Pendant des décennies, les coureurs venus du Kenya, d’Éthiopie ou d’Ouganda ont écrasé les courses de fond.
Marathons, 10 000 mètres, 5 000 mètres ou steeple : leurs victoires semblaient écrites d’avance.
Or, depuis quelques saisons, le scénario change. Des Européens, des Américains, et même des Néo-Zélandais commencent à monter sur les podiums. Aux derniers championnats du monde, un Français est devenu champion du monde du 10 000 mètres, un Suédois a pris le bronze et un Néo-Zélandais a remporté le 3 000 mètres steeple, une première historique. Coïncidence ? Pas vraiment : cette bascule intervient alors que les contrôles antidopage se renforcent et que de nombreux coureurs africains sont suspendus.
Les chiffres qui dérangent : depuis le 1er janvier, 19 athlètes kényans ont été sanctionnés pour dopage par le tribunal de l’Unité pour l’intégrité de l’athlétisme.
Trois Éthiopiens et un Ougandais ont subi le même sort, sans compter ceux qui sont encore suspendus provisoirement en attendant leur jugement. Ces suspensions frappent des noms connus, y compris la détentrice du record du monde du marathon, Ruth Chepngetich. Dans le même temps, les podiums se diversifient. Les Européens comme Jimmy Gressier, Jakob Ingebrigtsen ou Andreas Almgren ne se contentent plus de courir derrière : ils gagnent.
Vers une course plus équitable ?
Les observateurs soulignent que les athlètes occidentaux se sont professionnalisés, avec un entraînement de plus en plus scientifique : double seuil, camps d’altitude, préparation en chambres thermiques. Mais l’élément le plus marquant reste sans doute que les « extraterrestres » semblent moins nombreux devant. Le peloton mondial se décomplexe, prend confiance, ose attaquer. Les victoires européennes ne sont plus vécues comme des miracles mais comme l’aboutissement logique d’un travail bien préparé.
Prudence avant d’enterrer la domination africaine
Pour autant, affirmer que les Africains ne gagneront plus serait aller trop vite. Leur réservoir de talents reste immense, et leur culture de la course de fond demeure unique. Mais la tendance est là : quand les contrôles se multiplient et que les suspensions tombent, la hiérarchie se rééquilibre. Rendez-vous aux prochains mondiaux pour voir si ce basculement se confirme.
Cet éditorial s’appuie sur des faits vérifiables : le renforcement des contrôles antidopage a entraîné un nombre important de suspensions chez les athlètes kényans et éthiopiens, et la hiérarchie mondiale des courses de fond s’en trouve bousculée. L’objectif n’est pas de stigmatiser un continent ni de nourrir des discours racistes. Le dopage est un enjeu global qui concerne toutes les nations et toutes les disciplines. Ce titre résume un constat sportif : la suprématie historique des coureurs africains n’est plus totale, et les podiums se diversifient. Il s’agit d’analyser cette évolution et de questionner l’impact de la lutte antidopage sur l’équilibre du fond mondial.
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