Salomon embarrassée : un de ses athlètes a couru en semelle Vibram (au lieu des Contagrip de la marque) : la polémique enfle
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Fin septembre 2025, la marque Salomon a confirmé ce que les observateurs les plus attentifs avaient déjà repéré sur Instagram : un de ses coureurs élite a couru avec une chaussure de la marque… mais dotée d’une semelle Vibram Megagrip. Une modification artisanale, réalisée à l’insu du grand public, mais révélée par une photo de pied prise après la course. À l’heure où les performances se jouent au grip près, ce choix assumé fait désordre. Et il relance un vieux débat dans le monde du trail running : les semelles Vibram sont-elles objectivement supérieures aux semelles Contagrip maison ? Que vaut le marketing d’une marque quand ses propres athlètes n’y croient plus ?
Le fait : une chaussure Salomon modifiée avec une semelle Vibram
C’est dans un post Instagram anodin que la trace de la modification est apparue. La photo montrait les pieds de l’athlète après une course, abîmés, écorchés — un classique — mais avec, au passage, une semelle extérieure reconnaissable entre mille : celle du Vibram Megagrip, dans sa version Litebase.
Très vite, certains internautes ont zoomé, comparé, recoupé, et identifié une anomalie. La tige était bien celle d’un modèle Salomon, mais la semelle ne correspondait à aucun produit officiel de la marque.
Interpellée, Salomon a fini par confirmer les faits
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“un de nos athlètes a souhaité adapter ses chaussures pour répondre à des conditions spécifiques de terrain. Cette initiative personnelle ne reflète pas notre position officielle, mais nous la comprenons.”
Autrement dit : oui, la chaussure était modifiée. Oui, l’athlète a préféré le grip Vibram. Et non, ce n’est pas validé par la marque, mais c’est toléré. Un aveu qui n’est pas passé inaperçu.
Pourquoi ça choque autant ?
Salomon, c’est la marque française qui a bâti sa réputation sur l’innovation technique, la maîtrise de l’adhérence en montagne, et une identité très forte autour du Contagrip, son caoutchouc maison. En voir un ambassadeur troquer discrètement cette semelle pour celle d’un concurrent, c’est comme si un athlète Asics courait en plaque carbone Nike repeinte : ça soulève des questions.
Le problème n’est pas seulement technique, il est symbolique. En trail running, l’équipement est vécu comme un prolongement du corps. Si un coureur élite ressent le besoin de modifier son matériel pour performer, c’est qu’il ne lui fait pas totalement confiance. Et si cette modification concerne la semelle — l’interface directe entre le corps et le terrain — c’est que la question de l’adhérence devient centrale.
Le contexte : Vibram ultra-dominant à l’UTMB 2025
Pour bien comprendre la portée de cette affaire, il faut regarder du côté de Chamonix. À l’UTMB 2025, la majorité des podiums — toutes courses confondues — portaient des chaussures dotées de semelles Vibram Megagrip. De Hoka à NNormal en passant par Scarpa ou The North Face, le Megagrip a été omniprésent. Y compris chez les coureurs amateurs, où son statut de référence ne fait plus débat.
Sur rocher mouillé, sentier gras, dalle inclinée ou bois verglacé, de nombreux retours utilisateurs évoquent une différence tangible. Reddit, Discord, Strava, les forums regorgent de témoignages : “je glissais moins en Vibram”, “je n’ai pas confiance en Contagrip sur terrain technique”, “ça change tout en descente”.
Ce ne sont pas des études scientifiques, mais des ressentis répétés, constants, et aujourd’hui publics.
Un désaveu pour Salomon ?
Chez Salomon, on botte en touche. Dans un communiqué, la marque rappelle que le Contagrip est “développé en interne depuis plus de vingt ans pour s’adapter à une grande variété de terrains” et que “nos athlètes ont le droit d’adapter leur équipement dans le respect du règlement des courses”.
