Un an après la polémique sur les anti-inflammatoires, le Festival des Templiers rejoue la carte de la vertu en s’associant à l’AFLD. Mais entre annonces, conférences et slogans sur les dossards – le message « Avec l’AFLD pour un sport propre », inscrit sur les 13 000 dossards cette année, fait joli sur les photos et rassure les sponsors –, la transparence reste toujours la grande absente.
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La propreté du trail, entre affichage et contradictions pour le Festival des Templiers
À Millau, tout est prêt pour accueillir les 13 000 coureurs du Festival des Templiers. Trente ans d’histoire, des bénévoles passionnés, un décor majestueux, et une promesse répétée : celle d’un sport propre. Cette année encore, les organisateurs ont signé un partenariat avec l’Agence française de lutte contre le dopage. Un logo « Avec l’AFLD pour un sport propre » figurera même sur chaque dossard.
Sur le papier, c’est exemplaire. Mais à y regarder de plus près, ce volontarisme ressemble parfois à une opération de lessivage.
Car depuis la tempête de 2024, où 50 % des coureurs testés avaient consommé des anti-inflammatoires interdits par le règlement du festival, aucune donnée n’a jamais été publiée. Pas de noms, pas de sanctions, pas de suite.
Le précédent Joyline et la croisade d’Odile Baudrier
Dans un contexte où le trail international est secoué par l’affaire Joyline Jepkosgei à Sierre-Zinal, testée positive après sa victoire, l’initiative d’Odile Baudrier — cofondatrice et figure morale du trail français — semble salutaire. Depuis des années, elle milite pour un sport plus responsable, loin des dérives du cyclisme ou du marathon.
Mais cette croisade antidopage se heurte à une limite : beaucoup de bruit médiatique, peu de transparence.
L’an dernier, Odile Baudrier reconnaissait elle-même « un choc énorme » face aux résultats internes. Et pourtant, rien n’a été communiqué. Pas de rapport, pas d’explication publique.
Le résultat, c’est une communication à deux vitesses : d’un côté, un discours de fermeté et de prévention ; de l’autre, un silence embarrassé dès qu’il s’agit de faits concrets.
Des contrôles annoncés à l’avance : prévention ou naïveté ?
Pour l’édition 2025, les contrôles sont de nouveau annoncés en amont, cette fois sous le label officiel de l’AFLD. L’ancien cycliste Christophe Bassons animera même une conférence sur la lutte contre le dopage. Un choix symbolique fort, mais qui pose question : à quoi sert de prévenir qu’il y aura des tests, si les tricheurs le savent déjà ?
Certains y voient un geste pédagogique. D’autres, une naïveté assumée. Car annoncer les contrôles à l’avance revient surtout à prévenir ceux qu’il faudrait justement tester : il est peu probable que des athlètes ayant quelque chose à cacher se présentent volontairement à un test annoncé à l’avance. Tant que les résultats ne seront pas rendus publics, cette politique restera de la communication plus que de la régulation.
Les anti-inflammatoires, eux, continuent d’être utilisés massivement. Non classés comme produits dopants par l’Agence mondiale antidopage, ils permettent d’atténuer la douleur et de repousser la fatigue. Une pratique grise, ni illégale ni saine, mais tolérée par la majorité du peloton.
Les contrôles menés avec l’association Athletes for Transparency avaient révélé des traces d’ibuprofène (un anti-inflammatoire non stéroïdien) chez plusieurs coureurs. Ces produits, pourtant légaux selon l’Agence mondiale antidopage, avaient été interdits par le règlement du festival « pour raisons de santé ». Résultat : cinq tests positifs, aucune sanction, et un discours de fermeté sur des substances… autorisées.
(Sources : Trails Endurance, Distances+, Ouest-France)
Le trail face à ses propres illusions
Le Festival des Templiers est un monument. Il a façonné l’identité du trail français et inspiré toute une génération de coureurs. Mais à force de vouloir défendre la pureté de la discipline sans outils concrets de contrôle, il risque de devenir l’exemple inverse : celui d’un sport qui parle d’intégrité sans oser la vérifier.
