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Dimanche 5 octobre, dans le Morbihan, un garçon de 6 ans a été grièvement blessé alors qu’il assistait à un trail auquel participait son père.
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L’accident, survenu à Quéven près de Lorient, bouleverse la communauté locale… et interroge toute la sphère du trail français : la circulation doit-elle être systématiquement fermée lors de ces événements, même lorsqu’ils empruntent des portions de route secondaires ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, tous les trails n’évoluent pas exclusivement en montagne ou dans des sentiers forestiers. De nombreuses épreuves passent par des zones urbanisées, des routes de campagne, parfois même des rues de village. Et quand la circulation reste ouverte, le risque d’accident est réel. Le drame de Quéven l’illustre avec violence.
Une zone ouverte à la circulation : « aucune raison de la fermer », selon le maire
À Quéven, l’émotion est immense. Le Kewenn Trail, épreuve locale bien installée, s’est brutalement interrompu. L’enfant se trouvait sur une portion routière non fermée à la circulation. Le maire, Marc Boutruche, a expliqué que « la sécurité et le balisage étaient parfaits » et que « la route n’était pas fermée car il n’y avait pas de raison de le faire ». L’organisation estime avoir respecté toutes les règles. Et pourtant, un enfant a failli y perdre la vie.
Le président du club organisateur a confié à la presse locale que « tout le monde est sous le choc ». L’enquête a été confiée à la gendarmerie de Pont-Scorff pour faire la lumière sur les responsabilités éventuelles. Mais au-delà du cadre judiciaire, le monde du trail s’interroge déjà sur les conséquences de ce drame.
La frontière floue entre zones de course et zones de circulation
La plupart des trails se déroulent en milieu naturel, sur sentiers forestiers ou en montagne, à l’écart des flux automobiles. Mais dans les zones rurales ou périurbaines, le départ et l’arrivée se font souvent en ville. Des portions de route peuvent être empruntées pour relier deux sentiers. C’est là que réside le flou : la course est-elle prioritaire sur les véhicules ? Le public est-il autorisé à traverser ? Qui doit surveiller les abords ?
À Quéven, l’enfant ne se trouvait pas « sur » le parcours, mais aux abords. Il a voulu traverser la chaussée pour rejoindre son père, comme le ferait n’importe quel enfant venu applaudir son héros. Mais la route était ouverte, et un poids lourd est passé au mauvais moment. Rien ne dit que la faute revient à l’organisateur, au chauffeur ou à une absence de vigilance. Mais une chose est sûre : ce genre de scénario est possible tant que la route reste ouverte.
Fermer les routes ? Une réponse coûteuse… mais peut-on l’éviter ?
Fermer une route a un coût : autorisations préfectorales, barriérage, agents de sécurité, déviations… Pour les petites organisations, cela peut être un frein économique, voire un casse-tête logistique. Mais peut-on encore justifier de laisser la circulation ouverte si des enfants, des familles, des coureurs eux-mêmes évoluent à proximité ?
Dans le monde du trail, la question est sensible. Certains diront que c’est aux parents de surveiller, aux enfants de ne pas courir, aux camions de rouler prudemment. Mais une manifestation sportive change la donne. Elle attire du public, crée une effervescence, modifie les comportements. Ce n’est pas une journée comme les autres. Et si le moindre mètre de bitume peut devenir le théâtre d’un drame, alors peut-être faut-il, en effet, revoir les règles.
Et maintenant ?
L’enfant est toujours hospitalisé dans un état grave. L’organisation du Kewenn Trail, très affectée, a suspendu l’événement. Une cellule psychologique a été mise en place. En parallèle, le débat enfle : faut-il obliger toutes les courses à fermer à la circulation les routes proches du parcours ? Une telle obligation aurait sans doute évité ce drame. Mais elle mettrait aussi en difficulté de nombreuses petites courses.
Ce triste accident pourrait marquer un tournant. À l’heure où le trail attire de plus en plus de monde, où des familles entières viennent assister aux courses, il devient urgent d’adapter les règles aux réalités d’aujourd’hui. Pour que la fête du trail ne vire plus jamais au cauchemar.
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