Au départ, tout avait commencé comme une idée belle et folle, née d’un échange entre Conrad Colman, navigateur habitué aux grandes courses au large, et Mathieu Blanchard, traileur médiatique en quête d’un nouveau souffle narratif.
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Ensemble, ils avaient imaginé un projet bicéphale : traverser l’Atlantique en voilier pour ensuite courir la TransMartinique, comme une façon de relier les mondes, d’unir les éléments, de mêler sueur et sel marin, effort solitaire et récit collectif.
Mais très vite, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. La traversée s’est transformée en véritable calvaire pour Mathieu Blanchard, qui, loin de son élément, a dû composer avec un bateau récalcitrant, des avaries à répétition, une météo pénible et la dure réalité de la haute mer. À tel point que même Conrad Colman, pourtant habitué à la rudesse de ces expéditions, a laissé percer une forme de distance face aux réactions de son coéquipier. Et contrairement à son habitude, à son arrivée, Blanchard n’a pas enchaîné les plateaux télé ou les stories Instagram, comme il avait pu le faire après le Yukon. Cette fois, la lumière ne lui a pas été favorable. Alors, pourquoi a-t-il renoncé à la TransMartinique ? Voici les quatre raisons principales.
Parce que le corps ne répondait plus
Dès les premiers jours à bord, le corps de Mathieu a commencé à envoyer des signaux d’alerte. Les nuits trop chaudes, les manœuvres incessantes, le stress permanent d’un bateau capricieux ont rapidement grignoté son énergie. En arrivant en Martinique, il n’était pas dans un état de fraîcheur post-course, mais plutôt dans une forme de gueule de bois physiologique, comme si la mer avait vidé ses réserves. Il pensait pouvoir récupérer en deux jours. C’était une illusion. Les analyses médicales ont confirmé ce que le ressenti disait déjà : il faisait une infection bactériologique. Pas un rhume. Pas une inflammation. Mais quelque chose qui, s’il était ignoré, pouvait attaquer les organes. Et à ce stade, il ne s’agissait plus d’un choix, mais d’un impératif.
Parce que l’enjeu était trop grand pour se mentir
Ce projet ne se résumait pas à une course, ni même à une simple aventure à raconter sur Instagram. Il y avait derrière une équipe, des mois de préparation, un film en tournage, des marques impliquées, un calendrier, des gens qui avaient misé sur cette double traversée comme un manifeste. Partir en étant malade, risquer d’abandonner au km 30 ou de finir aux urgences, c’était compromettre toute la narration. Ce n’était pas seulement son corps qui était en jeu, c’était aussi la crédibilité d’un projet qu’il avait rêvé ambitieux, cohérent, fort. Il a préféré assumer un DNS – son tout premier – plutôt que de briser cette cohérence.
Parce qu’il n’était pas prêt à courir pour de mauvaises raisons
Dans le passé, il a souvent pris des départs en étant diminué. Il l’a reconnu lui-même : des chevilles instables, des inflammations persistantes, des douleurs qu’il avait mises entre parenthèses au nom de la course. Mais cette fois, quelque chose avait changé. Peut-être que l’expérience de la mer, la lenteur du vent, la promiscuité à bord, le silence imposé par l’océan ont modifié son rapport à l’effort. Il ne voulait pas courir simplement pour « honorer un contrat » ou « tenir parole ». Il voulait être aligné avec ce qu’il ressentait. Et ce qu’il ressentait, profondément, c’était qu’il ne pouvait pas tricher avec lui-même.
Parce que cette aventure ne ressemblait plus à celle qu’il avait imaginée
Le projet initial était de vivre une odyssée entre mer et terre, dans un élan fluide, presque poétique, où chaque étape nourrirait la suivante. Mais dès le départ, l’accumulation de galères a transformé cette promesse en lutte. La magie s’était effacée derrière les urgences techniques, la gestion de l’inconfort, les tensions du huis clos en mer. Au lieu d’arriver en Martinique porté par l’excitation du défi, il est arrivé usé, vidé, éteint. Courir dans cet état n’aurait rien eu de symbolique. Ce n’était plus le prolongement d’un rêve, c’était une épreuve de plus. Et ce n’était pas ce qu’il était venu chercher.
En résumé : place à la saison 2026 de Mathieu Blanchard
Mathieu Blanchard n’a donc pas pris le départ de la TransMartinique. Il ne l’a pas fait par prudence, mais aussi par fidélité à ce qu’il est devenu. Quelqu’un qui ne court plus seulement pour aller au bout d’un parcours, mais pour rester juste avec lui-même. Cette décision, difficile à assumer publiquement, signe peut-être un tournant dans sa manière d’aborder les défis.
On attend désormais l’annonce de sa saison 2026. Ce qui est sûr, c’est que cette page tournée en Martinique ne sera pas la dernière. Elle en appelle d’autres, sans doute plus intimes, plus réfléchies, mais toujours aussi engagées.