Le trail n’est pas à l’abri. Les sponsors s’y installent, les primes augmentent, les carrières se professionnalisent. Et pendant que les podiums se succèdent, les discours restent les mêmes : on parle de valeurs, de nature, de respect… mais jamais de chiffres.
Un jour, il faudra choisir : continuer à laver plus blanc que blanc, ou vraiment nettoyer.
Festival des Templiers 2025 : le programme, les favoris et la diffusion
La 31ᵉ édition du Festival des Templiers se déroule du 16 au 19 octobre 2025 à Millau, dans l’Aveyron.
Au total, 13 000 coureurs sont attendus sur 16 courses, allant de 7 à 99 km, au cœur du Parc naturel régional des Grands Causses.
Le Grand Trail des Templiers (80,4 km, 3 429 m D+) partira dimanche 19 octobre à 5 h 15 (heure locale), soit 3 h 15 à Paris en raison du décalage horaire de deux heures.
L’épreuve sera diffusée en direct sur la page Facebook de Stadion et sur les canaux officiels du festival.
Côté favoris, le Suisse Roberto Delorenzi fait figure d’ultra favori. Champion du monde de skymarathon 2022, champion d’Europe de course en montagne 2024 et vainqueur de la Skyrunner World Series 2024, il incarne la régularité au plus haut niveau. L’Espagnol Andreu Simon Aymerich, troisième sur cette distance en 2024, revient avec l’ambition de grimper sur la plus haute marche du podium. Son compatriote Antonio Martinez Pérez, déjà deuxième en 2022 et 2023 et troisième en 2024 sur l’OCC, pourrait lui aussi bouleverser la hiérarchie.
Chez les Français, Hugo Deck, vainqueur de la Maxi-Race d’Annecy, et Thibaut Garrivier, cinquième de l’UTMB 2025, complètent un plateau masculin particulièrement relevé.
Chez les femmes, la bataille promet d’être tout aussi intense. La Sud-Africaine Toni McCann, victorieuse du 50 km du Lavaredo fin juin, portera le dossard de favorite. Elle affrontera la Néo-Zélandaise Caitlin Fielder, tenante du titre, la Norvégienne Ida Amelie Robsahm (5e de l’UTMB 2025), l’Américaine Daniella Moreno, l’Italienne Camilla Magliano et l’Espagnole Azara Garcia, victorieuse du Grand Trail des Templiers 2018.
Les Françaises Adeline Martin, Marie Goncalves, Audrey Tanguy, Marine Quintard et Mathilde Sagnes viendront défendre les couleurs tricolores face à cette densité impressionnante.
Au-delà de la compétition, les Templiers restent un événement fédérateur : 1 200 bénévoles, 40 000 spectateurs attendus, un salon dédié au trail, des conférences et des animations tout le week-end.
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Il s’inscrit dans le traitement journalistique des questions de dopage, de transparence et de gouvernance dans le trail, sans intention de dénigrement ni remise en cause de l’intégrité des personnes citées.
L’analyse repose sur des sources publiques et vérifiables, notamment :
Ouest-France (« Ça a été un choc énorme : le trail des Templiers touché par le dopage aux anti-inflammatoires », 18 décembre 2024, Antoine Hernandes) ;
Trails Endurance (« Des tests positifs aux anti-inflammatoires sur les Templiers », 2024) ;
Distances+ (« Trail running et dopage : Athletes for Transparency met le doigt sur les AINS », 2024) ;
et L’Équipe (« Au trail des Templiers, un partenariat avec l’AFLD pour sensibiliser au dopage », 17 septembre 2025, Alexis Danjon).
uTrail s’exprime de bonne foi et dans un cadre d’information journalistique légitime.
