J’ai rencontré un mec qui faisait de l’alpinisme, je l’entendais en parler, discutant de ses vacances… Je ne connaissais pas grand-chose de cette discipline, donc je suis allé discuter avec lui. Là, il m’a dit « Quoi ?! Tu fais du trail ? J’aime pas ces gens et leur façon de voir la montagne ! ». (Bon d’accord, il faut dire que c’était en soirée, et qu’à ce moment-là on ne fait trop attention à notre façon de nous exprimer…)
Sur-ce, je lui ai demandé quelle était sa vision de la montagne. Il m’a dit que pour lui, il fallait s’intéresser à tous les détails d’un sommet et des différentes voies pour y accéder, et pas seulement monter et descendre le plus vite possible. Si j’ai bien compris, sa pratique était plutôt orientée sur l’étude très précise d’une montagne (un sommet) dans sa totalité, mais à mon sens légèrement hors contexte.
C’est une façon de voir les choses, et chacun est libre de penser ce qu’il veut, et j’ai trouvé cela très enrichissant de discuter de nos différentes façons de « s’approprier » la montagne. Ensuite, je lui ai exposé mon point de vue de traileur, ou plus simplement de coureur puisque c’est cela qui me pousse à courir.
Courir. Pourquoi donc, me direz-vous ? En fait, courir ou marcher en montagne, il y a peu de différence pour moi… En réalité, à la montagne on marche plus que l’on ne court ! Mais ce n’est pas uniquement cela.
L’un des buts (s’il y en a) de la randonnée en montagne est quand même de découvrir des paysages, de nouveaux endroits, croiser quelques animaux, plantes… C’est quelque chose que j’affectionne particulièrement, et je trouvais qu’une journée de randonnée était trop courte… Alors j’ai décidé d’aller plus vite pour voir plus de choses ! C’est vrai que je n’ai plus forcément le temps d’apprécier chaque détail de cette merveilleuse Nature… Cela dit, je peux découvrir plus de choses ! C’est une sorte de compensation.
Pour apprendre à marcher, nous avons observé. Pour apprendre à lire, nous avons dû comprendre. Pour apprendre de la montagne, je l’observe comme j’ai observé pour apprendre à marcher. Je ne fais pas attention à tous les détails qui aspireraient toute ma capacité d’attention et m’empêcheraient peut-être de voir quelque chose de merveilleux à 3 mètres de moi, je préfère voir un petit peu de chaque chose. Je ne peux pas accumuler beaucoup de connaissances sur chaque chose, mais la variété est aussi riche que la spécificité, et permet de remettre en question une interprétation erronée, car trop spécifique.
Courir peut se révéler être une activité répétitive si l’on reste sur les mêmes chemins. Comme lorsque l’on répète les mêmes leçons pour les apprendre… A ce titre, elle permet finalement d’accumuler des savoirs : passer 10 fois au même endroit et enregistrer 2 secondes d’informations sur une chose immobile permet de comprendre la chose dans 10 situations différentes, à différents moments… Au final on en saura plus que si on s’était arrêté seulement 20 secondes pour la regarder !
Pour en finir et revenir à l’image de l’enfant qui apprend à marcher, on sait que très souvent l’enfant observe puis tombe en essayant. Pour ma part, j’ai beaucoup observé, et à chaque fois je suis tombé sur quelque chose de différent : les animaux qui se déplacent, les fleurs qui s’épanouissent… Finalement, c’est toujours un réel émerveillement devant tout ce que la Nature a à nous offrir, et j’en suis tombé amoureux en l’observant !
Valentin Alemany
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