Mais ce discours peine à convaincre. Car s’il s’agissait d’un simple ajustement, pourquoi ne pas le faire ouvertement ? Pourquoi cette modification est-elle restée discrète jusqu’à ce qu’une photo en gros plan la révèle ?
Derrière la communication mesurée, il y a un malaise. Le coureur en question n’a pas été nommé, ni sanctionné. Il continue de représenter la marque. Mais en coulisse, l’affaire a laissé des traces.
Salomon n’a pas révélé le nom de l’athlète concerné. Mais la marque a confirmé qu’il avait bien couru avec une chaussure modifiée, dotée d’une semelle Vibram Megagrip.
Pendant l’UTMB 2025, un atelier mobile Vibram était installé à Chamonix pour proposer ce type de resemelage. Des chaussures de toutes marques — y compris Salomon — y ont été modifiées, ce qui rend cette pratique aussi réelle que dérangeante pour la marque.
La communauté s’enflamme : Contagrip vs Vibram, le match
Sur les réseaux sociaux, c’est l’explosion. Sur Reddit, plusieurs threads viraux comparent les deux semelles, photo à l’appui. Des testeurs indépendants publient même des vidéos sur YouTube pour “faire glisser” les deux caoutchoucs sur des dalles mouillées. Sur Instagram, certains comptes influents en trail n’hésitent plus à recommander directement des chaussures Vibram, quitte à “taguer” Salomon pour provoquer une réaction.
Le ton est donné : ce n’est plus seulement une question de préférence personnelle, c’est devenu une opposition idéologique.
Le dilemme du sponsoring : liberté ou loyauté ?
Ce cas soulève une question plus large : jusqu’où un athlète sponsorisé peut-il adapter son matériel ? Est-ce de la triche vis-à-vis de son sponsor ? Ou est-ce un choix légitime pour performer dans des conditions extrêmes ?
Dans l’univers du trail, la liberté de choix matériel est souvent valorisée. Certains sponsors laissent même leurs athlètes courir avec des produits concurrents “sans logo visible”, tant que la performance est au rendez-vous. Mais dans le cas présent, l’adhérence étant une signature technique de Salomon, le geste est perçu comme un désaveu, voire une trahison.
Et pour Vibram, c’est un coup de pub gratuit. La marque italienne ne s’est pas exprimée officiellement, mais en interne, selon plusieurs sources proches du dossier, on jubile.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Salomon va-t-elle revoir son Contagrip ? Accepter les retours du terrain ? Lancer une collaboration avec Vibram, comme certaines rumeurs le laissent entendre ? Rien n’est confirmé.
Mais ce qui est sûr, c’est que l’affaire ne passera pas inaperçue dans les semaines à venir. Elle a réveillé un débat technique, émotionnel, symbolique — à un moment où les marques cherchent à verrouiller leur image, leurs athlètes et leurs storytelling.
C’est peut-être un détail pour certains. Mais pour une marque, être désavouée… par ses propres chaussures, c’est tout sauf anodin.
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Note de la rédaction. Cet article revient sur une nouvelle polémique touchant la marque Salomon, quelques semaines après le contrôle antidopage positif de l’athlète Joyline Chepngeno, sponsorisée par la marque, pour lequel Salomon s’était exprimée publiquement sans détour. Dans le cas présent, il ne s’agit ni d’un scandale médical ni d’un dénigrement commercial, mais d’un fait technique : un athlète élite a utilisé une semelle d’un concurrent (Vibram) sur une chaussure Salomon modifiée. La marque l’a reconnu, et cette reconnaissance soulève des questions légitimes sur la performance du matériel dans des conditions extrêmes.
L’analyse qui suit s’appuie uniquement sur des faits observables, des publications publiques (Instagram, Reddit, iRunFar), et des données techniques disponibles. Elle n’a pas vocation à nuire à Salomon, Vibram ou à tout autre acteur, mais à nourrir une réflexion sur le lien entre sponsoring, performance et confiance en l’équipement.