Il avait prévenu : un top 10 serait un miracle. Il visait le top 40, aurait savouré un top 30, se serait enorgueilli d’un top 20. Mais jamais il n’avait osé imaginer finir dans les dix premiers.
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Et pourtant, Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte, l’a fait. Il boucle la Diagonale des Fous 2025 à la 10ᵉ place après 28 h 48 min 48 s d’un effort aussi sincère que magistral.
Cette dixième place sur la Diagonale des Fous 2025 ressemble à un véritable accomplissement. Lui qui annonçait encore avant le départ qu’un top 40 le rendrait “content”, un top 30 “heureux” et un top 20 “fier”, se retrouve finalement dans le top 10, après 28 heures et 48 minutes de course. Un scénario qu’il n’osait pas imaginer, d’autant plus qu’il s’était élancé avec une cheville douloureuse et un moral prudent.
Ce résultat a tout d’un petit miracle personnel, au sens le plus simple et le plus humain : celui d’un coureur qui a appris à ne plus se battre contre son corps, mais à courir avec lui. Blessé avant le départ, encore marqué par ses déboires sur la TDS, il s’était promis d’aborder cette Diagonale sans forcer, sans se raconter d’histoires. “La probabilité que mon plan se passe bien est faible, mais au moins il est calé dans le crâne”, écrivait-il la veille du départ. Ce plan, cette fois, il l’a tenu.
Tout au long des 180 kilomètres et des 10 000 mètres de dénivelé positif, Casquette Verte a déroulé une partition sans fausse note. Parti aux alentours de la 20ᵉ place, il a laissé la course se décanter, grappillant des positions à mesure que la chaleur, la fatigue et les blessures éliminaient les plus téméraires. À Cilaos, il pointait 17ᵉ. À Mafate, 15ᵉ. Et à l’approche de Saint-Denis, il parvient à s’installer dans le top 10, au bout d’une nuit de lucidité et de patience.
Rien de spectaculaire, rien d’explosif, juste une gestion de course d’école, celle d’un coureur redevenu maître de lui-même. Sa cheville “Shakira” a tenu, son mental n’a jamais cédé. Et à l’arrivée, ce n’est pas la douleur qui domine, mais un immense sourire — celui d’un homme qui a retrouvé son fil conducteur : courir pour raconter, et non pour prouver.
De la galère au renouveau : Casquette Verte retrouve enfin son niveau
On l’avait presque oublié à force de le voir souffrir. Course après course, blessure après blessure, Casquette Verte semblait s’enfoncer dans une spirale de frustration. Ses deux dernières saisons en sont la preuve : une TDS 2024 marquée par une crise d’asthme l’empêchant de respirer correctement dans les montées, un 100 km de Hong Kong terminé à une modeste 35ᵉ place, un Urban Trail de Lyon bouclé loin du top 100, et un Kullamannen 2025 achevé au-delà de la 60ᵉ position. À chaque fois, le scénario se répétait : gêne respiratoire, douleurs, fatigue, puis désillusion. Lui qui, par le passé, avait remporté l’Ultra 01 et l’UT4M, semblait avoir perdu ce petit éclat dans le regard, cette fougue qu’on lui connaissait.
Mais depuis quelques semaines, le ton a changé. Sur les réseaux comme sur les sentiers, on sent que le corps répond à nouveau, que la mécanique se remet en place. Il a retrouvé de la légèreté dans sa foulée, du mordant dans ses montées, et surtout, de la confiance dans sa respiration. Rien d’ostentatoire, rien d’arrogant : juste ce sentiment qu’il redevient lui-même.
Ce retour en forme n’est pas tombé du ciel. Il s’est construit dans la patience, entre soins, reprises prudentes et travail mental. Casquette Verte a appris à écouter son corps plutôt qu’à le pousser dans ses retranchements. Et ça change tout. Ceux qui l’ont croisé ces dernières semaines le disent : il court à nouveau avec le sourire. Pas celui de façade, mais celui qui trahit un vrai plaisir. Après deux ans de galère, le coureur semble prêt à renouer avec le niveau qui l’avait hissé parmi les figures les plus respectées du trail français.
À l’approche de la Diagonale des Fous, tout portait à croire qu’il revenait à son meilleur niveau. Pas celui de l’ambition démesurée, mais celui de la sincérité et de la constance. Le Casquette Verte qu’on aime, celui qui ne triche pas avec lui-même, redevient ce coureur capable de tout encaisser, de tout traverser, et de tout raconter sans filtre. Et si la meilleure version de lui-même n’était pas celle d’hier, mais celle qu’il a reconstruite aujourd’hui ?
Un écart plus qu’honorable avec le vainqueur
Baptiste Chassagne s’est imposé sur cette Diagonale des Fous 2025 en 23 h 31 min 54 s.
Casquette Verte, lui, a franchi la ligne en 28 h 48 min 48 s.
Soit un écart de 5 h 16 min 54 s sur près de 180 km et plus de 10 000 m de D+.
Un résultat impressionnant pour un coureur sans staff, sans prise de tête, mais avec un mental d’acier.
Une preuve de plus qu’il court d’abord avec le cœur – et avec une lucidité que bien des pros pourraient lui envier.
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