Dans le Loiret, à Gien, Simon Farina, qui se fait appeler Casquette Rouge, a couru 100 km sur piste. Un exploit impressionnant qui soulève autant d’admiration que de questions.
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Un jeune de 17 ans, 250 tours de piste, 100 kilomètres avalés sans s’arrêter. À Gien, dans le Loiret, Simon Farina a accompli une performance hors norme. Licencié dans un club local mais seul dans sa démarche, il s’est lancé un défi que bien des adultes n’osent pas tenter. Sur les réseaux sociaux, où il apparaît sous le nom de « Casquette rouge », il revendique avant tout une volonté de se dépasser mentalement. Mais ce que certains qualifient d’exploit personnel commence à faire débat dans le monde de l’athlétisme.
L’exploit mental de Simon Farina (aussi appelé Casquette Rouge)n’est pas anodin pour le corps
Pour Simon, ce 100 kilomètres n’est pas une quête de podium ni de reconnaissance officielle. Il s’agit de repousser ses propres limites. Son credo : « Si je n’ai pas de limites mentales, je n’ai pas de limites physiques. » Mais cette formule soulève un point essentiel : à cet âge, le corps a-t-il les épaules pour supporter un tel choc ?
Courir une distance aussi longue demande un entraînement structuré, un suivi médical rigoureux, et une connaissance intime de ses propres signaux d’alerte. À 17 ans, le squelette est encore en maturation, les cartilages de croissance ne sont pas tous fermés, et les impacts répétés – surtout sur une surface dure comme une piste – peuvent générer des lésions durables. Même en l’absence de douleur immédiate, les conséquences peuvent survenir à moyen ou long terme.
Une démarche hors cadre fédéral
Le plus déroutant dans cette histoire, c’est que Simon a tout fait en dehors des structures classiques. Son club, le Gien Athlé Marathon (GAM), n’a pas encadré son projet. La Fédération Française d’Athlétisme (FFA), quant à elle, interdit aux mineurs de participer à des compétitions au-delà de 25 kilomètres. En clair : un 100 km, à 17 ans, n’est pas seulement inhabituel. C’est hors réglementation.
Ce qui gêne plusieurs acteurs du milieu, ce n’est pas seulement la distance. C’est le message que cela peut envoyer. Un jeune isolé, sans encadrement, qui puise des conseils sur Instagram, sans cadre médical ni regard extérieur… Certains redoutent l’effet d’entraînement sur d’autres adolescents qui voudraient l’imiter, sans conscience des risques.
L’ultra-endurance à l’adolescence, un terrain glissant
Le trail et l’ultra-endurance fascinent de plus en plus les jeunes. À une époque où l’effort long est valorisé comme preuve de force mentale, où les réseaux sociaux amplifient les récits de dépassement, certains veulent aller très vite, très loin. Or, dans le sport de haut niveau, le respect des étapes est fondamental. Ce n’est pas un hasard si les distances augmentent progressivement dans les catégories d’âge. Les limites posées par les fédérations ne sont pas des freins à la passion, mais des garde-fous physiologiques.
Les médecins du sport rappellent qu’avant 18 ou 20 ans, les contraintes mécaniques de l’ultra peuvent provoquer de sérieux déséquilibres : fatigue osseuse, tendinites chroniques, perturbation hormonale, troubles du sommeil, sans parler des risques de découragement mental.
Quand l’enthousiasme dépasse la prudence
Personne ne remet en cause la sincérité de la démarche de Simon. Son envie de repousser ses limites, son autonomie, son courage, tout cela mérite d’être salué. Mais dans un monde de plus en plus polarisé entre « laisser vivre les passions » et « protéger les jeunes », son initiative bouscule.
Pour certains, c’est la preuve que la jeunesse actuelle peut se dépasser, qu’il faut faire confiance à ceux qui osent. Pour d’autres, c’est un signal d’alarme. Car ce genre d’exploit, s’il devient une norme ou un exemple, pourrait encourager des jeunes à se lancer sans conscience des risques. À cet âge, on est parfois incapable d’évaluer ce que le corps encaisse réellement, et les conséquences peuvent surgir bien après.
Faut-il poser des limites à la passion ?
C’est la grande question que soulève cette histoire. Où commence la responsabilité des encadrants ? Que faire face à des adolescents très motivés, mais encore en phase de croissance ? Peut-on interdire sans briser un élan ? Doit-on accompagner malgré le non-respect des cadres ? Ces débats ne sont pas nouveaux, mais l’explosion de l’ultra dans l’imaginaire collectif les rend plus brûlants que jamais.
À l’heure où certains adultes peinent à finir un semi-marathon, voir un adolescent boucler un 100 km impressionne. Mais à long terme, ce n’est pas la ligne d’arrivée qu’il faut surveiller. C’est la manière dont on y parvient. Et dans ce cas précis, beaucoup dans le monde de l’athlétisme s’interrogent : fallait-il l’encourager, ou mieux l’encadrer ?
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