On pense souvent que les abandons sur l’UTMB se produisent dans la seconde nuit, aux abords de Champex ou sur les crêtes avant Vallorcine. En réalité, la barrière horaire la plus impitoyable sur l’UTMB se dresse bien plus tôt : à Courmayeur. Ce poste situé à mi-parcours est devenu au fil des années le cimetière des espoirs pour une part non négligeable des participants.
Une barrière horaire à l’UTMB située au mauvais moment pour les corps fatigués
Courmayeur, c’est le premier grand point de bascule de l’UTMB. Tu as déjà couru environ 80 kilomètres, tu cumules plus de 5 000 mètres de dénivelé positif, tu as passé une nuit dehors, souvent dans le froid et parfois sous la pluie. Et tu n’es qu’à la moitié. C’est ici que l’organisme lâche prise pour beaucoup.
Ajoute à cela un détail important : la barrière horaire est fixée à 21h après le départ de 18h la veille. Ce qui signifie que pour être autorisé à continuer, tu dois passer et repartir de Courmayeur avant ce délai. Beaucoup y arrivent… mais trop tard, ou dans un état physique qui les empêche de repartir.
Le piège du ravitaillement long
Courmayeur est un ravitaillement stratégique : on y retrouve son drop bag, on peut y changer de tenue, manger chaud, se reposer. L’ambiance y est presque confortable. Trop confortable.
C’est justement là que réside le piège. Certains y arrivent avec à peine 30 minutes d’avance, prennent le temps de souffler, de changer leurs vêtements mouillés… et réalisent soudain qu’il est trop tard. Ou alors, ils repartent à l’arrache, rincés physiquement, pour s’effondrer avant Champex.
Le temps passé à Courmayeur est l’un des facteurs majeurs d’échec sur l’UTMB. C’est une barrière qui ne pardonne pas les erreurs de gestion.
Une allure à double tranchant
Pour arriver à Courmayeur avec une marge de sécurité, il faut avoir bien géré les 12 premières heures de course. Cela signifie ne pas partir trop lentement sous prétexte d’économiser ses forces, mais aussi ne pas cramer toutes ses cartouches dans les montées vers le col du Bonhomme ou la descente vers les Chapieux.
L’idéal est d’arriver à Courmayeur au moins une heure avant la barrière, ce qui donne un peu de marge pour se ravitailler sans stress. Ceux qui visent une arrivée à la minute près prennent un risque énorme.
Des conséquences directes sur la suite de la course
L’ironie, c’est que si tu passes Courmayeur trop juste, tu t’exposes à d’autres barrières très rapprochées. Champex-Lac, à 124 km, se profile à l’horizon dans la nuit, avec une barrière à 32 heures. Le segment entre Courmayeur et Champex est long, accidenté, et souvent glacial.
Passer Courmayeur avec une avance trop faible, c’est courir la suite de l’UTMB sous pression permanente. L’effort devient alors mental autant que physique, avec une horloge dans la tête à chaque virage.
Une difficulté souvent sous-estimée
Dans l’imaginaire collectif, l’UTMB devient difficile à partir de Trient, dans la dernière portion, quand la fatigue devient extrême. Pourtant, les chiffres montrent que de nombreux coureurs sont stoppés dès Courmayeur. C’est ici que s’opère la première grande sélection, entre ceux qui ont su gérer et ceux qui ont trop présumé de leurs forces.
Préparer Courmayeur comme une arrivée intermédiaire
En 2025, si tu veux réussir ton UTMB, il te faut considérer Courmayeur comme un premier objectif de course à part entière. Ce n’est pas une étape comme les autres. Tu dois y arriver lucide, encore capable de réfléchir, et prêt à repartir sans traîner.
Voici quelques conseils simples mais vitaux :
-
Simule l’arrivée à Courmayeur dans tes longues sorties en conditions réelles.
-
Chronomètre tes pauses pour ne pas y perdre ton avance.
-
Planifie à l’avance ce que tu fais avec ton drop bag : pas d’hésitation.
-
Anticipe ton alimentation pour ne pas avoir à improviser sur place.
Lire aussi
- Polémique : la barrière horaire du marathon de Paris est trop large !
- Les organisateurs de l’EcoTrail de Paris prouvent que les parisiens sont des fragiles !
- La barrière horaire sur le semi de Paris est de 3h
- PTL, TDS, CCC, OCC, MCC, ECT, YCC : toutes les courses de l’UTMB
- CCC : pourquoi le chinois Min QI ne tiendra pas!