« La montagne a tué. » Voilà une phrase que l’on retrouve trop souvent dans les articles relayant les tragédies hivernales en altitude. Comme si les sommets enneigés avaient une volonté propre, un dessein funeste dirigé contre ceux qui s’y aventurent. Mais non, la montagne n’a ni âme ni intentions. Elle est immuable, superbe et impassible. Si le froid mord et si la neige glisse, ce n’est ni une offense ni un piège. Ce sont des faits, des réalités naturelles.
la montagne tue ?
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Et pourtant, à chaque drame, c’est la nature que l’on incrimine. Comme si rendre la montagne coupable permettait de nous dédouaner de nos choix et de nos imprudences. Le froid est accusé, la neige est jugée, la pente est condamnée. Mais à aucun moment, ou si rarement, on ne pointe du doigt notre propre responsabilité.
la montagne ne tue pas, la nature prévient
La montagne n’a rien demandé. Elle se donne à ceux qui l’aiment et la respectent, elle se refuse à ceux qui la défient sans préparation. Les montagnards, les vrais, ceux qui ont grandi avec les sommets ou qui les côtoient depuis des années, savent lire ses signaux. La neige qui brille d’un éclat trop dur, le vent qui hurle au sommet, la glace qui craque sous les crampons : tout est là, devant nous, pour nous prévenir. Mais encore faut-il savoir écouter.
La quête du dépassement ou de l’ego ?
Aujourd’hui, la montagne n’est plus seulement un lieu de quiétude ou de communion avec la nature. Elle est devenue un terrain de défis sportifs, une scène où certains cherchent à briller. On veut dominer, gravir, cocher des listes, s’afficher en haut d’un sommet ou au milieu d’une pente immaculée. Mais cette quête de l’exploit, souvent teintée d’ego, nous fait oublier que la nature reste toujours souveraine.
Les tragédies récentes dans les Pyrénées – les deux randonneuses décédées au pic du Cagire, le couple espagnol disparu dans la neige profonde ou encore le traileur expérimenté victime d’une chute – nous rappellent que la montagne ne pardonne pas l’imprudence. Elle est belle, mais exigeante, et le respect qu’on lui doit est absolu.
Une responsabilité collective
Nous avons une responsabilité. Pas celle d’interdire la montagne ou d’en faire un sanctuaire inaccessible, mais celle de l’aborder avec humilité. Préparer ses sorties, respecter les conditions météorologiques, et surtout, savoir renoncer. Renoncer n’est pas une faiblesse. C’est un acte de sagesse, une preuve de respect pour cette nature que nous chérissons tant.
La montagne ne tue pas. La mer non plus. Ce sont nos choix, nos excès, notre volonté parfois inconsciente de défier des forces bien au-delà de notre contrôle qui conduisent à ces drames. Nous devons cesser de chercher des coupables parmi les éléments et accepter la part de responsabilité qui nous revient.
Alors, avant de chausser vos crampons ou de tracer vos chemins dans la poudreuse, souvenez-vous : la montagne est un miroir. Elle reflète ce que nous y apportons – la préparation ou l’imprudence, le respect ou la désinvolture. Ce n’est pas elle qui tue, c’est l’ignorance et le refus d’écouter ses murmures.
Et si demain, le soleil brille sur ses pentes glacées, mettez un chapeau. Non pas pour vous protéger, mais pour la saluer. La montagne mérite bien un geste d’humilité.
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