Sortie footing, tirs de fusil, blessure grave : un drame évitable
Samedi 23 novembre, un joggeur a été atteint par balle en pleine campagne, près de Vaison-la-Romaine, dans le Vaucluse. Il courait, simplement. Il n’était ni caché, ni camouflé, ni armé. Pourtant, il a été pris pour cible, touché à la jambe, et évacué en urgence vers un hôpital. Ses jours ne sont pas en danger, mais la blessure est grave.
Les gendarmes sont intervenus rapidement, et une enquête a été ouverte. Selon les premières constatations, un ou plusieurs chasseurs pourraient être impliqués. Les auditions sont en cours, et à ce stade, impossible de déterminer si les règles de sécurité ont été respectées, ou si un tir a été effectué sans visibilité. Mais le mal est fait : une balle a de nouveau fauché un sportif dans un espace naturel.
La chasse, toujours en liberté… mais à quel prix ?
Chaque automne, les mêmes drames reviennent. Un vététiste confondu avec un sanglier. Un promeneur pris pour un chevreuil. Un joggeur visé à la place d’un lièvre. En France, il est encore possible de courir, de marcher ou de randonner, et d’être blessé par un tir de fusil.
La chasse, pourtant très encadrée sur le papier, semble échapper à tout bon sens dès qu’on regarde les faits divers. Malgré les arrêtés, les panneaux, les déclarations d’intention, des balles continuent de tuer ou de blesser dans des zones partagées. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : des campagnes et des forêts qui ne sont pas exclusivement réservées à la chasse, mais où les autres usagers sont mis en danger.
L’accident survenu ce week-end à Vaison-la-Romaine est un nouveau signal d’alarme.
Ce n’est pas un cas isolé, c’est un symptôme. Et la question n’est plus “qui est en tort”, mais “combien de temps va-t-on accepter ça ?”
Une enquête prudente, mais la peur reste dans les jambes
Les autorités judiciaires ont confirmé l’ouverture d’une procédure. Les gendarmes de la communauté de brigades de Vaison-la-Romaine sont en charge de l’affaire. D’après les informations disponibles, le coup est parti en milieu de journée. L’enquête s’attache désormais à déterminer si le tir résulte d’un manquement aux règles de sécurité, d’un tir illégal ou d’une simple négligence dramatique.
Le parquet de Carpentras, contacté par les médias locaux, n’a pas souhaité faire de commentaire tant que les auditions ne sont pas terminées. Un choix de prudence que l’on comprend, mais qui ne répond pas à la colère grandissante des pratiquants de sports de nature. Car à chaque nouveau fait divers, c’est une communauté entière qui tremble à l’idée de sortir s’entraîner.
Et maintenant ? Interdire la chasse le week-end ? Réformer les règles ?
La question n’est pas nouvelle, mais elle devient de plus en plus urgente. Faut-il interdire la chasse le week-end ? Réserver certains jours à des activités sans fusil ? Créer des zones tampon entre sentiers et zones de battue ? Le débat est relancé à chaque accident. Mais il n’avance jamais vraiment.
Pourtant, à mesure que la pratique du trail, du running ou de la randonnée explose, la demande de sécurité devient massive. Il ne s’agit pas d’opposer les mondes, mais d’établir un cadre commun, basé sur le respect mutuel. Car la nature appartient à tous. Pas seulement à ceux qui tirent.
Un livre pour les chasseurs pour apprendre à tirer
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Précision importante : cet article ne constitue en rien une attaque contre les chasseurs ou la pratique de la chasse en général. Il ne contient aucune diffamation, aucun appel à la haine, aucun message politique, et n’a pas pour but de stigmatiser une catégorie de citoyens.
Nous posons une question d’intérêt général : celle de la sécurité dans les espaces naturels que nous partageons. Lorsqu’un homme décède en pleine battue, avec une arme à la main, à un âge où les risques médicaux sont accrus, il est légitime de s’interroger sur les dispositifs d’encadrement. Cela ne remet pas en cause la légalité ou la légitimité de la chasse, mais appelle à une réflexion collective sur la cohabitation des pratiques et la prévention des accidents.
Informer, questionner et débattre font partie de notre mission. Cela peut parfois déranger, mais c’est aussi ce qui fait avancer les choses.






