Mathieu Blanchard s’apprête à plonger dans l’univers le plus brutal du trail américain.
Samedi prochain, il prendra le départ de la Barkley Fall Classic, une course de 50 kilomètres sans GPS, sans pitié et sans concession. Son objectif ? Gagner. Car seule une victoire lui ouvrirait les portes des mythiques Barkley Marathons 2026, là où le pourcentage d’abandons frôle les 100 %. Ce n’est pas un défi, c’est un rite de passage. Et Blanchard veut le franchir.
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Une course pas comme les autres : la Barkley Fall Classic
Dans les bois épais du Tennessee, le Frozen Head State Park devient chaque année le théâtre d’un rendez-vous à part. La Barkley Fall Classic, surnommée « la petite sœur » des Barkley Marathons, est tout sauf une formalité. Longue de 50 kilomètres, elle affiche pourtant un profil monstrueux : plus de 3 500 mètres de dénivelé positif, une navigation sans GPS, et un balisage quasiment inexistant.
Ici, pas de Strava, pas de segments, pas de chrono officiel transmis en live. Chaque coureur évolue à l’instinct, boussole en main, dans un labyrinthe végétal où les noms des portions – Rat Jaw, Testicle Spectacle – en disent long sur le niveau de difficulté.
L’organisation ne révèle le tracé que la veille. Et c’est Lazarus Lake en personne, fondateur de cette folie, qui allume son mégot pour signaler le départ. À 7 h précises.
Mathieu Blanchard : cap sur l’ultra de l’extrême
Après avoir brillé sur des épreuves comme l’UTMB, la Diagonale des Fous, ou encore la Hardrock 100, Mathieu Blanchard prend un virage plus radical dans sa carrière. Le Québécois d’adoption cherche désormais autre chose que la course aux podiums : il veut vivre l’aventure brute.
Sa participation à la Yukon Arctic Ultra en pleine tempête polaire a montré sa capacité à repousser les limites mentales. Cette fois, ce n’est pas le froid qui le guettera, mais la perte de repères, l’absence de technologie, et un terrain qui ne pardonne rien.
La stratégie du mental avant les jambes
Pour espérer s’imposer sur la Barkley Fall Classic, il ne suffit pas d’avoir une bonne VMA ou un palmarès chargé. Il faut surtout savoir souffrir, avancer sans voir le bout, et accepter que l’on n’a aucun contrôle. C’est tout ce que Blanchard semble rechercher aujourd’hui : se désintoxiquer du trail ultra-médiatisé, et retrouver un lien plus brut avec l’effort.
À mi-course, le fameux « Decision Point » impose un choix : continuer pour tenter les 50 kilomètres, ou s’arrêter là, après 42 km. Ceux qui abandonnent ne seront jamais considérés comme finishers. Et ceux qui échouent au-delà… n’auront rien non plus. C’est tout ou rien.
Un peloton québécois solide derrière Blanchard
Sur la ligne de départ, Blanchard ne sera pas seul. Plusieurs coureurs québécois ont aussi fait le voyage. Parmi eux : Cédric Chavanne, France Jolicoeur-Bécotte, Gabriel Gariépy et Sylvain Gauthier. Cette présence francophone de plus en plus forte dans le Tennessee témoigne d’un engouement grandissant pour ce format underground et brutal.
Ensemble, ils portent une vision différente du trail, loin des paillettes et des dossards en édition limitée. Ici, seule la ligne d’arrivée compte. Et encore faut-il la trouver.
Une victoire synonyme de ticket pour la légende
Seuls les vainqueurs – un homme et une femme – seront invités à participer à la Barkley Marathons en mars 2026. Une épreuve aussi mythique qu’insensée, où le taux de finisher avoisine 0 % certaines années. 160 kilomètres à boucler sans assistance, en moins de 60 heures. Une légende à part entière dans l’univers du trail.
Pour Blanchard, cette tentative représente une bascule. Un passage d’un trail structuré à un univers de marges, de solitude, et de violence volontaire. S’il décroche sa place, ce serait peut-être le début d’un nouveau chapitre. Plus intérieur. Plus engagé. Plus radical.
Résumé
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Date de la course : samedi 20 septembre 2025
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Distance : 50 km
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Dénivelé positif : +3 500 m
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Navigation : boussole uniquement, GPS interdit
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Temps limite : 13 heures pour finir
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Sélection : seuls 2 dossards Barkley Marathons attribués (1 homme, 1 femme)
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Départ : prison désaffectée de Brushy Mountain
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Suivi live : aucun
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Ambiance : 100 % old school, 100 % extrême
Cet article relève de l’intérêt général en matière de pratique sportive et d’actualité du trail. Il repose sur des faits vérifiables et une analyse libre, sans intention malveillante. Conformément à la liberté d’expression, il s’inscrit dans un cadre éditorial critique et indépendant.