Arrêtez de mentir et de dire que cet UTMB c'était l'enfer

« On revient de l’enfer » : les coureurs amateurs de l’UTMB racontent une nuit dantesque (article Le Monde du 30 août).

Les chiffres contredisent les titres de la presse non spécialisée

Les abandons sont nombreux, les visages marqués, certains élites ont renoncé… et pourtant, l’UTMB 2025 n’entre pas dans le top des éditions les plus sévères. À rebours des discours alarmistes, les chiffres racontent une autre histoire.

Le bilan de l’UTMB 2025, un taux d’abandon parfaitement dans la moyenne

Oui, l’UTMB 2025 s’est soldé par 829 abandons sur 2 492 partants, soit 33,3 %. C’est beaucoup, mais pas exceptionnel. Pour mémoire :

En 2019, le taux d’abandon était de 38,8 % ;
En 2024, on était à 36,2 % ;
En 2017, sans polémique ni météo extrême, 33,5 % des coureurs ont abandonné.

Autrement dit, l’édition 2025 se situe en-dessous de la moyenne des années récentes, et bien loin d’un record. Si l’on devait comparer cela à un 100 miles américain, on parlerait d’une course exigeante, mais pas d’une boucherie.

Le storytelling de la souffrance fait vendre

On a tous vu ces photos : des coureurs en hypoglycémie, des têtes inclinées sous la pluie, des élites marchant tête basse avant de rendre leur dossard. Oui, ce sont des images fortes, mais elles ne disent pas tout.

Les médias généralistes ont vite embrayé sur l’idée d’une édition “épique”, “dantesque”, “infernale”. Des mots qui claquent, mais qui oublient que ce genre de scène est le quotidien de l’UTMB depuis vingt ans. Chaque édition charrie son lot de galères, et c’est ce qui fait le sel de la course. Mais la majorité des coureurs sont arrivés à Chamonix. Et souvent, sans drame.

Un parcours plus rapide que d’habitude

Il ne faut pas oublier que le parcours 2025 a été légèrement modifié, raccourci d’environ 4 kilomètres, avec des portions exposées supprimées à cause des conditions météo. Résultat : plusieurs finishers affichent des temps très compétitifs, parfois proches de leur record personnel sur le parcours.

Loin d’être une édition “plus dure que jamais”, on est probablement sur l’un des parcours les plus rapides de la décennie, ce qui remet les performances et les abandons en perspective.

La météo ? Pas pire que d’autres années

On a évoqué la pluie, le froid, le vent de face… Là encore, rien d’inédit à Chamonix fin août. L’édition 2021 avait connu des averses continues. Celle de 2022 s’était déroulée avec un vent violent sur les crêtes. En 2023, c’est la chaleur qui avait provoqué de nombreux coups de mou. En clair : l’UTMB n’a jamais été une promenade estivale.

L’exigence de l’UTMB, pas la cruauté

Ce qui est vrai : l’UTMB reste une course qui ne pardonne pas. Et c’est encore plus vrai pour les élites qui visent le podium. Une stratégie trop ambitieuse, un arrêt prolongé au ravito, une mauvaise gestion du sommeil… et la sanction tombe.

Mais ce n’est pas nouveau. L’édition 2025 n’a rien eu d’exceptionnellement cruelle. Elle a été fidèle à l’ADN de l’épreuve : difficile, incertaine, et profondément humaine.

Ce n’est pas parce que François D’Haene abandonne, que John Albon se blesse ou que certains médias s’emballent qu’il faut parler d’apocalypse. L’UTMB 2025 a été une édition exigeante, mais globalement maîtrisée par les finishers. Pas besoin d’en faire une tragédie montagnarde.

Ceux qui rêvent d’UTMB doivent s’attendre à souffrir. Mais cette année, ce n’était pas l’édition de tous les dangers.