Ils n’étaient pas des traileurs : qui étaient Valentine et Hugo, morts dans l’éboulement près de Chamonix ?
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Mercredi 20 août, à neuf jours du départ de l’UTMB, un drame a secoué la vallée de Chamonix.
Un bloc de roche s’est détaché de la paroi au niveau des Égratz, sur la RN205, et a percuté de plein fouet une voiture en circulation. Deux jeunes adultes, Hugo et Valentine, âgés de 23 ans, ont été tués. Contrairement à ce que certains ont cru sur les réseaux sociaux, ils n’étaient ni traileurs, ni randonneurs, ni bénévoles de l’événement. Ils rentraient simplement d’une journée au parc animalier de Merlet avec leur famille.
Ce drame humain n’a rien à voir avec l’Ultra-Trail du Mont-Blanc.
Mais il se déroule dans le même décor. Sur la même route que celle empruntée par des milliers de coureurs et d’accompagnants en fin août. Et il rappelle une vérité trop souvent oubliée : en montagne, le danger ne se cantonne pas aux crêtes. Il peut frapper en fond de vallée, sur une route goudronnée, dans une voiture de vacanciers.
Valentine et Hugo étaient originaires d’Oisemont, un village de la Somme.
Hugo était sapeur-pompier volontaire et étudiant dans l’immobilier. Valentine, passionnée d’équitation, rêvait de devenir ostéopathe équin. Tous deux étaient très investis dans la vie locale. Leur disparition a bouleversé leur village. Deux hommages ont déjà été organisés, à la caserne puis à la mairie. Un troisième moment de recueillement pourrait avoir lieu ce week-end, avec la possibilité pour chacun de déposer un mot.
Le conducteur du véhicule, le père d’Hugo, a été gravement blessé. Il est toujours hospitalisé, placé en coma artificiel. La mère d’Hugo, assise à l’avant, s’en sort avec des blessures plus légères, mais le choc psychologique est immense. Les parents tiennent un petit commerce très connu dans la commune. Toute une région est aujourd’hui endeuillée.
Ce n’est pas la première fois qu’un éboulement touche la RN205, cette route stratégique qui relie Chamonix à l’A40 et au tunnel du Mont-Blanc. Mais c’est l’un des plus meurtriers de ces dernières années. Et il surgit à un moment critique, alors que les regards sont braqués sur la vallée pour le plus grand événement de trail au monde.
Depuis plusieurs semaines, les signes d’instabilité se multiplient dans le massif.
Éboulements sur le sentier entre Chamonix et Les Houches, chute de blocs dans les Aiguilles de Chamonix, fonte accélérée du glacier des Bossons… La montagne vit, bouge, se transforme. Et parfois, elle frappe.
Le lien entre ce drame et l’UTMB n’est pas direct. Mais il est symbolique.
Car l’événement repose sur une logistique complexe, sur un territoire fragile, où des coureurs, des bénévoles, des spectateurs, des familles entières circuleront bientôt en masse. L’organisation a déjà adapté le parcours à cause d’un précédent éboulement. Des variantes de repli existent, des plans de sécurité sont en place, un PC course veille. Mais aucune protection ne peut tout prévoir.
Ce que nous rappelle l’histoire de Valentine et Hugo, c’est que le danger ne choisit pas ses victimes. Et que la montagne, même en apparence paisible, reste imprévisible. Pour les trailers comme pour les vacanciers, c’est une réalité à prendre en compte avec respect, prudence et humilité.
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Cet article repose sur des faits vérifiables à la date de publication. Il ne vise ni à exploiter le drame, ni à alimenter une polémique. Les personnes citées le sont avec respect, dans une volonté de rappeler la réalité du terrain en montagne. L’auteur décline toute intention de nuire aux organisateurs de l’UTMB ou aux acteurs locaux, et s’inscrit dans une démarche d’information, dans le respect du droit à la liberté de la presse.