On estime à 15% de la population présentant un trouble alimentaire. En 2009, chez les sportifs, c’était autour de 25%. En 2020, on était à 32%…
Quels types de pathologie peuvent s’appréhender ?
Au-delà des malheureusement célèbres anorexie et boulimie (sur laquelle on reviendra plus tard), celle sur laquelle nous allons faire un focus, c’est l’orthorexie.
Il s’agit d’une obsession quasi-maladive du diététiquement correct. La souplesse qui pourrait émerger d’une activité physique régulière est prise complètement à rebours et est remplacée par un contrôle permanent de l’alimentation (on pèse les quantités, on classifie les aliments interdits que l’on évince des menus, on chasse tout ce qui « ferait » grossir (et j’insiste sur l’emploi du conditionnel) avec en objet central une préoccupation permanente de la silhouette.
Pourquoi c’est problématique ? Deux raisons peuvent expliquer cela, mais il y en a probablement d’autres.
En premier lieu, quand on se met en anorexie volontaire (désolé pour la maladresse des propos) pour tendre vers un poids de forme supposé, alors le lâchage se fait en totale perte de contrôle et risquera de faire tendre vers la boulimie (en générale, on évoquera cette pathologie quand, au moins deux fois par semaine, on perd le contrôle sur son alimentation et on avale tout jusqu’à se rendre malade, avec la sensation d’avoir un puit sans fond dans l’estomac).
En second lieu, si on ne veut pas mourir, on est obligés de manger, c’est juste la base de la base. Et franchement, faire d’une obligation physiologique une source d’angoisse perpétuelle, ce n’est pas normal. Est-ce à dire qu’un hédoniste obèse sera plus heureux ? J’allais écrire « malheureusement, oui », mais je crois que je vais me limiter à écrire « oui ».
Alors, quand est-ce qu’il va falloir se poser des questions ? Plusieurs types de clignotants existent :
– Vous allez avoir tendance à normaliser l’anormal, à savoir lier en permanence l’alimentation et le plaisir de manger à l’effort (par exemple : vous décidez de vous prendre une tarte au citron meringuée mais avant, allez voir combien de calories ça va vous « coûter », et vous courez en conséquence pour la rendre invisible dans votre compteur quotidien).
– Votre préoccupation corporelle est omniprésente. Vous n’êtes jamais tranquille de ce côté, si bien que votre forme corporelle aura une influence directe sur votre humeur et votre estime de soi.
– Vous vous pesez tous les jours ou presque
– Vous vous imposez des restrictions alimentaires importantes, peu de flexibilité, ou alors une flexibilité qui engendre une culpabilité démesurée.
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– Quand vous commencez à avoir des réflexions complètement à côté de la plaque (il y a quelques jours, j’ai eu une gastro des enfers, et alors que j’étais à l’agonie, j’étais content de me dire que j’allais perdre un peu. Il y a quelques années, alors que je discutais avec une collègue, elle était désemparée, car son mari était en train de tomber dans l’anorexie, et ma seule réaction, ça a été de me dire « wouah, la chance »)…
– Quand l’isolement social est la meilleure solution pour répondre à la peur de « péter un câble », ou juste à la peur d’avoir un repas un peu plus « riche » (je laisse volontairement de côté les sorties deux semaines avant un ultra, là, ça ne me choque pas). Si aller voir des potes constitue une source d’angoisse, c’est qu’il y a un problème.
– Enfin, votre perception est complètement altérée, si bien que vous vous persuadez que si une personne vous dit que vous êtes fit, vous allez vous dire que soit elle veut vous faire plaisir, soit elle ment. On peut même aller jusqu’à remettre en question ce que dit la balance.
Une fois qu’on a dit cela, qu’est-ce qu’il est possible de faire ?
Le plus important, c’est peut-être de reconnaître qu’on a un problème. Admirer les ascètes, c’est problématique. Et dès lors que l’on reconnaît cela, il faut avoir à quels problèmes ces troubles alimentaires ont répondu. Car les troubles alimentaires sont le plus souvent des maladies mentales dont le symptôme est alimentaire ; ce n’est pas très éloigné dans le fond des personnes qui se scarifient. Aussi, on aura souvent tendance à dire que la clé de voûte du problème consiste à se réconcilier avec soi-même, et seule une prise en charge multidisciplinaire peut vous accompagner.
Au même titre qu’on ne doit jamais s’habituer à courir blessé, on ne doit pas s’habituer à faire du fait de manger (la bouffe) une source d’angoisse perpétuelle.
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