Déjà trois chavirages : ce que va faire Mathieu Blanchard sur la Transat est bien plus dangereux que son aventure sur la Yukon Arctic Ultra
Trois chavirages avant même le départ officiel
La Transat Café L’Or 2025 n’a pas encore véritablement commencé que la mer a déjà imposé ses règles. Dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 octobre, trois bateaux de la catégorie Ocean Fifty ont chaviré en Manche, dans des vents atteignant 45 à 50 nœuds et une houle de trois mètres. Les six skippers impliqués ont été hélitreuillés sains et saufs, mais ces incidents rappellent la violence potentielle de cette traversée. Les multicoques de la catégorie Ocean Fifty avaient pris le départ avec 24 heures d’avance sur les autres classes afin d’éviter le pire de la dépression. Malgré cette précaution, les rafales ont suffi à provoquer trois retournements en quelques heures. Le ton est donné pour la suite : la Transat Café L’Or s’annonce particulièrement exigeante.
Un Atlantique en colère
Les conditions attendues pour les premières 48 heures de course sont redoutables. Selon les bulletins météo transmis lors du briefing de course, les skippers doivent faire face à une mer agitée à forte, avec des creux pouvant atteindre trois mètres et des rafales supérieures à 90 km/h. Mathieu Blanchard lui-même, engagé sur l’IMOCA MSIG Europe avec le marin néo-zélandais Conrad Colman, a partagé sur Instagram la réalité du départ : « Potentiel maximum 45 à 50 nœuds la première nuit, mer agitée à forte qui s’intensifie la nuit avec 3 m de creux… La mise en route va être musclée. Ça fait flipper. » 
Pour un sportif habitué aux conditions extrêmes, cette déclaration illustre le niveau de tension qui règne à bord. Sur un IMOCA de 18 mètres, la moindre erreur peut avoir des conséquences majeures : les bateaux surfent à plus de 20 nœuds, propulsés par un vent irrégulier et un océan imprévisible.
Pourquoi la Transat est plus dangereuse que la Yukon Arctic Ultra
L’aventure que s’apprête à vivre Mathieu Blanchard dépasse celle qu’il avait connue lors de la Yukon Arctic Ultra, disputée à pied dans le Grand Nord canadien par des températures avoisinant les –50°C. Si cette course à travers la glace met en jeu la résistance physique et la gestion du froid, elle reste un combat intérieur, mené sur un terrain stable.
La Transat, elle, relève d’un autre registre : celui du risque permanent et incontrôlable.
Sur l’océan, il n’existe aucun refuge. La fatigue, le vent et les vagues se conjuguent dans un environnement mouvant où la moindre erreur de manœuvre peut provoquer un chavirage. Le froid du Yukon se gère par la volonté et la discipline. La mer, elle, ne se maîtrise pas. La différence fondamentale tient au fait que, sur la glace, l’effort dépend de soi. Sur l’eau, tout dépend des éléments.
Cette perte de contrôle rend la Transat objectivement plus dangereuse.
Les coureurs au large dorment par tranches de vingt à trente minutes, vivent trempés pendant des jours et doivent réparer eux-mêmes la moindre avarie dans un espace exigu. Chaque nuit, chaque manœuvre devient une épreuve mentale et physique.
Une aventure humaine avant d’être sportive
Pour Mathieu Blanchard, cette traversée n’a pas pour objectif la victoire. Elle s’inscrit dans une démarche de transmission et de découverte. Aux côtés de Conrad Colman, double finisher du Vendée Globe, il apprend les codes de la navigation hauturière, la lecture des vents, la gestion du matériel et la résistance au stress.
« Je sais que je vais souffrir, douter, mais aussi vivre des moments d’extase, loin de tout », expliquait-il avant le départ.
Cette phrase résume l’esprit de son engagement : une recherche d’intensité et de dépassement plus que de performance pure. Les deux hommes forment un binôme complémentaire : l’un apporte l’expérience du grand large, l’autre la culture de l’endurance. Ensemble, ils traduisent ce que l’océan et le trail ont en commun : le goût du dépassement et la solitude face aux éléments.
Après la mer, la terre
S’ils parviennent à rallier la Martinique entre le 7 et le 10 novembre, les deux aventuriers prolongeront leur coopération d’une manière symbolique. Ils prendront le départ de la TransMartinique 2025 le 6 décembre, un trail de plus de 130 kilomètres à travers les montagnes et les plages de l’île. De la tempête à la chaleur tropicale, de la mer à la terre, ce passage incarne l’esprit de continuité entre deux disciplines extrêmes.
La Transat Café L’Or n’est pas une aventure anodine.
Avec des vents de cinquante nœuds, des vagues de trois mètres et trois chavirages avant même le départ officiel, la course rappelle que la mer reste un territoire d’incertitude. Mathieu Blanchard, habitué aux longues souffrances du trail, découvre ici un danger d’un autre ordre : celui de l’imprévisible, du mouvement constant et du risque absolu.
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Cet article repose sur des informations publiques, factuelles et vérifiées, notamment les publications officielles de Mathieu Blanchard sur son compte Instagram, les communiqués de la Transat Café L’Or et les données météorologiques disponibles.
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