La question de l’alcool crampe.
Cet article fait suite à une vidéo publiée sur les réseaux sociaux par le journaliste Patrick Montel, dans laquelle un jeune coureur explique avoir terminé un semi-marathon avec de fortes crampes, après avoir bu quatre bières la veille de l’épreuve. La séquence, devenue virale, a suscité de nombreux débats sur le lien entre consommation d’alcool et performance en course à pied.
À la suite de la publication de notre premier article relayant cette situation, le coureur concerné nous a contactés pour exercer son droit de réponse. Après avoir pris en compte ses remarques et mis à jour notre contenu, nous poursuivons le traitement du sujet sous un angle scientifique : l’alcool peut-il favoriser les crampes musculaires en course à pied ?
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Les crampes et l’alcool
💧 L’alcool déshydrate : un mécanisme bien connu
L’alcool est un diurétique : il augmente la production d’urine, provoquant une perte rapide d’eau et de sels minéraux essentiels (sodium, potassium, magnésium). Ce processus, bien documenté, fragilise l’équilibre hydrique du corps, un facteur pourtant fondamental en sport d’endurance.
En cas de déshydratation légère à modérée, le volume sanguin diminue, la circulation se ralentit et les muscles reçoivent moins d’oxygène. Cela accentue la fatigue musculaire et augmente le risque de crampes pendant l’effort, surtout si la course est longue ou effectuée sous la chaleur.
📚 Sources : MGP prévention santé – MMJ – OpenEdition – Dans la Tête d’un Coureur
⚡ Crampes musculaires : un phénomène multifactoriel
Les crampes musculaires ne sont jamais le résultat d’un seul facteur isolé. La littérature scientifique s’accorde à dire qu’elles sont liées à un ensemble de conditions favorables : déshydratation, carence en électrolytes (notamment en sodium et potassium), fatigue musculaire excessive, sommeil de mauvaise qualité ou récupération incomplète.
Or, la consommation d’alcool avant une course peut précisément accumuler plusieurs de ces déséquilibres. En favorisant la perte d’eau, en perturbant l’équilibre électrolytique et en altérant la qualité du sommeil, l’alcool fragilise l’organisme à la veille d’un effort intense. Il peut aussi influencer le système nerveux autonome, jouant un rôle dans la régulation musculaire.
Ainsi, sans être la cause unique d’une crampe, l’alcool agit comme un amplificateur de risque, en particulier dans les derniers kilomètres d’une épreuve où le corps est déjà en situation de stress physiologique. Boire quelques bières la veille d’une course ne provoquera pas forcément un malaise ou une contre-performance, mais dans certaines conditions (chaleur, manque d’entraînement, effort prolongé), cela peut suffire à faire basculer l’équilibre.
🧠 Effets indirects sur la performance
Au-delà du risque immédiat de crampes, la consommation d’alcool exerce d’autres effets moins visibles mais tout aussi délétères pour la performance. Elle peut notamment altérer la qualité du sommeil, en réduisant les phases profondes pourtant essentielles à la récupération physique. Cette perturbation nuit directement à la réparation musculaire et à la fraîcheur mentale attendue le jour de la course.
L’alcool peut aussi ralentir la régénération des fibres musculaires, en inhibant certains processus cellulaires impliqués dans la reconstruction des tissus endommagés pendant l’effort. De plus, il freine la resynthèse du glycogène, la principale réserve d’énergie des muscles, ce qui peut entraîner une sensation de jambes “vides” dès les premiers kilomètres.
Enfin, en affectant la concentration et la coordination motrice, l’alcool compromet les réflexes, l’équilibre et la précision gestuelle, même si cela n’est pas toujours perceptible sur le moment. Ces effets, souvent minimisés chez les jeunes coureurs, s’accumulent à moyen terme, surtout chez ceux qui enchaînent les compétitions sans accorder à leur corps le temps de se réparer pleinement.
🧩 Plaisir, modération et lucidité
De nombreux coureurs témoignent avec humour de leur capacité à combiner apéros et performances. Il ne s’agit pas ici de juger les pratiques, mais de rappeler que le corps, lui, ne fait pas de blague : il encaisse les effets de l’alcool, même si l’esprit reste léger.
Comme le dit une internaute en commentaire :
« Si tu n’avais pas bu la veille, tu aurais peut-être fait encore mieux, et sans crampes. »
Ce genre de remarque ne vise pas à dévaloriser une performance, mais à rappeler un fait physiologique : chaque détail compte quand on cherche à progresser, même en amateur.
L’alcool ne provoque pas une crampe à lui seul. Mais il peut en augmenter considérablement le risque, notamment lorsqu’il est consommé dans les heures ou la veille d’un effort long. Si chacun est libre de vivre son sport à sa façon, il est utile de connaître les mécanismes en jeu pour éviter de gâcher une course — ou une progression — à cause d’un geste anodin.
Boire un verre entre amis n’est pas incompatible avec la pratique sportive. Mais quand on veut éviter les crampes, mieux vaut s’hydrater à l’eau que par l’ironie.
Sources
Les effets de l’alcool sur la performance physique, la déshydratation et le risque de crampes sont bien documentés dans la littérature médicale. Voici quelques sources utilisées pour cet article :
-
Shirreffs, S. M., & Maughan, R. J. (1997). Restoration of fluid balance after exercise-induced dehydration: effects of alcohol consumption. Journal of Applied Physiology, 83(4), 1152–1158.
➡️ DOI – montre que l’alcool retarde la réhydratation post-effort. -
Vella, L. D., & Cameron-Smith, D. (2010). Alcohol, athletic performance and recovery. Sports Medicine, 40(12), 981–998.
➡️ DOI – analyse des effets de l’alcool sur la récupération, le sommeil et la synthèse musculaire. -
Miller, K. C., et al. (2010). Influence of hydration status on muscle cramping thresholds. Journal of Athletic Training, 45(4), 359–365.
➡️ PubMed – démontre le lien entre déshydratation et susceptibilité accrue aux crampes. -
Institut National du Sommeil et de la Vigilance. Alcool et sommeil : des nuits perturbées.
➡️ insv.fr – décrit l’impact de l’alcool sur la qualité du sommeil profond, essentiel pour la récupération du sportif.
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