Strava vs Garmin : la guerre des logos commence
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Le procès est terminé, mais la bataille pour la visibilité continue. Et cette fois, c’est Strava qui mène la danse avec un contre-pied stratégique brillant.
Strava, un procès éclair aux enjeux plus profonds qu’il n’y paraît
En octobre 2025, le monde du sport connecté a brièvement retenu son souffle. Strava, la plateforme sociale incontournable des coureurs et cyclistes, lançait une procédure contre Garmin, accusant la marque de montres GPS d’avoir violé plusieurs brevets liés aux segments et aux heatmaps. Deux fonctionnalités emblématiques, au cœur de l’expérience utilisateur sur Strava.
Mais derrière cette plainte se cachait un autre enjeu, bien plus visuel qu’il n’y paraît : la question de la visibilité des marques dans les flux d’activité des utilisateurs.
Garmin réclamait en effet que son logo soit affiché systématiquement à côté de chaque activité issue de ses montres. Autrement dit, chaque run, chaque sortie vélo devenait une publicité discrète, mais omniprésente, pour la marque. Une forme de branding permanent, directement injecté dans les pages de vos performances.
Un retrait surprise, mais un coup de maître en retour
À la surprise générale, Strava a soudainement retiré sa plainte. Officiellement, sans explication. Un geste qui ressemblait à un aveu de faiblesse, voire à une défaite.
Mais la suite a montré tout l’inverse.
Plutôt que de céder à la pression de Garmin, Strava a transformé cette tentative d’imposition en levier pour redessiner son interface… et affirmer sa neutralité. Désormais, toutes les marques ont droit à leur logo : Apple Watch, Suunto, Polar, Wahoo, Fitbit, Peloton… Tous les fabricants apparaissent à égalité, juste à côté de vos sorties.
Une manière élégante de dire à Garmin : “Tu voulais ton logo ? Tu l’auras… mais en compagnie de tous les autres.”
Le design comme arme diplomatique
En choisissant le terrain du design plutôt que celui du tribunal, Strava a réussi un coup double. D’un côté, la plateforme préserve son image de service indépendant, équitable, tourné vers ses utilisateurs. De l’autre, elle évite un précédent juridique dangereux qui aurait pu l’obliger à accorder des traitements de faveur aux fabricants de montres.
Ce changement est habillé d’un argument imparable : la transparence. Selon Strava, il s’agit simplement de montrer “d’où viennent les données” – une information utile pour les utilisateurs, mais aussi rassurante dans un contexte de plus en plus concurrentiel entre marques.
Et pour les coureurs ? Rien ne change dans l’usage. Vous pourrez continuer à uploader vos activités, que vous couriez avec une Garmin Enduro, une Apple Watch Ultra ou une Suunto Vertical. Seule différence : un petit logo s’affiche à côté. Neutre, sobre, mais porteur de sens.
Quand chaque pixel devient un terrain de bataille
Dans le microcosme du sport connecté, chaque pixel compte. Les marques investissent des millions pour s’inscrire dans votre quotidien. Elles s’invitent dans vos poignets, vos applications, vos newsletters, vos publicités sponsorisées.
Avec ce mouvement, Strava rappelle que le vrai pouvoir ne réside pas dans les brevets, mais dans l’interface. Celui qui contrôle l’affichage contrôle la narration. Garmin espérait obtenir une exclusivité. Il hérite d’un écosystème partagé.
La plateforme californienne prend ainsi un virage malin, presque politique : elle se positionne en arbitre du terrain numérique. Elle distribue l’espace d’attention de façon équitable, tout en gardant la main sur son propre terrain de jeu.
Une neutralité revendiquée, un message politique
Pour les traileurs, coureurs et cyclistes, ce changement peut sembler anodin. Mais il reflète une tendance de fond : les écosystèmes se ferment, les plateformes veulent enfermer les utilisateurs, et les données deviennent un enjeu de pouvoir.
Dans ce contexte, Strava joue une carte subtile. Elle ne favorise aucune marque, ne ferme aucune porte. Que vous soyez ultra-Garmin, converti à Coros ou fan de Polar, votre activité est la bienvenue, votre logo visible… mais jamais dominant.
En résumé, Strava change les règles du jeu
Strava vient peut-être de redéfinir les règles du jeu. En refusant la logique de confrontation directe, en détournant la bataille juridique en atout UX, la plateforme montre qu’elle comprend mieux que quiconque les codes modernes du numérique.
Dans la guerre des logos, la victoire ne se mesure pas en brevets, mais en design.
Pourquoi c’est un coup de maître de la part de Strava
Strava a désamorcé un conflit juridique sans perdre la face.
En refusant l’exclusivité réclamée par Garmin, Strava a choisi de déployer les logos de toutes les marques — transformant une demande de branding en fonctionnalité d’équité.
Ce mouvement a renforcé son image de neutralité, tout en gardant la main sur son interface. Le procès est abandonné, mais Strava en sort gagnante. C’est sur le terrain du design qu’elle a triomphé.
Certains observateurs, notamment dans le milieu tech et running, estiment toutefois que l’image de Strava sort fragilisée de cette séquence.
Retirer une plainte sans explication peut être perçu comme un recul, voire comme un aveu d’impuissance face à un partenaire puissant comme Garmin. Cette lecture reste subjective, mais elle circule dans la communauté, notamment parmi ceux qui attendaient de Strava une position plus ferme ou une clarification publique. La plateforme reste silencieuse, et ce silence alimente autant les interprétations favorables que les critiques.
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