Nos confrères de l’Equipe ont pu rencontrer Jim Walmsley suite à sa victoire époustouflante à la Western States 100 (où il a pulvérisé le record) ; l’interview est d’une grande richesse pour qui souhaite en savoir un peu plus sur ce grand champion issu de la piste, toujours à l’écoute de ce que pourront lui apprendre ses partenaires et concurrents.
Après s’être perdu en 2016 alors qu’il était en tête et après avoir dû abandonner en 2017 en raison de problèmes gastriques, la troisième tentative sur la WS 100 a été la bonne. Afin de parvenir à ses fins, sur l’édition 2018, il a préparé un plan de course qu’il s’est attaché à respecter à la lettre, notamment sur la première moitié de course. Il est ainsi parti moins vite que les premières fois (avec le facteur chaleur à gérer en plus) et a fait un peu plus dans la gestion. La stratégie fut gagnante, puisqu’il a relégué François d’Haene à plus d’une heure.
S’il a battu le record, Jim Walmsley pense qu’il n’a pas réalisé la course parfaite et que si, sur une autre édition, il fait un peu moins chaud, celui-ci pourra encore être amélioré. Comme il le dit, boire et s’hydrater peut être chronophage…
Très humble, il estime que « la Western States est plus compatible avec [ses] qualités qu’avec celles [de François] », à savoir un coureur plutôt rapide qui devra s’améliorer sur les formats plus alpins afin de devenir aussi complet que possible. Cette rapidité peut s’expliquer, selon lui, par le fait qu’il vient du monde de l’athlétisme. Il reconnaît cependant bien volontiers que la transition n’est pas simple et qu’il faut être patient, apprendre sur ce type de distance. Ce type de profil d’ancien pistard devenu trailer devrait agumenter dans les années à venir.
S’il a tendance à « minorer son exploit » en expliquant que son profil de coureur rapide était plus adapté à une course comme la WS100, Jim Walmsley a plutôt tendance à voir le verre à moitié vide en cherchant toujours à s’améliorer là où il estime être encore perfectible. Il parle notamment de sa dernière participation à l’UTMB, où il craignait que son inexpérience sur ce genre de terrain ne lui joue des tours.
C’est d’ailleurs pour ça qu’il reconnaît avoir imité François d’Haene : « Lorsque François mettait sa veste, je la mettais aussi. Lorsqu’il buvait de l’eau, lorsqu’il mangeait, je faisais pareil. J’avais tellement peur de mon manque d’expérience ». S’il n’a rien à lui envier, il reconnaît que ceux-ci peuvent lui apprendre beaucoup. Sacrée leçon d’humilité !
S’il a aussi bien réussi en trail, c’est parce qu’à partir du moment où il a décidé de s’y mettre, Jim s’y est consacré à 100% : recherche du dénivelé montant et descendant, entraînement croisé avec du ski-alpinisme (ce qui lui a permis de faire du volume sans traumatiser son corps, d’adapter sa physionomie et sa musculature progressivement, et donc sans blessure).
Pour Jim, s’il ne devait y avoir qu’un seul pré-requis pour se lancer dans le trail, ce serait « aimer la montagne ». Il le dit d’ailleurs : « Sans ça, impossible d’accepter la dureté des conditions là haut, les tempêtes, les longues nuits dehors… Moi, c’est avant tout par amour de la montagne que j’ai fait évoluer ma pratique ».
Il conclut d’ailleurs son interview en jetant un (petit) pavé dans la mare, à savoir que pour lui, « le trail restera un sport de montagnard ». On a dès lors peu de chances de l’imaginer sur un ecotrail ou un urban trail…
Quid de la suite de la saison de Jim ? Son objectif principal sera l’UTMB. Pour cela, il passera beaucoup de temps dans les Alpes cet été. Il participera ensuite à la North Face 50 miles (elle se passe en Californie au début du mois de novembre) et clôturera l’année à Oman à « une nouvelle course signée UTMB International ».
Nous lui souhaitons bon courage, et pourquoi pas de devenir le premier américain (du moins chez les hommes) à prendre la médaille d’or sur l’UTMB et mettre fin à l’hégémonie française depuis 2012 !