Lucas Cerdan : des platines à l’UTMB, quand l’ultra-trail sauve une vie
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Longtemps, Lucas Cerdan a couru après la lumière des projecteurs. DJ en vogue, connu sous le nom de LØUISE, il écumait les clubs de Lyon à Berlin, nourrissant sa vie nocturne d’adrénaline et d’excès. Mais derrière les beats et les paillettes, il y avait l’envers du décor : une spirale toxique, marquée par les drogues, la fuite de soi, et un vide grandissant que même la musique ne pouvait plus combler. Aujourd’hui, à 31 ans, ce n’est plus dans les stroboscopes qu’il cherche la vérité, mais dans la sueur, le froid et l’effort des sentiers de montagne. Son terrain de jeu s’appelle désormais UTMB, et il y court pour vivre – vraiment.
Du succès à la dérive : une vie en surchauffe
Lucas n’avait pas 20 ans qu’il posait déjà ses platines dans des clubs branchés de Manhattan. Sa trajectoire semblait parfaite : programmation musicale sur mesure, expatriation à Berlin, reconnaissance dans la scène techno. Mais cette ascension fulgurante s’est vite accompagnée de nuits sans fin, de substances anesthésiantes et d’un rythme de vie impossible à tenir. Derrière l’image du DJ accompli, la dépendance s’installait.
Les deuils et les désillusions n’ont pas tardé. La mort d’un ami très proche a tout fait vaciller. Ce choc a ouvert une brèche : celle d’un homme en quête de reconstruction. Encore fallait-il trouver une issue. Ce fut le trail.
Le trail comme point d’ancrage
C’est une amie qui lui souffle l’idée. Le Marathon du Mont-Blanc, une course mythique, un rêve inaccessible pour un corps affaibli et non préparé. Mais Lucas dit oui. Il est sélectionné. Et même si une blessure vient entacher sa première expérience, quelque chose se déclenche. Dans la douleur de la course, il entrevoit une autre forme d’extase. Une adrénaline propre, une fatigue noble. Il découvre une communauté bienveillante, une nature vaste et indifférente, et surtout, un espace intérieur où se réconcilier avec lui-même.
L’addiction ne cède pas du jour au lendemain. Mais un tournant s’impose, brutal et salutaire : le 19 mai 2023, à Saint-Ouen, Lucas décide de tout arrêter. Ce sera sa date anniversaire de sobriété.
Du Mont-Blanc à l’UTMB : une trajectoire guidée par la volonté
Loin de se contenter d’un exploit unique, Lucas enchaîne les dossards : la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la France… Il accumule les points qualificatifs dans le secret espoir d’être repêché pour l’UTMB. Et la chance finit par lui sourire. En 2025, son nom est retenu. Cette course, c’est plus qu’un rêve d’enfant. C’est la validation d’un long processus de renaissance.
Son entraînement est rigoureux, intense, structuré. Il s’entoure, s’alimente mieux, écoute son corps. Mais rien n’efface la peur : celle de replonger, celle d’échouer. Le chemin vers Chamonix est autant une conquête physique qu’un combat contre les vieux démons.
46 heures et 43 minutes de rédemption
La ligne de départ de l’UTMB est mythique. Mais Lucas, lui, y voit une frontière symbolique. Celle qui sépare l’ancien lui, rongé par la fuite et les substances, du nouvel homme qu’il s’efforce d’être. Le parcours est rude, le sommeil rare, les hallucinations guettent. Chaque montée est un mur. Chaque descente un rappel que rien n’est jamais gagné.
Mais il avance. Lentement. Avec détermination. Et il franchit la ligne. 46 heures, 43 minutes. À quelques minutes de la barrière horaire. Un exploit. Une délivrance. Une promesse tenue.
UTMB, Chamonix, sobriété, et un bar comme sanctuaire
Aujourd’hui, Lucas est sobre depuis 30 mois. Il vit à Chamonix. Il y a ouvert un bar, le Maggie’s, qui n’est pas un lieu de perdition mais un refuge, une galerie intime où chaque dossard encadré raconte une histoire de survie. La sienne.
Il y partage son parcours sans filtre, épaulé par une psychanalyste, conscient des risques de transfert d’addiction. Car même le sport peut devenir une fuite si l’on n’y prend garde. Mais pour lui, le trail reste un chemin d’équilibre. Il y trouve une rigueur, une lenteur, une vérité que le monde de la nuit avait obscurcie.
Lucas Cerdan est un survivant. Un de ceux qui courent non pour gagner, mais pour rester debout. Pour avancer. Pour inspirer. Il n’a pas fui ses ombres, il les a traversées. Et c’est sur les hauteurs du Mont-Blanc qu’il les a apprivoisées.
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- SOURCE : morning-sport





