Un chrono mythique signé Jean-Franck Proietto
ACHETER DES CHAUSSURES DE TRAIL HOKA ONE ONE
4h19 : le record absolu de la SaintéLyon, tel un fantôme insaisissable dans la nuit hivernale, date de 1994.
Ce soir-là, Jean-Franck Proietto avale les 63 kilomètres du tracé historique en 4 heures 19 minutes et 55 secondes. C’est une performance brute, presque irréelle, réalisée à une époque où les frontales peinaient à éclairer à plus de quelques mètres, où les montres GPS n’existaient pas, et où le mot « trail » n’était pas encore vraiment entré dans le vocabulaire courant des coureurs. Depuis, les parcours ont changé, la distance a été allongée, les sentiers sont devenus plus techniques, mais ce chrono reste la référence. Il incarne ce que représente la SaintéLyon dans sa forme la plus pure : un défi de nuit, entre deux villes, dans le froid et le silence.
Peut-on encore battre ce record aujourd’hui ?
Le contexte a changé
Depuis 2003, le parcours a été considérablement modifié. Aujourd’hui, la distance de l’épreuve principale varie autour de 78 kilomètres avec un dénivelé positif qui peut dépasser les 2 000 mètres. Le profil s’est durci, la part de sentiers a augmenté, et la course s’est clairement trailisée. Comparer les temps modernes à celui de Proietto relève donc de l’exercice délicat. Néanmoins, le fantasme du record plane encore sur la course. Même s’il n’est plus officiellement atteignable sur les tracés actuels, il reste un symbole, une balise chronométrique que les meilleurs continuent de regarder avec admiration.
Des chronos solides sur le format long
Sur le parcours actuel, les meilleurs traileurs bouclent la SaintéLyon en un peu plus de 5 heures. Le dernier à s’en être approché est peut-être Sébastien Spehler, auteur d’un 5 h 04 d’anthologie en 2015. Mais ce temps reste au-dessus de la barre mythique des 5 heures, qui semble aujourd’hui infranchissable tant les conditions, les variantes de parcours et la météo hivernale influent sur la performance.
Chez les femmes, un autre exploit légendaire
Le record féminin, lui aussi, remonte aux années 90
Béatrice Reymann détient le meilleur temps féminin jamais enregistré sur le tracé court avec un chrono de 5 heures 09 minutes, établi en 1993. Cette performance précède d’une année celle de Proietto, et là encore, elle reste inégalée sur le format historique. Depuis l’allongement de la course, plusieurs femmes d’exception ont inscrit leur nom au palmarès, mais aucune n’a égalé ce niveau de vitesse sur un parcours aussi long.
Maud Gobert, la patronne du XXIe siècle
Quand on évoque les performances féminines sur la version moderne de la SaintéLyon, impossible de ne pas citer Maud Gobert. Entre 2009 et 2014, elle a dominé l’épreuve avec quatre victoires, enchaînant les performances entre 6 heures et 6 h 30 selon les éditions. Ses passages sont devenus emblématiques, son nom associé à la montée de la SaintéLyon en puissance dans le monde du trail.
Des formats plus courts, mais des records bien établis
La SaintéLyon, ce n’est pas qu’une seule course. Elle décline désormais plusieurs distances, adaptées à tous les profils, du coureur amateur au compétiteur affûté.
La SaintExpress (44 kilomètres) est devenue une référence rapide, où Oswald Cochereau a signé un superbe 2 h 46 en 2011. Sur la SaintéSprint (21 kilomètres), Romain Anglade s’est imposé avec un chrono d’1 h 16 en 2016, tandis que sur la SaintéTic (12 kilomètres), Maxime Labbaci a couru en 43 minutes en 2023.
Ces formats permettent à d’autres types de coureurs de s’attaquer à leur propre record personnel, dans une ambiance similaire à la grande course, mais sur des distances plus accessibles.
La 180, l’ultra des extrêmes
La version la plus extrême de la SaintéLyon, baptisée la 180, combine un aller en off entre Lyon et Saint-Étienne puis un retour chronométré sur la course officielle. Sur cette boucle monstrueuse de plus de 140 kilomètres, Guilhen Dubourdieu détient le record du retour avec 8 h 17. Chez les femmes, c’est Claire Bernard qui tient la marque en 9 h 17, signée en 2021. Si cette version est moins connue du grand public, elle incarne pourtant l’essence du trail au long cours : engagement total, solitude, lucidité et gestion.
Pourquoi ces records ont-ils encore du sens ?
Même si les parcours ont changé, même si les formats se sont multipliés, les records restent une manière de mesurer l’évolution du sport. Ils racontent l’histoire des coureurs qui les ont établis, mais aussi celle des routes, des sentiers, des équipements et des mentalités. À une époque où le trail se professionnalise, ces repères nous rappellent que l’essentiel ne se joue pas seulement à la seconde près, mais dans le dépassement de soi, dans la nuit, dans la boue, dans le vent, sur ces chemins entre deux villes.






