ClemQuiCourt, traileur populaire connu pour sa capacité à rire de ses galères et à embarquer sa communauté dans chacune de ses aventures, et Nico Mathieu, aventurier aguerri aux expéditions en pleine jungle, ont décidé non seulement de traverser la Guyane par la piste de Bélizon mais aussi d’en faire un film, un véritable récit de terrain tourné au milieu de la forêt amazonienne pour montrer, sans filtre et sans mise en scène, la réalité d’un “trail-expédition” mené loin de toute civilisation.
Leur terrain de jeu ? La piste de Bélizon, cent soixante kilomètres de végétation étouffante, de boue, de silence, d’eau, de roches et de solitude, une ancienne voie d’orpaillage oubliée des cartes mais toujours vivante sous les lianes et les racines, une trace qui n’offre aucun répit et où chaque pas peut transformer une aventure en drame.
Les deux hommes sont partis sans assistance, sans ravitaillement, sans balisage, sans trace GPS fiable, avec pour seul objectif d’atteindre le village reculé de Saül, accessible uniquement par avion, et c’est au milieu de cette expédition extrême que le récit filmé bascule : le pied de Nico Mathieu se coince dans une rivière, l’orteil se déboîte, et il le remet en place, calmement, à la main, comme si ce geste insensé était simplement un épisode de plus dans la logique implacable de la jungle.
La scène la plus irréelle du film surgit à la minute 43:50.
Alors que les deux hommes traversent une rivière, le pied de Nico Mathieu se coince brutalement entre deux rochers, l’orteil part de travers et la douleur lui arrache un souffle court. Il s’assoit, attrape son orteil et, sans secours, sans matériel et sans la moindre possibilité d’abandonner dans cette jungle isolée, il le remet en place à la main avant de reprendre la marche. Une séquence brute, filmée en direct, qui résume à elle seule l’exigence de la piste de Bélizon et l’extraordinaire mental déployé dans cette expédition hors norme.
VOTRE ÉQUIPEMENT TRAIL EST SUR AMAZON
chaussures de trail Salomon Speedcross

chaussures de trail Salomon Speedcross
La scène, filmée, glace le sang. Elle est brute, instinctive, silencieuse.
Le ruissellement de la rivière couvre tout. Pas un mot. Clem regarde. Il comprend immédiatement que ce n’est plus une simple anecdote. C’est un moment de rupture. Un moment où plus rien ne suit les règles habituelles. Nico, lui, ne crie pas. Il agit. Il sait que personne ne viendra. Il faut continuer. Pas le choix. Dans la jungle, on n’attend pas l’hélico. On avance. Ou on s’éteint.
Le regard de ClemQuiCourt change. Il passe du rire à une gravité muette.
Quelques minutes avant, ils plaisantaient. Nico faisait des blagues sur son manque d’expérience en course à pied. Clem racontait ses souvenirs d’ultra. Et puis, tout bascule. L’accident impose un silence lourd. Clem sait qu’en course classique, un tel choc signifie abandon immédiat. Mais ici, il n’y a pas de ligne d’arrivée, pas de secours, pas d’option B. Il faut continuer. Et Nico choisit de marcher. Malgré la douleur. Malgré tout.
Une dynamique nouvelle s’installe entre le traileur et l’explorateur
Au matin, Nico teste son pied. Il souffre. Mais il enfile son t-shirt détrempé, ajuste son sac et se met en route. La jungle, elle, n’a pas changé. Elle griffe, pique, mord. Guêpes, tiques, boue, racines. Chaque pas est une lutte. Mais les deux hommes avancent. Lentement, parfois en boitant. Mais ensemble.
Dans cette adversité, leur duo devient complémentaire. Clem garde le cap mental, encourage, relance. Nico sécurise les passages, garde son sang-froid. Chacun prend sa part. Chacun protège l’autre. Et cette alliance devient leur force.
Leur périple devient un mélange de trail, de survie et d’absurde
L’orteil déplacé n’est qu’un début. Les tiques les recouvrent. Les guêpes attaquent. Les pieds restent trempés en permanence. Chaque rivière leur vole un peu plus d’énergie. Mais dans ce chaos, ils trouvent une forme d’équilibre. Une manière étrange de rester debout, de tenir, de rire aussi, parfois nerveusement, parfois sincèrement. Parce qu’il ne reste que ça : avancer et transformer chaque galère en moteur.
Quand ils atteignent Saül, tout devient silencieux
Le village apparaît enfin. Les cases, l’église, les couleurs vives au bout du vert étouffant. Ils arrivent debout, épuisés, les jambes marquées, mais les yeux ouverts. Clem n’a plus besoin de mots pour dire ce qu’il pense de Nico. Nico, lui, sait désormais qu’il est capable de beaucoup plus qu’il ne l’imaginait. Ils sont arrivés au bout d’une trace que peu osent suivre. Sans ravitaillement. Sans aide. Avec un orteil bricolé à la main. Et ils ont tenu.
Ce n’est pas un exploit mesurable. Il n’y a ni chrono, ni médaille. Mais il y a quelque chose de plus fort : une leçon de fraternité, de courage, de présence au monde. Une preuve que l’humain, quand il accepte d’être vulnérable, peut toucher quelque chose de pur. Et dans ce cadre, l’esprit trail, celui dont tout le monde parle, prend une forme tangible. Il devient réel.
Ce n’est pas un trail. Ce n’est pas un trek. C’est un entre-deux unique, sincère, brutal.
C’est une odyssée où l’on retient moins l’orteil que la manière de continuer. Le regard. L’humour. Le choix de ne pas s’arrêter. L’envie d’aller au bout, même quand tout dit le contraire. Et si l’on cherche à définir ce qu’est vraiment l’esprit trail, alors cette histoire en est sans doute la plus belle incarnation.
Car le trail, ce n’est pas que les podiums. Ce sont aussi ces aventures discrètes, ces efforts partagés, ces douleurs tues, ces silences entendus. Deux hommes, une jungle, un pied abîmé, et une détermination qui ne rompt pas.
Lire aussi
- Comment Clément Deffrenne alias Clemquicourt est devenu le plus gros influenceur du trail français
- clemquicourt : suivez le phénomène Clément Deffrenne en direct sur l’UTMB
–





