Mathieu Blanchard n’est plus seulement un traileur. Il est devenu une vitrine, une marque, un symbole du virage professionnel que prend doucement mais sûrement le trail running.
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Et selon le site SportBusiness Club, sa valorisation atteindrait désormais les fameux “six chiffres”. Une estimation qui en dit long sur l’évolution d’un sport longtemps perçu comme marginal, aujourd’hui convoité par les marques, les médias, et les agents.
Mathieu Blanchard, un ancien ingénieur devenu figure du trail mondial
Pour comprendre comment Mathieu Blanchard en est arrivé là, il faut revenir au point de départ. Celui d’un ingénieur en reconversion, qui découvre le trail tardivement et gravit les échelons à une vitesse fulgurante. En quelques années, il enchaîne des performances solides, avant d’exploser médiatiquement lors de l’UTMB 2022. Ce jour-là, en terminant deuxième derrière Kilian Jornet après un duel mythique, il passe d’outsider inspirant à icône du trail grand public.
Son parcours plaît. Il est lisible, inspirant, accessible. Ancien de Koh-Lanta, communicateur habile, à l’aise devant les caméras comme sur Instagram, il incarne le trail moderne : exigeant, médiatisé, ouvert sur le monde. Un sport où l’on court pour soi, mais aussi pour ceux qui regardent.
Six chiffres : ce que ça signifie vraiment
Dans un article publié en mars 2025, SportBusiness Club indique que Blanchard serait désormais valorisé à hauteur d’un contrat « à six chiffres ». Sans préciser s’il s’agit de son revenu annuel total, de ses seuls partenariats ou d’un accord particulier, la formulation marque une rupture. Le trail, longtemps dominé par une culture de la discrétion et de la frugalité, bascule dans une logique où les chiffres comptent, aussi.
Ce chiffre à six zéros peut inclure de nombreuses lignes : partenariats avec Salomon, Suunto, Maurten, Petzl, engagements médias, apparitions en conférence, projets documentaires ou collaboratifs. Il illustre surtout une nouvelle réalité : pour les athlètes les plus exposés, le trail peut désormais rapporter autant que des sports plus institutionnalisés. À condition d’avoir le bon profil.
Un symbole d’un trail qui change
Mathieu Blanchard est devenu, malgré lui ou grâce à lui, le symbole d’un trail qui se professionnalise. Il ne s’agit plus seulement de courir plus loin, plus haut, plus fort. Il faut aussi raconter, incarner, séduire. Et dans ce jeu-là, peu de Français sont aussi armés que lui. Son duo avec Conrad Colman dans la Transat Café L’Or, ses voyages documentés dans les fjords, ses vidéos bien produites et son image positive construisent une stratégie globale.
Cela ne retire rien à sa légitimité sportive. Blanchard s’entraîne dur, en altitude, parfois en solitaire, parfois en groupe. Mais il a compris que la performance ne suffit plus : elle doit être racontée, diffusée, accompagnée. Dans un monde où Strava, YouTube, Instagram et les plateformes vidéo sont devenus les nouveaux stades, son positionnement est cohérent. Et rentable.
Mais le chiffre cache aussi une solitude
Derrière ce chiffre flatteur se cache aussi une réalité plus ambivalente. Le trail n’a pas encore les structures du cyclisme ou du marathon. Peu de coureurs vivent confortablement de leur pratique. La plupart jonglent entre petits contrats, autofinancement, et sacrifices. Dans ce contexte, Blanchard apparaît comme une exception. Il cristallise à la fois les espoirs et les frustrations de toute une génération.
Il est celui qui montre que c’est possible. Mais aussi celui qui rappelle que, pour y parvenir, il faut plus qu’un chrono : il faut une histoire, une image, une présence continue. Et une capacité à concilier le sport de haut niveau avec l’exigence permanente de visibilité.
Vers un modèle économique durable ?
La valorisation de Mathieu Blanchard à “six chiffres” ne doit pas être vue comme une fin en soi. Elle pose une question plus large : le trail peut-il devenir un sport professionnel viable pour ses meilleurs représentants ? La réponse dépendra de plusieurs facteurs : implication des marques, structuration des compétitions, médiatisation cohérente et respectueuse de l’effort réel.
Blanchard a ouvert une porte. Reste à savoir combien pourront s’y engouffrer, et à quel prix. Car derrière le chiffre se cache aussi un homme. Un homme qui, à plusieurs reprises, a confié sa fatigue, sa quête de sens, son besoin d’équilibre. Ce que l’on valorise financièrement chez lui, c’est aussi une exposition permanente qui peut user.
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