C‘est c’est décidé, cette année sera celle de mon premier marathon, mon premier ultra, ou simplement premier semi aussi… peu importe, ça fait six mois que je cours et j’ai le niveau (tout du moins je pense l’avoir).
Haro sur les bouquins spécialisés, ou plans… les conseils noircissent les pages.
Je fais une première estimation en rapport de mon chrono sur mon dernier 10 km.
Avec une formule mathématique on peut faire une projection, certes incertaine, du chrono réalisable sur cette distance. Et suite à cette dernière je choisis un plan adapté qui va m’emmener vers mon rêve.
Comme dit précédemment, ça fait six mois que je cours et je suis prêt à encaisser les séances de préparation.
Je passe de 3 à 5 séances par semaine, occultant une règle essentielle de la progression, à savoir passer de 3 à 4 et après seulement de 4 à 5 séances.
Je suis en forme, j’adore, j’en fais même plus, sans me rendre compte que je commence à construire mon échec.
Mais je suis dans le vrai c’est la revue qui me le dit.
Alors je continue. Je m’entraîne sans le savoir au dessus de mon niveau, mais encore une fois, ma bible de la course à pied le dit, alors c’est sacré.
Et j’en rajoute, plus l’échéance approche plus j’en fais, faisant fi des jours de récupération.
Je commence à ressentir de la lassitude, je dors de moins en moins, je mets ça sur le stress de l’événement.
Des compléments alimentaires, pour quoi faire, je suis un Warrior !!!
Mes copains me le disent, gaffe le trop est l’ennemi du bien, mais je le sens bien, ils ont peur que je sois meilleur qu’eux, alors je continue, mais de plus en plus fatigué.
J’augmente la cadence en voulant battre mes chronos sur des circuits qu’on a l’habitude de faire.
Je sens que je suis meilleur, enfin je pense l’être.
Arrive le jour J, la veille on récupère le dossard, on fait le tour des exposants, on marche encore et encore, on piétinne, fait des photos avec des champions, sans penser que cela puisse poser des soucis pour le lendemain.
La nuit est courte, je me lève et me prépare, ça va être Ma journée.
Ça y est, ligne de départ, on chante, on se salue, et les « tu vises combien » fusent de partout.
Coup de feu, on y va, les premiers hectomètres de courses sont bons, dans le peloton, puis km après km j’avance. Mais je suis plus rapide que prévu. C’est sur c’est la préparation, merci les bouquins.
Premier ravito au 5 eme, je n’y vais pas, pas besoin, je suis bien, je vais pas casser mon rythme, je continue, et sans le savoir je viens de signer définitivement ma perte.
Pour le moment ça va mais je commence à raidir, le souffle est plus court, mais que se passe t’il ? Je ralentis l’allure, ça va passer. Un peu plus tard, c’est pire.
Mes jambes sont lourdes je me traîne bordel on n’est même pas à la moitié de la distance.
Ravitaillement en vue. Je m’y traine .Je me ravitaille mais c’est déjà trop tard
Allez je ne peux pas m’arrêter là. Pas après ces semaines de préparations, de sacrifices, d’espoirs, et de déceptions aussi. Je suis plus fort que ça, mais le corps ne répond plus. La tête veut avancer mais les jambes refusent de m’emmener.
Arrive un troisième ravitaillement où j’arrive tout vacillant. Un médecin me prend la tension. Il m’arrête un instant
Les larmes le montent , je ne veux pas abandonner, non surtout pas…
Au bout de 20’ je peux repartir, ça va mieux. Oui sur 500m, mais en fait c’est pire
Plus de jus. L’arrivée est encore à 20km
Je ne peux pas et surtout ne veux pas lâcher l’affaire. Je mets un point d’honneur à finir, coûte que coûte.
Mais les km sont de plus en plus longs. Les crampes, me figent sur place, mais bon sang pourquoi ça ne se passe pas comme prévu?? Pourtant j’ai tout fait comme préconisé.
Nouveau ravitaillement atteint, je me nourris avec leurs aliments, toutes mes réserves emportées sur moi étant déjà épuisées.
Mon plan de course, je ne sais plus où j’en suis, d’ailleurs j’ai du mal à savoir où je suis…
Je reprends, et après trois km de galères patatras. Le trou noir. Je m’écroule, la lumière s’éteint.
J’entends bien des voix mais elles sont lointaines… Je sens qu’on me soulève mais je ne maîtrise plus rien.Tiens on me mets un masque à oxygène. Ça fait du bien.
J’entends vaguement dire qu’il faut me transporter à l’hôpital
Je veux finir ma course et pas aller à l’hôpital. Mais voilà, je ne maîtrise plus les événements
Le lendemain je me réveille à l’hosto. J’ai été abandonné par mon corps. Il n’a pas voulu m’emmener au bout. Je l’ai peut être trop malmené ces derniers mois. Cette expérience va me servir à coup sûr. Et la prochaine fois croyez moi, aux premiers signes de détresse je mettrais le clignotant.
Aller au bout oui mais pas au détriment de ma santé.
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